DNA a écrit :L'homme de Monaco
Ex-président du Racing, toujours actionnaire du club et résident monégasque depuis vingt ans, Egon Gindorf sera dans les tribunes de Louis-II ce soir. Même si ses affinités sont aujourd'hui plus proches de l'AS Monaco, son coeur reste ciel et blanc.
Egon est en proie a un petit cas de conscience. Cette saison, l'homme à  l'abondante chevelure grisonnante est un fidèle des travées clairsemées de Louis-II. Une assiduité que l'ex-président du Racing explique par les « liens assez intimes » entretenus avec Marc Keller, son directeur général à  l'époque où le binôme nourrissait de grandes ambitions pour le Racing et qui occupe depuis une saison les mêmes fonctions à  l'AS Monaco. Dans le sillage du Haut-Rhinois, c'est d'ailleurs toute une « diaspora » alsacienne qui a débarqué sur le Rocher. Alain Plet, Pierre Brochet et Philippe Thys, respectivement en charge du secteur administratif, du marketing et du recrutement sur les bords du Krimmeri, ont procédé à  un « transfert de compétences » en Principauté. Soit l'équipe de Gindorf presque au grand complet qui est réunie sous des cieux plus cléments. L'homme apprécie de retrouver au stade « des têtes amies », celles qui ont oeuvré à  rhabiller pour les rudes hivers alsaciens un club laissé en guenilles après le passage dévastateur des hussards de McCormack. Ce qui ne l'empêche pas de rester un inconditionnel du Racing. « Ce match, pour moi, c'est un peu comme le grain de poivre et de sel », dit-il. Ma vie est à  Monaco, mais mon coeur bat toujours pour Strasbourg. » Des pulsions d'autant plus intenses que Gindorf a laissé à  la Meinau une partie de son portefeuille. Toujours administrateur et actionnaire « à  hauteur de 18% » d'EuroRacing, la holding créée par Ginestet qui gère les affaires du club, il a permis à  son successeur d'entamer en 2003 sa mission dans la sérénité grâce aux liquidités substantielles maintenues sur le compte courant.
« Au départ, je doutais un peu »
 Bref, le « sage » n'est ni aigri, ni rancunier. Son bail à  la tête du club, entamé en 2003 et bouclé trois ans plus tard avec fracas quand Philippe Ginestet est passé en force, lui laisse tout juste un goût d'inachevé. « Nous avons sauvé le club du désastre, mais nous aurions voulu le porter bien plus haut, regrette-t-il Ça restera une belle aventure, grâce notamment à  la victoire en Coupe de la Ligue. » A bientôt quatre-vingts ans, Egon se dépêche certes moins souvent à  la Meinau mais reste au fait « de tout ce qui se passe dans le club. » L'excellent début de saison n'a pas manqué de l'étonner. « Au départ, comme beaucoup de monde, je doutais un peu, reconnaît-il. Je pensais que sans vedette, le club allait rentrer dans le rang. Mais l'équipe maintient son niveau de jeu. Le public revient en nombre. Le travail de Furlan porte ses fruits. » L'actuel entraîneur du Racing, à  l'époque en concurrence avec Antoine Kombouaré et finalement recalé « à  cause d'un point de détail que je n'ai jamais pu lui avouer », a donc su redonner une âme aux Ciel et Blanc. Ce que Ricardo, son pendant à  Monaco, peine visiblement à  réaliser.
« Des individualistes, pas une équipe »
 « Ça me rappelle ce qui s'est passé avec Duguépéroux, explique-t-il. Il y a beaucoup d'individualistes (lapsus pour individualités, ndlr) de très grandes qualités, mais pas une équipe. Je pensais qu'avec l'arrivée de Ricardo, ça allait prendre. Mais avec les grandes disparités dans les âges et les nationalités, il faut du temps. » Egon Gindorf espère simplement que le réveil princier, enclenché le week-end dernier à  Rennes (0-1), ne percera pas les tympans alsaciens ce soir. Celui qui accueillera à  leur descente d'avion les actionnaires strasbourgeois, ne veut pas gâcher le séjour des « copains. » Cas de conscience ou pas, l'homme de Monaco sait recevoir.
Séb.K.