L'Alsace a écrit : Coaching gagnant
Depuis le début 2010, les changements décidés par Pascal Janin en cours de partie ont souvent été décisifs. Si l’entraîneur du RCS avoue une part de réussite et en attribue le mérite à ses joueurs, son coaching gagnant prouve qu’il a plus que jamais l’adhésion de son groupe.
Pascal Janin pourrait donner des cours de zénitude et de modestie à tous ceux qui, dans le monde du football, croient avoir la science infuse. Ces temps-ci, même si le Racing n’a plus gagné depuis quatre journées (une défaite, trois nuls), Guillaume Lacour et les autres restent concernés au plus haut point par l’avenir de leur club. Un avenir que la succession d’épisodes plus rocambolesques les uns que les autres rend incertain. En 2010, les Racingmen ont disputé neuf rencontres de Ligue 2 et n’en ont perdu qu’une seule, à domicile l’autre vendredi contre Angers (1-2). Ils en ont remporté trois, accrochant cinq nuls (dont quatre à l’extérieur). En cinq occasions sur ces neuf journées, les rentrants se sont montrés décisifs (voir ci-contre). Pascal Janin serait-il un brin sorcier ? « Non, mais je prends des cours de voyance pour préparer ma reconversion », se marre-t-il, « Plus sérieusement, le mérite en revient aux garçons. En début de saison, la rentrée des remplaçants était souvent inefficace. Ça avait d’ailleurs valu à Yassine (Bezzaz) de ressortir peu de temps après son entrée (*). À l’époque, j’avais évoqué dans le vestiaire ce problème des remplaçants qui ne me semblaient pas dans le bon état d’esprit. »
« Après le repas, les mecs restent ensemble à table »
Six mois plus tard, le coach n’a plus besoin de disserter sur ce thème, mais il ne se prive jamais d’une piqûre de rappel. « Je ne cesse de dire à ceux auxquels j’ai moins fait confiance en début de partie, puisque je ne les ai pas titularisés, que lorsque l’on rentre pour jouer plus ou moins une demi-heure, il faut apporter à son équipe, au moins dans l’état d’esprit. Il se trouve que depuis quelque temps, ils se montrent en plus décisifs. » Alors que 17 des 30 joueurs de l’effectif pro sont en fin de contrat, tout le monde reste donc mobilisé. « Les joueurs ne sont pas fous. Ils savent que leur intérêt est aussi de se montrer », reprend le coach. « Je leur ai d’ailleurs conseillé de penser à eux, mais pas en ne jouant que pour leur pomme. En se mettant au service du collectif. Quand ils l’enrichissent, les individualités en profitent forcément. Sur ce plan, nous sommes dans une période faste. Ça ne durera peut-être pas. Mais il est rassurant pour un coach de voir des garçons auxquels il ne fait pas confiance d’emblée entrer avec autant d’envie. J’ai une mission d’éducateur, comme je l’avais chez les jeunes. Mon rôle est de convaincre les joueurs, de leur indiquer un cadre, un mode de fonctionnement et de leur apprendre que dans un milieu sportif, on se doit de respecter certaines valeurs, de les cultiver pour que le groupe vive mieux. » Au Racing cette saison, le groupe vit bien. Son comportement à l’hôtel lors des déplacements constitue, aux yeux de Pascal Janin, un signe qui ne trompe pas. « J’ai connu des effectifs où sitôt le repas terminé, chacun montait dans sa chambre pour écouter de la musique ou jouer aux jeux vidéo. Là, les mecs restent souvent à table quand ils ont fini de manger. Ils sont bien ensemble. » C’est en partie grâce à ce sens du partage que les Bleus croquent depuis plusieurs semaines un pain presque blanc après avoir passé l’été à manger leur pain noir.
 Trois points précieux
En 2010, les remplacements initiés par Pascal Janin ont pesé sur le résultat de cinq des neuf rencontres de Ligue 2 disputées par le Racing, mais tous n’ont pas eu un impact comptable. Le 15 janvier contre Laval à la Meinau, Farez Brahmia, lancé à la 75 e, a ainsi marqué une minute plus tard un premier but en Ligue 2 sans influence directe, puisqu’il n’était « que » le 4 e du succès alsacien (4-1). De même le but de Steven Pelé à la 93 e contre Angers le 5 mars, 16 minutes après son entrée, n’a-t-il pas empêché le RCS de s’incliner (1-2). Mais sur le coup, le défenseur avait hérité d’un service trois étoiles d’un autre remplaçant, Emil Gargorov, passeur décisif apparu sur le pré à la 61 e.
À trois reprises en revanche, ceux qui avaient débuté sur le banc ont changé la donne et permis aux Bleus d’accrocher trois nuls précieux. D’abord à Sedan le 5 février (3-3) : pour sa première sous le maillot strasbourgeois, Basile De Carvalho, appelé à suppléer Brahmia dès la 34 e, distille deux passes décisives à Nicolas Fauvergue, puis Emil Gargorov. Le Bulgare, lui, est entré à la 59 e et arrache une égalisation sur le fil (92 e) sur un service du Sénégalais. Ensuite contre Clermont le 19 février : quand Simon Zenke commence à fouler la pelouse de la Meinau à la 57 e, le RCS est mené 1-0. À l’amorce du dernier quart d’heure (76 e), le Nigérian inscrit son premier but de la saison et offre aux siens un point d’autant plus apprécié qu’ils ont souffert le martyre tout le match.
Enfin vendredi à Vannes : là encore, les Bleus courent après le score. Seïd Khiter et David Ledy entrent simultanément à la 64 e. Six minutes plus tard, le premier offre au second le but du nul (1-1).
Stéphane Godin
(*) Le 18 août à la Meinau contre Arles-Avignon, l’international algérien entre à la 57 e à la place de Nicolas Fauvergue, avant d’être remplacé à la 83 e par Quentin Othon. Il avouera avec lucidité que sa rentrée a été catastrophique.