dna a écrit :Prcic, la recrue inattendue?
Après un prêt réussi de janvier à mai 2019, le milieu relayeur Sanjin Prcic, finalement acheté le 2 septembre et sous contrat jusqu’en 2022, a traversé une saison blanche. Au point de pouvoir presque être considéré comme la 3e recrue de l’été, avec Chahiri et Siby.
Il trouve la force d’en plaisanter : « C’est pratiquement la troisième fois que je suis une recrue pour le Racing ». Pourtant, Sanjin Prcic pourrait ne pas avoir le cœur à rire. Immédiatement opérationnel lors de son prêt à Strasbourg par Levante (Liga espagnole) de fin janvier à fin mai 2019 (12 matches de L1, 2 buts, 2 passes décisives et, en bonus, le sacre en Coupe de la Ligue), en remplacement de Jonas Martin, blessé, le milieu international bosnien sait ne l’avoir jamais été depuis son retour à Strasbourg en toute fin de mercato estival 2019.
« Je veux regarder vers l’avant »
Recruté le 2 septembre jusqu’en 2022 pour compenser le transfert de Martin à Rennes, il en a été empêché par les circonstances. Arrivé avec un déficit de préparation – il n’avait pas pris part au moindre entraînement collectif avec le club de Valence –, il s’est retrouvé sur le flanc pour des douleurs dorsales après seulement trois matches. Il l’ignorait alors, mais son unique titularisation à Dijon le 5 octobre allait être sa dernière apparition 2019-2020 en L1 (77 minutes de jeu).
Sa rentrée éclair (22 minutes) le 18 décembre à Nantes en 8es de finale de Coupe de la Ligue a en effet été sans suite. Il est ensuite reparti à l’infirmerie dont il n’est véritablement sorti que mi-février pour trois bouts de matches de National 3 avec la réserve. Le deuxième n’a duré que douze petites minutes, le temps de quitter le gazon pour une béquille à la cuisse anodine en apparence, mais finalement si tenace qu’elle l’a renvoyé aux soins juste avant le confinement.
Revenu en Alsace fin août 2019 avec un statut de cadre hérité de son parcours à Rennes, puis de son prêt réussi du premier semestre 2019, le joueur formé à Sochaux a bien malgré lui reculé dans la hiérarchie des milieux strasbourgeois. Mais le natif de Belfort ne s’en formalise pas.
« Je ne me pose pas la question. De toute façon, je n’aime pas parler de statut. Même à mes débuts à Sochaux où j’étais le plus jeune, on partait tous sur un pied d’égalité. Il faut se battre pour avoir une place. Je suis un joueur de l’effectif comme les autres. J’ai connu une saison compliquée, l’une des plus difficiles depuis que j’ai commencé au haut niveau. Mais ça fait partie du métier. Il faut s’appuyer là-dessus pour revenir plus fort. Pour moi, c’est du passé. Je veux regarder vers l’avant et me concentrer sur la nouvelle saison qui, je l’espère, sera bonne. »
« Je n’ai pas eu le sentiment d’être maudit »
Depuis la reprise de l’entraînement le lundi 29 juin, celui qui, par sa justesse de passe et son sens de la distribution, est censé jouer les plaques tournantes dans l’entrejeu met les bouchées doubles.
« Quand on enchaîne les blessures, ce n’est jamais évident. On essaie de penser à autre chose, de comprendre pourquoi et comment ç’a pu arriver. Ces moments délicats permettent de grandir en tant qu’homme. Je n’ai pas eu le sentiment d’être maudit. Ce sont des aléas de la vie qu’il faut savoir accepter. Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai travaillé durant les vacances parce que j’en ai éprouvé le besoin. J’essaie d’être concentré et rigoureux au maximum dans tout ce que je fais. Le reste suivra. »
À 26 ans, après une trajectoire qui l’a conduit de Sochaux à Strasbourg, en passant par Rennes, l’Italie (le Torino, Pérouse) et l’Espagne (Levante), son retour dans le onze de départ ne l’obsède pas.
« Ça, c’est un paramètre que je ne maîtrise pas, puisque c’est le coach qui fait les choix. Mais j’ai envie de prendre les choses en main pour revenir correctement et aider l’équipe. Je fais tout ce qu’il faut pour ça. J’ai faim. La compétition me manque. J’ai commencé à jouer à cinq ans, j’ai grandi avec le ballon. Toute ma vie, j’ai baigné dedans. Mais il ne faut pas être impatient. La préparation va être longue et il faudra être prêt le jour J, celui de la reprise du championnat (les 22 et 23 août). »
Il lui restera alors, par ses performances, à convaincre Thierry Laurey qu’il peut à nouveau pleinement jouer son rôle de régulateur et de rampe de lancement.
« Les huis clos, c’est horrible »
Comme tous les acteurs du football français, Sanjin Prcic ignore dans quelles conditions s’ouvrira la saison 2020-2021 de Ligue 1 les 22 et 23 août. Mais le milieu relayeur espère jouer devant des gradins garnis, au moins en partie. Car il l’avoue sans détour : il n’a « pas du tout aimé » les deux matches qu’il a dû disputer à huis clos avec Rennes.
« Un à Saint-Etienne, l’autre à Istres contre Bastia. C’était horrible. Bien sûr qu’aujourd’hui, nous avons envie de jouer devant nos supporters. Nous sommes conscients de leur apport. Et pour moi, le foot, c’est du public dans les stades, du bruit, des encouragements, une grande fête comme ça l’est toujours à la Meinau. Malheureusement, après ce que nous avons vécu depuis quatre mois, tout le monde sait qu’il faudra respecter les consignes sanitaires mises en place pour le bien de tous. »
La phrase
« Je connais très bien Jean-Marc (Kuentz, de retour au Racing comme adjoint de Thierry Laurey) depuis que nous nous sommes côtoyés à Rennes. Sa présence va m’aider, à travers les entraînements qu’il va mettre en place, parce que je connais sa manière de travailler et qu’il connaît la mienne. »
Sanjin Prcic