DNA a écrit :Comme si de rien n'était
Le Racing joue toute sa saison sur un match, une bonne part de son existence en 90 minutes. Néanmoins, il se refuse à dramatiser. On n'ira pas jusqu'à écrire que l'ultime match de L 2 disputé par le Racing à Montpellier a des allures de final du Tour de France 1989, quand Lemond avait coiffé Fignon pour neuf secondes après plus de 3 000 bornes.
Anomalie
Mais un aspect si décisif dans la dernière heure et demie de compétition, après avoir passé près de 55 heures sur le terrain, relève quand même de l'anomalie. Dans l'histoire strasbourgeoise, il faut remonter à la vieille formule des barrages pour trouver trace d'une dernière si significative. En 1992, la victoire du Racing face à Rennes (4-1) avait mis fin à un tunnel de trois ans en D2. Depuis, montées et descentes se sont décidées avant la "der des der" en Alsace. Ailleurs, Stéphane Cassard n'a jamais connu ça. Steven Pelé, avec Istres, ou James Fanchone, avec Le Mans, non plus. « Cela aurait été plus sympa de fêter ça à domicile », regrette un peu le défenseur central. «Avec Le Mans, c'était toujours réglé avant, mais on aura la rage au ventre à Montpellier, explique l'attaquant. On a toujours été dedans. Il n'y a pas de raison que l'on n'y soit pas vendredi. » Au final, c'est peut-être du côté des dirigeants que la tension est la plus palpable. « On pensait être au paradis et on est encore au purgatoire, a ainsi lâché le président Ginestet, extrêmement contrarié. On se retrouve à devoir disputer un match avec un enjeu terrible. » Au regard des positions extrêmement rapprochées, comme à l'échelon du dessus avec Bordeaux et Marseille qui ne sont pas définitivement départagés au sommet, pas plus que Caen, St-Etienne, Le Mans et Sochaux à la cave, le suspense s'annonce infernal sur cinq pelouses de L 2, qui accueilleront des candidats à la montée ou au maintien.
« Il peut y avoir deux vivants »
Du côté alsacien, on a choisi de ne rien changer aux habitudes. « La préparation est la même », indique Furlan, confronté une fois dans son passé à semblable cas de figure. C'était avec Libourne, pour le dernier rendez-vous de la saison 2002-2003. La promotion en National était décrochée en battant Toulouse. La semaine a démarré en douceur. Elle s'organise autour d'un entraînement quotidien, sans mise au vert. Elle s'achèvera dans une Mosson enfiévrée. Le staff technique a envisagé de fuir l'atmosphère peut-être un tantinet anxiogène dans l'Hérault en déboulant à Montpellier le jour du match. Le groupe strasbourgeois devrait finalement décoller la veille, comme d'habitude. Et, pour ne pas changer, Jean-Marc Furlan a donc choisi également de dédramatiser. « C'est particulier parce que c'est la fin de 48 semaines de travail ensemble, a expliqué le technicien. Il y a un contexte spécial et il y aura certainement de l'hostilité. » Le Racing y serait préparé, à la faveur d'un exercice parfois tortueux, souvent compliqué. Et on ne serait pas loin de rêver à une soirée où tout le monde aura gagné à la faveur d'éventuels points laissés en route par Boulogne contre Amiens. « Ce serait bien que les deux équipes fassent la fête ensemble », a glissé dans un clin d'oeil un membre du staff technique. « Ce n'est pas une finale, a conclu dans un sourire le coach, parce qu'on n'est pas obligé de gagner. Et puis, au coup de sifflet final, il peut y avoir deux vivants. » Il pourrait aussi y avoir un mort, qui serait dans de sales draps.
Fr.N.