Deroff, homme d'esprit
Ecarté depuis un mois, le latéral droit, homme de base du Racing pendant un an et demi, garde un état d'esprit irréprochable. Il réintègre d'ailleurs le groupe pour le déplacement de samedi à Bastia.
C'était début novembre. Après avoir refusé une première offre de prolongation de contrat, pour deux nouvelles saisons au Racing, Yves Deroff en repoussait une seconde. Même si le président Egon Gindorf assurait que le club strasbourgeois avait fait « un effort raisonnable », le latéral droit l'estimait insuffisant. Depuis, l'ancien Nantais, pilier de la maison bleue (31 matches l'an passé, 30 cette saison), auteur d'un début de championnat canon (« comme toute l'équipe », dit-il), a vécu plus de bas que de hauts. Jusqu'à un ultime avatar : sa mise à l'écart juste avant le choc contre Lyon le 11 avril à la Meinau. Depuis, il était cantonné au CFA et y a d'ailleurs porté le brassard ces deux derniers matches. « Cette première pour moi dans un club pro fait plaisir. Ça veut sans doute dire qu'on m'apprécie quand même et que je ne suis pas complètement foutu (sic !). » Les raisons de son éviction ? « Je ne sais pas. Contrairement à Vincent Fernandez qui est allé demander des explications, je ne l'ai pas souhaité. En aurais-je obtenu de très précises d'ailleurs ? Pour moi, c'est du passé. J'ai été surpris et pour tout dire déçu. Mais j'essaie de faire ce qu'il faut en réserve, d'autant qu'elle est invaincue depuis dix matches et que le fait de le rester est un joli petit challenge. »
« Ma blessure m'a appris à relativiser »
Pour lui, la surprise a été d'autant plus grande qu'il était du commando bâti pour le stage à Lège Cap-Ferret avant Bordeaux le 3 avril. « Le coach (Antoine Kombouaré) avait fait des choix et tenu un discours fort en stage. Je faisais partie du groupe des 16 et j'en étais heureux et fier. J'étais remplaçant à Bordeaux, je suis entré là -bas et j'ai fait de mon mieux. Mais avant Lyon, Fabrice Ehret, qui, lui, n'était pas du déplacement en Gironde, m'a remplacé. Je me suis retrouvé sans explication en CFA. Depuis, c'était le statu quo. Pourtant, je pense qu'en termes d'état d'esprit, je n'ai jamais fauté. Mais je le répète : je n'ai pas jugé utile d'aller trouver l'entraîneur et d'ajouter de la tension. Ça ne servait à rien. La situation était déjà suffisamment tendue comme ça au club avec le risque de relégation. » Il n'empêche. À deux grosses semaines de la fin de saison, Deroff se retrouve dans une position inédite pour lui et quelque peu inconfortable. Celle d'un chômeur potentiel au temps de jeu famélique. « Je ne regrette pas de n'avoir pas prolongé à Strasbourg. Avant les discussions, les dirigeants m'avaient dit que j'étais devenu l'un des cadres du Racing, que j'en incarnais le futur. Je ne dis pas que ce qu'ils m'ont proposé était inintéressant. Mais c'était assez loin de ce que touchent certains cadres de l'équipe. Je m'attendais à mieux. Depuis, je me pose des questions sur mon avenir, a fortiori maintenant que je ne joue plus. Mais j'ai un vécu en Ligue 1 et si je n'ai pas encore de piste très sérieuse, j'ai des touches. Tout devrait se décanter avant fin juin.
Mon avenir n'est plus à Strasbourg, mais je reste confiant. » Grâce aux suspensions (Abdessadki, Bassila et Camadini), l'ex-Nantais retrouve le groupe pour le déplacement de demain à Bastia. « Je n'avais pas prévu que les événements prendraient cette tournure pour moi, mais personne ne prévoyait non plus à l'automne que le Racing jouerait une nouvelle fois le maintien. Ma grave blessure de 1999 (double fracture tibia-péroné) m'a appris à voir le milieu autrement, à relativiser ma difficile situation actuelle. Malgré mon éviction, je garde un bon état d'esprit. Car Strasbourg, ce n'est pas que l'équipe première. Ce sont aussi des salariés, un club, un centre de formation qui risquent d'être remis en cause en cas de descente en L 2. Ne pas l'oublier, même quand on est en fin de contrat, est une source de motivation. »
l'Alsace
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