dna a écrit :Francisco Donzelot: « J’ai passé un super moment »

Après avoir tourné la page du football de haut niveau, Francisco Donzelot (34 ans), joueur du Racing de 2010 à 2015, est devenu coach sportif. Titulaire d’une licence au FCOSK 06 en équipe “cinq” (D5), il a été appelé… en équipe “une” le week-end dernier contre Reipertswiller pour dépanner en défense.
Dimanche 31 janvier, Strasbourg, stade de la Rotonde, 14h. Les équipes du FCOSK 06 et de Reipertswiller s’élancent pour le 6e  tour de la Coupe de France dans un duel entre deux équipes de Régional 2.
Très vite, dans l’effectif strasbourgeois, un joueur retient l’attention. Numéro 5 dans le dos, dreadlocks au vent, barbe bien installée, gants en place : Francisco Donzelot, ex-joueur du Racing, est en action au centre de la défense du “06”.
La coiffure est plus généreuse que le crâne rasé des années Racing mais c’est bien “Pacho”, tout de blanc vêtu, qui tient la défense centrale devant le gardien Sohn avec Khaffane, Wendling et Latreche à ses côtés.
« Un de mes meilleurs potes, Sakaria Bouadoud, entraîne l’équipe “cinq” du FCOSK 06, raconte-t-il. Comme j’adore ses entraînements, j’ai remis le pied à l’étrier l’été dernier avec lui. On joue en District 5, on a eu à peine trois matches à cause du Covid. »
Avant le match contre Reipertswiller, Francisco Donzelot est sollicité pour aider l’équipe “une”, affaiblie par l’absence de deux défenseurs (Mouakit et Malih). « J’étais surpris, d’autres le méritaient plus que moi… J’ai rejoint l’entraînement de l’équipe “une”, je me suis dit que j’allais aider avec les restes que j’avais encore ! Je ne savais pas vraiment ce que j’avais encore dans les bottes après des années sans jouer. »
« Je connaissais à peine les noms de mes coéquipiers… »
Si le moindre doute planait au coup d’envoi du match contre les “Forestiers”, il a rapidement disparu. Donzelot a rendu une copie solide et sécurisante, largement au-dessus de la moyenne. « Je connaissais à peine les noms de mes coéquipiers… », sourit-il.
On l’a même vu monter à l’assaut balle au pied. Avait-il carte blanche ? « Non, le coach voulait de la rigueur, répond-il. J’ai fait ces montées par instinct ; je n’allais pas me permettre des choses dont je n’étais plus capable ! »
En toute humilité, en alliant prudence et expérience, “Pacho” a fait ce que le sport collectif exige : se mettre au service de l’équipe. « J’ai vraiment passé un super moment ; les automatismes sont vite revenus et en plus, on gagne 3-0. C’est le genre de match où tu prends du plaisir et où la chance est avec toi. »
Cette rencontre, Francisco Donzelot l’a pourtant abordée sur la pointe des pieds. Parce qu’il a l’esprit club, il a accepté de dépanner l’équipe “une” mais « j’avais peur de la blessure car c’est vraiment quelque chose qui me hante. »
Et de se souvenir de cette dernière année au Racing, en 2014-2015 quand les Bleus jouent en National. « Je me suis fait une rupture du tendon d’Achille et j’ai enchaîné blessure sur blessure. Je ne comprenais plus mon corps. En partant au FC Mulhouse, je voulais me relancer mais j’étais fragilisé, décalé de partout, moins costaud d’un côté ce qui a provoqué de nouvelles blessures dont je n’avais pas l’habitude. »
Il construit une fondation pour les enfants des rues en Colombie
C’est le signal, le moment de tourner la page du haut niveau. Alors, “Pacho” va voyager pendant presque trois ans. Il part à la découverte du monde et de lui-même. Et il construit un projet qui lui tient à cœur, lui le gamin de Bogotá.
« En Colombie, à Palomina, un village situé sur le littoral caribéen, sur un terrain qu’on a acheté, on va construire une fondation pour les enfants de la rue, raconte-t-il. L’eau et l’électricité sont là, on doit encore trouver des investisseurs privés pour terminer le projet. »
“On”, c’est lui, Guy Roland Ndy Assembé, gardien de but et international camerounais ainsi que Lina Gameiro (l’épouse de Kévin, attaquant international de Valence). Ce trio rêve de finaliser cette fondation pour effacer, un peu, les douleurs des gamins.
Depuis bientôt trois ans, Francisco Donzelot est coach sportif et fait souffrir ses élèves dans les parcs, les city-stades ou à domicile. « J’ai énormément de travail, les gens se rendent compte que la santé est primordiale. »
Des douleurs, il en a senti dans ses jambes après ce 3-0 qui a envoyé le “06” au 7e tour. Sera-t-il rappelé pour tenter de battre le FRH ce dimanche ? « Aucune idée ! Même si je suis sur le banc, même si je ne suis pas retenu, je serai là, pour le club qui m’a permis de vivre une belle parenthèse avec la Coupe de France. »
Les voyages de “Pacho”, de Bogotá à Mulhouse
Né à Bogotá, la capitale de la Colombie, Francisco “Pacho” Donzelot a été adopté à l’âge de quatre ans par des parents français. C’est le début d’un parcours de vie dont le ballon rond est le fil rouge.
Le monde du football professionnel, il l’approche de très près au centre de formation du FC Nantes en 2004 qui ne le conserve pas après deux ans.
Il fait des essais en France et à l’étranger mais rien ne se concrétise. Après une année blanche, on le retrouve en 2007 à Fréjus (CFA), au Red Star (CFA) puis au Paris FC (National).
Défenseur latéral, il est près de signer pour l’OFI Crète (Grèce) à l’été 2010 mais rejoint finalement le Racing dont il porte le maillot pendant cinq saisons et participe à la remontée du CFA 2 au National.
Miné par des blessures, il tente de se relancer en signant au FC Mulhouse (CFA) où il ne dispute que sept rencontres, toujours freiné par des pépins physiques qui l’obligent à stopper le haut niveau.