Le jour le plus long
 
Vers 22 h 30, le RCS saura enfin s'il remonte en Ligue 1 un an après sa relégation. Pour atteindre son objectif, il va devoir résister, dans une Mosson en ébullition, à  un Montpellier HSC qui rêve d'effacer cinq ans de purgatoire par une accession. Un nul lui suffit.
 Hier après-midi, à  l'issue de l'entraînement, véritable veillée d'armes avant le duel à  la loyale que se livreront Montpellier et Strasbourg ce soir (20 h 45) dans une Mosson en fusion, Jean-Marc Furlan a lancé à  ses joueurs, à  la cantonade : « Qui a peur d'aller à  Montpellier ? » Guillaume Lacour et ses coéquipiers n'ont pas bronché. Seul le bravache Renaud Cohade a rétorqué : « Moi, coach, je ne veux pas. » Evidemment, le Nîmois de l'effectif, régional de l'étape en soirée, n'est pas le dernier à  attendre ce 38 e et dernier match 2009-2010. Plus avec gourmandise et appétit qu'avec l'estomac noué par l'angoisse. Montpellier, relégué en 2004, Strasbourg, descendu en 2008, et Boulogne, jamais monté en L 1, sont pourtant encore trois pour deux billets en L 1, Lens étant déjà  assuré de l'accession (1). On connaît les données. Montpellier montera s'il bat Strasbourg ou fait match nul pendant que Boulogne ne bat pas Amiens. L'US Boulogne CO accédera à  l'élite si elle s'impose face aux Picards. Mais un nul peut lui suffire si le Racing gagne à  la Mosson. Enfin, Strasbourg n'a besoin que d'un nul pour valider sa montée. Même battu, il retrouvera la L 1 si les Boulonnais ne matent pas les Amiénois. Le décor est planté. Les acteurs se préparent à  entrer en scène. Hier à  Montpellier, Rolland Courbis, qui a annoncé son départ - montée ou pas -, assurait « n'être pas du tout perturbé par le stress. » Au même moment ou presque, son homologue Jean-Marc Furlan reconnaissait être « un peu nerveux. » Plus que d'ordinaire avant un déplacement. « Je suis généralement beaucoup plus stressé avant un match à  la Meinau, parce que mon ambition est toujours de satisfaire notre public. Mais là , j'avoue que je le suis aussi, parce que c'est notre dernier match et que nous sommes dans l'obligation de réussir une performance. »
« Echouer d'un point, serait-ce un échec ? »
Vers 22 h 30, Furlan sera, aux yeux de l'Alsace du foot, le héros de la remontée immédiate ou le zéro d'un 2 e échec consécutif à  Strasbourg, après la relégation de l'an passé. C'est la dure loi du genre. Le coach en accepte l'augure : « C'est le propre de notre métier. Mais échouer d'un point, serait-ce un échec ? On nous juge, nous les entraîneurs, pour un point, un demi-point ou un but. C'est dommageable. Suis-je compétent ou non ? On le saura quand je prendrai ma retraite. J'aime beaucoup Laurent Blanc. Ce qu'il a fait en deux ans est formidable. Mais on en reparlera dans quinze ans, dans d'autres contextes. » Sur 90 minutes d'une saison qui en compte 3620, le Racing joue son avenir. Son entraîneur aussi. Au matin de ce jour le plus long de l'année pour le club phare du football alsacien, on ne reviendra pas ici sur les conditions, déjà  largement détaillées, de son maintien ou de son départ à  un an de la fin de son contrat. Il sera temps d'en reparler après 22 h 30. Une fois le verdict connu. Avec un peu plus de légèreté si le Racing n'a pas raté le coche. Sinon, il risque de ne pas rater le coach.
Suspense d'un bout à  l'autre
 
Cette saison, l'incertitude a été le maître mot en L 2. Ce soir, elle prévaudra encore du Nord au Sud de la France. A 1000 kilomètres de la Mosson, Boulonnais et Amiénois joueront leur avenir.
 Ce soir, le Racing sera supporter d'Amiens. Si les Picards, à  qui un nul suffit pour sauver leur peau (1), empêchent Boulogne de s'imposer au stade de la Libération, les Bleus de Jean-Marc Furlan retrouveront la L 1 un an après l'avoir quittée. L'entraîneur aura ainsi rempli la mission qu'il s'était assignée l'été dernier. Mais rien n'est encore fait. Ou plutôt, le plus dur reste à  faire. Car depuis l'ouverture le 1 er août, jamais une tendance ne s'est vraiment dégagée. Sauf début avril, avant la 31 e journée, quand les trois relégués de l'exercice 2008-2009, Metz, Strasbourg et Lens, se sont retrouvés sur la même ligne, avec 55 points. 5 de plus que le 4 e et premier poursuivant, Montpellier. Beaucoup d'observateurs avaient alors jugé que la cause était entendue. À tort. Et la tendance a fait long feu. Depuis, Metz a disparu du panorama, plombé par un fatal enchaînement (5 points en 7 journées). Tout à  l'heure, un autre des trois « punis » de 2007-2008 est susceptible de passer à  la trappe : le Racing, en ballottage défavorable malgré ses deux points d'avance sur le tandem Montpellier - Boulogne. Pendant que Montpelliérains et Strasbourgeois s'entredéchireront à  la Mosson, les Boulonnais s'offriront peut-être un moment historique. Hier, Philippe Montanier et ses joueurs se sont mis au vert à  Montreuil. Pour préparer un match qui, pour un enjeu certes différent, les place dans le même cas de figure que l'an passé quand un but de Damien Perrinelle avait sauvé leur tête en L 2 à  la 94 e du 38 e et dernier match contre Niort (1-0). « Rien n'est acquis », insiste le technicien de l'USBCO, « Si nous serons à  l'écoute de Montpellier - Strasbourg ? Non, pas du tout. Quand nous sommes allés gagner 1-0 à  Lens vendredi, nous ne nous sommes déjà  pas occupés des résultats des autres. »
Giresse : « Nous voulons un point »
Dès mercredi, les Amiénois de Thierry Laurey avaient rejoint leur retraite de Hardelot, sur la Côte d'Opale. Sans leur meilleur attaquant, Roy Contout, enquiquiné depuis un an par une cheville et qui ne devrait pas échapper à  une opération durant la trêve estivale. Champions du nul (16), Thibault Giresse et ses coéquipiers ont peiné cette saison à  domicile (7 nuls et 2 défaites sur leurs 9 dernières sorties à  la Licorne). Mais ils n'ont perdu qu'une fois lors des 8 dernières journées. À Strasbourg le 8 mai, de justesse (2-1). Dans l'intervalle, ils n'ont signé que deux succès, mais les deux hors de leurs bases (1-0 à  Troyes et 2-0 à  Ajaccio). « On a souvent été plus à  l'aise à  l'extérieur », témoigne le fils d'Alain, filleul de Martine Gemmrich, la femme d'Albert, le président de la Ligue d'Alsace. « Nous allons à  Boulogne chercher un nul salvateur. Boulogne joue aussi sa saison sur un match. Il ne nous fera pas de cadeau, mais nous non plus. Tout est possible. Notre rôle d'arbitre ? Honnêtement, nous nous en fichons. Nous voulons juste le point qui nous manque. Que ça arrange certains, ce n'est pas notre problème. » Albert Gemmrich lui téléphonera peut-être dans la journée pour lui rappeler à  quel point, précisément, un nul des Picards tirerait une épine du pied aux Bleus.
(1) Leur goal-average est nettement plus favorable que celui du premier relégable, Nîmes : - 1 contre – 15.
Stéphane Godin