L'Alsace a écrit : « Ils me font pitié » 
Loin d'accabler ses joueurs, longtemps prostrés sur la pelouse, puis dans les vestiaires, Duguépéroux va, dès ce matin, tenter de leur regonfler le moral. 
« Si nous gagnons ce soir, ce sera votre victoire. » Il est 19 h 20 hier dans le quart de virage Nord-Ouest, fief des 800 supporters les plus fidèles du Racing, dont 300 à  350 Ultra Boys 90 qui fêtent leurs quinze ans. Pour marquer le coup, le président Egon Gindorf est monté en tribune pour souhaiter un bon anniversaire aux UB. L'heure est encore à  la communion, à  l'espoir que pourrait faire naître une première victoire. Jacky Duguépéroux, qui a expérimenté toutes les formules possibles et imaginables en attaque, a cette fois abattu la carte de la jeunesse. Le jeune milieu récupérateur Ricardo Faty (19 ans) fait ainsi ses grands débuts en L1. En neuf jours, le frère cadet du Rennais Jacques a vécu son baptême en Coupe UEFA, avec une entrée brève, mais culottée en fin de partie l'autre jeudi à  Bâle, goûté à  la Coupe de la Ligue en milieu de semaine à  Caen où il a rendu une copie très propre et débute donc en L 1 avec autant d'assurance que s'il comptait 300 matches pros au compteur. Une sacrée entrée dans la carrière pour un gamin qui étonne par son sang froid, sa rigueur et sa sobriété de « vieux briscard ». Le public de la Meinau ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Il l'a chaleureusement applaudi à  sa sortie à  la 76e quand son entraîneur, décidé à  jouer son va-tout, a fait entrer un attaquant supplémentaire, Rudy Carlier en l'occurrence, pour renverser un cours des événements encore une fois funeste. Comme Sidi Keita un an plus tôt, le jeune Francilien a peut-être signé un long bail avec les pros. Mais malgré une nouvelle et vaine débauche d'énergie, les Bleus ne parviendront pas à  inverser la tendance, incapables, pour la 9e fois en 13 journées, de marquer le moindre but. En L 1, ils n'ont plus trouvé l'ouverture depuis plus de 5 heures. Et ça fait surtout trois fois d'affilée qu'ils s'inclinent à  la Meinau. 3 nuls, 4 revers et 3 points sur 21: tel est le piteux bilan des Strasbourgeois dans leur antre où les supporters les ont pourtant soutenus sans faillir hier, avant de lancer à  la volée quelques sifflets de dépit plus que de désamour à  la fin de la partie.
« Le public voit que l'équipe donne tout »
Ce matin à  10 h, les Strasbourgeois se retrouveront à  la Meinau. Pour un décrassage essentiellement mental. « Pour panser les plaies et nettoyer les têtes », annonce Jacky Duguépéroux. « Mais je ne crois pas que nous sortirons sur le terrain. » Hier, sitôt la fin de la rencontre, le coach s'est fendu d'un geste fort: « J'ai serré la main de tous mes joueurs - ce qui n'a pas toujours été le cas cette saison – car ils ne méritent pas ce qui leur arrive. Je ne peux pas reprocher grand-chose aux gars qui sont aussi navrés que tout le monde. J'ai envie de les rassurer. Quand je les vois abattus comme ça, ils me font pitié. Et je garde la foi. Si l'entraîneur ne l'a plus, qui l'aura ? Nous sommes malheureux depuis le début de saison, mais nous avons aussi quelques limites. L'absence d'un buteur saute aux yeux et les blessures de Hagui et Keita ne nous aident pas. Mais au bout d'un moment, ce n'est plus de la malchance. Faut-il couper des têtes ? Celles du coach, de certains joueurs ? Est-ce la solution ? Je ne le pense pas. Contrairement à  mon limogeage il y a sept a ns, je ne suis en conflit avec personne. Ni joueurs, ni dirigeants. En sept matches à  la Meinau, nous tournons à  plus de 20000 spectateurs de moyenne. Dans une telle situation, c'est du jamais vu. Si le stade ne gronde pas davantage, c'est qu'il voit bien que l'équipe donne tout. Ça veut bien dire quelque chose, non ?» Personne ne le contredira. Sauf pour souligner qu'au Racing ces temps-ci, tout donner ne suffit pas.
C'est désespérant 
Encore une fois incapable de trouver l'ouverture hier soir devant Saint-Etienne (0-1), le Racing-Club de Strasbourg a un peu plus plongé dans les profondeurs de la Ligue 1. Les Verts lui ont donné une énième leçon de réalisme. 
317 minutes en championnat sans marquer le moindre but. Trois défaites de rang au stade de la Meinau. 13 journées en Ligue 1 sans la moindre victoire. Six points sur 39 possibles. N'en jetez plus : à  ce rythme là , le RC Strasbourg, battu une nouvelle fois hier soir par Saint-Etienne (1-0), ne peut pas se maintenir au plus haut niveau du football français. Sans marquer, il n'y arrivera pas. Et même s'il s'est montré pendant plus d'une heure entreprenant, volontaire, offensif, cela n'y change rien. Le mal est désormais très profond et les victoires en Coupe d'Europe sont strictement sans effet les soirs de L1. Porté par les encouragements incessants d'un public très nombreux, le Racing ne tarde pourtant pas à  se mettre en marche avant, même s'il débute par une courte frayeur sur un déboulé côté gauche de Piquionne après 42'' de jeu. Par cette douceur quasi printanière, les joueurs bas-rhinois semblent avoir les jambes, les bonnes intentions et le moral. Leur jeu est toujours aussi attrayant, le ballon vit bien sur le terrain, mais cela n'est pas une garantie de succès, le RCS l'a appris à  ses dépens depuis le début de la saison. Il met pourtant du coeur à  l'ouvrage et offre un premier frémissement à  ses supporters sur un corner d'Arrache que Pagis prolonge de la tête, mais Diané est un poil trop court au second poteau (7e). Faty, pas du tout impressionné par sa première titularisation à  la Meinau, y va de sa tentative des 28m, mais Janot ne se laisse pas tromper par ce ballon fusant (17e). Sur un corner de Johansen, Pagis, d'une tête décroisée, trouve Sablé qui veille au grain sur sa ligne (19e). Puis c'est au tour de Diawara de s'opposer à  la percée d'Arrache, bien lancé par Boka, ce dernier frappant au-dessus un coup franc des 18m.
Des efforts trop désordonnés
Les Stéphanois tentent aussi de produire du jeu dans un match très fair-play, mais doivent attendre des erreurs locales pour se montrer dangereux. Sur une perte de balle inutile, les Verts placent un contre à  quatre contre deux. Mazure finit par décaler Feindouno qui bute sur un pied de Cassard très vigilant (25e). Le gardien alsacien a à  coeur de se racheter de ses deux récentes bévues et se détend pour dévier en corner du bout des doigts une frappe de Feindouno, consécutive à  un mauvais renvoi de Hosni (44e). Au retour des vestiaires, Cassard n'a pas le temps de se refroidir, se couchant d'abord sur une lointaine tentative de Hellebuyck (54e), puis devant opposer des poings très fermes sur une terrible frappe de Mazure, avant que Boka ne contre la tentative de Gomis (55e). Le Racing poursuit ses efforts, illustrés par une tête de Diané (49e), un pointu du même Diané sur un cafouillage (51e), et surtout un centre-tir de Pagis sur lequel Janot doit s'employer (57e). Sur le corner de Johansen, Faty, excellent, s'élève très haut pour placer une tête qui file à  côté. Après l'heure de jeu, la partie a tendance à  se débrider quelque peu, mais on sent surtout quelques largesses apparaître dans le secteur défensif strasbourgeois. à”, rien de bien méchant au début, avec toujours des accélérations à  bon escient de la part de l'arrière-garde locale pour écarter le danger. Mais aussi, en attaque, toujours la même impuissance à  se montrer réellement dangereux, à  mettre sous pression un Janot qui passe somme toute une soirée assez tranquille.
Gomis se jette à  bon escient
Et comme d'habitude, un contre bien vert va offrir le succès à  des Stéphanois qui vont donner une leçon, une de plus, de réalisme, au Racing. Mazure, décalé côté droit, sert un ballon parfait pour le jeune Gomis (entré à  la place de Piquionne, touché au genou, en première période) qui se jette devant Bellaïd pour ouvrir le score (72e). Le ciel tombe un peu plus sur la tête des Strasbourgeois, qui sont tout heureux de voir la tentative de Feindouno, remarquablement mis sur orbite par Hellebuyck, filer à  côté (81e). Les dernières tentatives locales sont toutes désordonnées, faisant monter quelques sifflets des tribunes.