L'Alsace a écrit :Pascal Johansen, le coeur au Racing
Le milieu de terrain strasbourgeois sort d'une période délicate, mais a refusé d'être prêté à Guingamp en fin de semaine passée. Une bonne prestation en CFA et une explication avec Jean-Pierre Papin ont clarifié les choses. En 72 heures, Pascal Johansen est passé par tous les états. Entre l'annonce tardive, jeudi dernier vers 22 h de sa non-sélection pour le match face au Havre, et son explication au téléphone dimanche après-midi avec Jean-Pierre Papin, le milieu de terrain du Racing a, chronologiquement : failli être prêté à Guingamp, reçu l'ordre de ne pas jouer en CFA avec la réserve pour écarter tout risque de blessure, insisté pour jouer quand même et réussi une grosse prestation personnelle avec la formation de François Keller. Dimanche donc, JPP l'a appelé pour lever sinon le malaise du moins l'incompréhension qui présidait à leurs relations. « Pagalou » n'ira pas en Bretagne, mais sera titulaire demain à Ajaccio.
Pascal, vous avez débuté la saison comme titulaire contre Dijon, mais votre blessure au tendon d'Achille a coupé votre élan. Et comme d'habitude, il vous faut du temps pour revenir au top… Oui, ce n'est pas nouveau. D'autant que cette année, après une grosse préparation à Combloux et à Munster, nous n'avons joué que peu de matches amicaux. Le groupe étant conséquent, nous n'en disputions qu'une mi-temps. J'ai ensuite joué une heure contre Dijon en ouverture de la saison, puis j'ai été blessé. Ma saison n'était même pas lancée. àŠtre arrêté un mois, c'est comme si j'étais reparti en vacances. J'ai dû physiquement tout reprendre à zéro. Les premiers matches sont forcément difficiles, surtout à un poste comme le mien qui demande beaucoup d'activité.
A Auxerre, vous étiez titulaire. Et vous avez par moments manifesté votre mauvaise humeur. Comprenez-vous que ce comportement puisse agacer un entraîneur ? Jean-Pierre Papin me l'a fait savoir devant le groupe le lendemain. Et je peux comprendre que ça puisse le gêner. Mais c'est mon caractère. J'essaie de le corriger. Il y a quelques années, ç'aurait été pire (sourire). On a tous de mauvais réflexes. En fait, à Auxerre, nous nous sommes souvent retrouvés en infériorité au milieu. C'était mon premier match, je n'avais pas les jambes. Et quand physiquement, tu n'es pas au point, tu manques de lucidité. Techniquement, tu ne parviens pas à faire ce que tu veux. Ces gestes de dépit n'étaient que la manifestation de mon impuissance. Je sentais que le match nous échappait. J'attendais depuis un mois de pouvoir rejouer, j'en étais si heureux et ça ne se passait pas comme je voulais. Je me sentais dans une impasse. Les jours où je n'ai pas les jambes, je m'énerve et ça joue contre moi. Je l'assume, même si je n'en suis pas très fier.
Aller jouer en CFA vous a-t-il fait le plus grand bien ? Franchement, j'avais été surpris de me retrouver sur le banc contre Châteauroux et Créteil, puis titulaire à Auxerre. Je pensais devoir repasser par la case CFA et ça ne m'aurait pas dérangé. Là , je me suis entraîné vendredi avec François Keller, qui me connaît bien et que j'apprécie. Le lendemain, j'ai joué un gros match contre Lille avec des jeunes qui avaient envie (1-1).
Et vous avez été bon. François Keller a été le premier à le souligner… (il coupe) J'ai vu que ça lui faisait plaisir. Samedi, je me suis senti beaucoup mieux physiquement. Comme par hasard, j'ai moins eu la tentation de me laisser aller à des gestes de renoncement et d'énervement. En plus, c'était un choc de CFA face au leader, à domicile, devant les gens du club.
Et devant Jean-Pierre Papin qui a apprécié votre investissement… Il m'a appelé dimanche après-midi pour me le dire. Lundi, il a souligné mon comportement devant le groupe, m'a dit qu'il fallait que je continue dans cet esprit. Trois jours plus tôt, il m'avait montré du doigt et je pense qu'il voulait rétablir l'équilibre. Il a aussi voulu, à travers mon exemple, faire comprendre à l'effectif qu'avec les nombreux matches qui se présentent, chacun aura ce qu'il mérite.
Votre explication était-elle nécessaire ? C'est toujours mieux de se parler. Quand on ne discute pas, on a toujours de l'autre une image faussée et on lui attribue des pensées qu'il n'a pas forcément. Et vice versa. Avant, nous n'étions pas en phase, par méconnaissance l'un de l'autre. Il m'a dit que si tout le monde y mettait du sien, il n'y aurait pas de problème. Moi, je n'aspire qu'à une chose : gagner une place de titulaire par mon comportement sur le terrain. Je ne revendique rien d'autre.
Ce sera le cas vendredi à Ajaccio… Vous me l'apprenez. Je m'en doutais après la mise en place d'aujourd'hui (hier). Ma saison doit démarrer maintenant. Mais rien n'est acquis. Je n'étais pas dans le groupe contre Le Havre. Je serai titulaire à Ajaccio. Mais si je suis mauvais, tout sera remis en cause. En foot, tout va toujours très vite, dans un sens comme dans l'autre.
La preuve : le club a tenté de vous prêter à Guingamp vendredi. Pourquoi avoir refusé ? Parce que j'estime ne pas être au bout de l'aventure avec Strasbourg. Le fait que le Racing ait éprouvé des difficultés contre Le Havre, quelques heures après ma prestation en CFA, a sans doute amené certains à revoir leur position à mon sujet. Je ne veux pas surtout qu'on fasse avec moi la même histoire qu'avec Dhorasoo au PSG. Je suis motivé et, surtout, attaché au club. Je veux y revivre ce que j'y ai déjà connu en 2001-2002 : une remontée en Ligue 1.