DNA a écrit :Le cinquième élément
Hier soir contre Ajaccio, le Racing a remporté sa cinquième victoire de suite à la Meinau. Les Bleus s'éloignent de la zone de relégation au moment où les coulisses gagnent en sérénité. Voilà belle lurette que la situation n'était plus aussi détendue. Pourvu que ça dure.
Alain Fontenla a bien fait de venir à la Meinau. Près de sept semaines après être devenu le propriétaire du Racing, le financier londonien a donc fini par découvrir, enfin, les travées du stade strasbourgeois, dans un « climat apaisé », comme il le souhaitait. Hier soir, c'est même une ambiance de paix des braves, propice à la détente et la discussion, qui flottait dans l'air frais et humide.
Un protocole d'accord signé de la main de Fontenla
Ni chant hostile, ni banderole injurieuse à son adresse n'émane du kop. En tribune présidentielle, larges sourires et franches poignées de main s'imposent. Autour de Fontenla, tous les protagonistes qui ont furieusement agité les coulisses ces derniers temps sont de sortie, remisant la hache de guerre au placard. La connexion genevo-londonienne - Olivier Kachkach, Christophe Cornélie, Hervé Seck - qui s'est imposé un détour par la boutique pour revêtir l'écharpe aux couleurs du club, et le gang des Alsaciens - Henri Ancel, Robert Lohr, Léonard Specht, Dominique Pignatelli entre autres - encadrent le président Julien Fournier. Le maire de Strasbourg, Roland Ries, s'est aussi joint à l'aréopage pacifié. Seul Luc Dayan, l'homme de la restructuration enrôlé par le futur propriétaire minoritaire, manque finalement à l'appel. Sa mission au club ne semble plus vraiment d'actualité. Alors qu'un protocole signé de la main de Fontenla pour acter l'accord verbal de la prise de majorité alsacienne a été mis au courrier, tout ce petit monde a surtout assisté au net succès des Bleus sur le pré. Cette cinquième levée gagnante de rang à la maison confirme le net regain de forme strasbourgeois. « Les événements en coulisses ont resserré les liens entre les gars, avance Pascal Janin. Ils se sont peut-être rendu compte qu'à un moment au club, il n'y avait qu'eux. » Bâtie au cours d'une première période globalement bien maîtrisée, facilitée aussi par la passivité des Corses visiblement engourdis par le froid, cette victoire ne souffre aucune discussion. « C'est rassurant, parce qu'à une époque, on grappillait des points alors qu'aujourd'hui, on les mérite, poursuit le coach. Des garçons répondent à mes attentes, à l'image de Maire ou de Sikimic. » Sereins en défense, dominateurs dans l'entrejeu, les Bleus augmentent la pression sur le but de Debès au fil des minutes. C'est Arnaud Maire, l'ex-banni en défense centrale, justement, qui concrétise la mainmise alsacienne avant le quart d'heure de jeu. Capitaine Lacour, en pleine réussite actuellement, inscrit son deuxième but personnel en moins de deux semaines pour doubler la mise (30e').
Une touche de sérénité supplémentaire
Ajaccio, qui restait pourtant sur quatre victoires de suite en Ligue 2, a déjà abdiqué. Sans se faire trop violence, en relançant quelques absents de longue date - Khiter, Gargorov - et en terminant la rencontre avec Régis Gurtner au but, après la blessure d'un Cassard touché au genou, le Racing contrôle la situation. Le score aurait même pu être plus lourd, avec une once de réalisme supplémentaire. Voilà bien le seul regret formulé hier soir par Janin. Qu'importe, les Alsaciens doublent Vannes et Dijon pour pointer ce matin à la quatorzième place. Un classement qui contribue à ajouter une touche de sérénité au climat apaisé. Reste maintenant « à franchir un palier en gagnant à l'extérieur », comme le dit Janin. Dès vendredi, à Sedan ? En cette période des possibles, pourquoi pas...
Maire royal
Le défenseur est en passe de faire oublier le départ de Bellaïd comme la suspension de Pelé. Hier, Arnaud Maire a mis sous l'éteignoir le principal argument offensif ajaccien et initié d'une subtile tête le succès strasbourgeois. En gros, il a été presque parfait.
CASSARD (****) : Sans avoir grand-chose à faire, le portier a rassuré, notamment sur une intervention importante (16e). Il s'est également montré précis dans ses dégagements. Blessé sur une charge de Pierazzi, il s'est effacé pour GURTNER (76e).
ABADIE (**) : A gauche à Avignon, à droite hier, le jeune défenseur a parfois souffert. D'ailleurs, a priori touché, il a cédé sa place à la pause à KHITER (*) transparent pour sa première depuis plus de deux mois.
MAIRE (*****) : Au marquage de Viale, le défenseur central a nourri son compteur-buts personnel en L 2 pour la première fois depuis... trois ans et demi. Au-delà de cette originalité, l'ancien Bastiais a régné à proximité de sa surface réduisant à néant toutes les velléités visiteuses.
SIKIMIC (***) : Prudent en n'hésitant pas à dégager en touche, devancé par Viale sur un coup, le Serbe n'a pas fait dans la dentelle, mais ne s'est jamais non plus fait enrhumer.
FANCHONE (***) : Titulaire pour la première fois depuis la défaite à Nîmes (2-1) après six semaines de placard, le latéral gauche s'est appliqué à museler Kinkela. En dépit d'un ou deux dégagements manqués, il a bien rempli son rôle.
LACOUR (****) : Soucieux de se situer dans les intervalles, offrant des solutions, le capitaine a profité de la mollesse de Sabo pour continuer à marquer et s'est affirmé comme une valeur solide du onze strasbourgeois.
RODRIGO (***) : Focalisé sur son travail défensif, le Brésilien n'a pas toujours brillé dans la relance, mais a contribué à la solidité défensive alsacienne, terminant assez fort.
BAH (***) : Discret avant la pause, le Guinéen a participé à l'hermétisme du bloc alsacien en 2e période pour finir en boulet de canon, butant sur Debes en toute fin de match.
OTHON (***) : En charge du côté gauche, il a bien fait le travail, se révélant habile sur les coups de pieds arrêtés et solidaire quand il s'agissait de donner un coup de main à Fanchone.
ZENKE (****) : Un tir au-dessus pour lancer son match, un centre complètement manqué pour gâcher une première tendance, le Nigérian ne s'est néanmoins jamais découragé, a mené la vie dure à Traoré et a intelligemment voyagé sur le front offensif. Le petit taureau a chargé régulièrement tout en soignant ses contrôles. Intéressant jusqu'à son remplacement par GARGOROV (60e).
FAUVERGUE (***) : Auteur d'une montée rageuse d'entrée, le grand attaquant a ensuite manqué un face-à-face avec Debes mais n'a eu de cesse de provoquer. Surveillé par le volumineux N'Diaye, il a joué son rôle de pivot avec abnégation et a décoché une belle frappe pour enjoliver sa sortie.