DNA a écrit :Traquenard picard
Piqué par l'air vivifiant de la Ligue 2, le Racing va entrer dans le vif du sujet. Attendus au tournant, les hommes de Papin devront hausser leur niveau de jeu, histoire de rattraper les deux points perdus contre Dijon. En voilà , un beau défi.

Pascal Johansen, promu chef d'orchestre du Racing, tâchera d'aiguiller les siens sur les rails d'un premier succès. (Photo DNA - Laurent Réa)
Cette fois, ça y est. Strasbourg entre de plain-pied dans la nébuleux bric-à -brac de la Ligue 2, où chaque sortie s'apparente à un traquenard. La rencontre inaugurale, l'autre vendredi contre Dijon (0-0), n'en offrait qu'un modeste aperçu. C'était jour de reprise, dans une Meinau curieuse et conciliante.
Si les passes n'arrivent pas toujours au bon endroit ni au moment adéquat, c'est que les garçons ne se connaissent pas encore sur le bout des doigts. Normal, il y a plein de petits nouveaux.
Les fameux « automatismes », ceux qui vous transforment un assemblage statique en une emballante machine à vapeur, en sont au stade de l'ébauche. Papin, le machiniste en chef, tâtonne lui-même en cherchant à actionner les bons leviers. L'ensemble est certes poussif, crachote et hoquette, mais il laisse entrevoir quelques promesses.
Le Racing a déjà laissé filer deux précieux points
Le problème, c'est que l'exigeante Ligue 2 se moque éperdument des promesses. Elle ne sourit qu'aux équipes qui compilent des résultats. A ce titre, l'ambitieux Racing a déjà laissé filer deux précieux points dans la course à la remontée. C'est donc à Amiens qu'il s'agira de les rattraper.
En Picardie, l'affaire fait grand bruit. Le joli petit stade de la Licorne ne devrait pas être loin d'afficher complet. Quelque 10 000 spectateurs y sont attendus, mis en appétit par l'exploit des Amiénois au Havre (1-3) lors de la première journée. Pour peu qu'ils exhument de l'inconscient collectif un sentiment de revanche, à l'issue de la finale de la coupe de France perdue contre le Racing voilà cinq ans, et l'ambiance sera plutôt chaude.
Tous, en tout cas, espèrent voir Strasbourg se prendre les pieds dans le tapis. « Je souhaite que la Licorne devienne une forteresse imprenable, martèle Ludovic Batelli, l'entraîneur picard. Nous sommes chez nous, dans notre jardin. »
« Amiens, une bonne équipe de Ligue 2 mais pas non plus un ténor du Calcio »
Ce même petit refrain, entonné il n'y a pas si longtemps sur les bords du Krimmeri, semble faire le tour des stades. Jean-Pierre Papin ne se laisse pas abuser. « Amiens, c'est une bonne équipe de Ligue 2 mais pas non plus un ténor du Calcio, relativise le Ballon d'Or. Nous allons jouer avec nos armes. Je sens que l'équipe monte en régime. On y va pour gagner. Ou du moins ne pas perdre. »
Comme contre Dijon, le Racing s'évertuera d'abord à bien défendre - le leitmotiv de JPP - avant de penser aux grandes envolées. Durant toute cette semaine, Bellaïd, Ekobo et consorts ont eu l'occasion de peaufiner leur entente sur le terrain. Histoire de préserver leur gardien, Stéphane Cassard, des quelques sueurs froides qui ont parcouru son échine vendredi dernier.
« Nous avons besoin d'un but. L'équipe sera alors plus libérée »
Si l'édifice repose sur des bases solides, il sera alors toujours temps de songer à doucher l'ardeur du peuple picard. Romain Gasmi, le jeune et impétueux attaquant vu en fin de rencontre à la Meinau, pourrait être l'instigateur du grain de folie qui fait encore défaut. Face à une équipe solide et peu encline à se livrer, l'insouciance du minot bleu peut s'avérer déroutante.
Avant que le but ne devienne une obsession, le Racing serait bien inspiré de trouver le chemin des filets. « Les attaquants ne doivent pas gamberger, poursuit Papin. Nous avons besoin d'un but. l'équipe sera alors plus libérée. »
Ce soir, seule une victoire donnerait du corps à un groupe en construction. Ça se passe en Picardie, dans un petit stade surchauffé. Ça fleure bon le traquenard. Bienvenue en Ligue 2.