L'Alsace a écrit :Dans une bulle
Ils sont partis. Hier à 15 h, les Strasbourgeois se sont envolés vers la capitale et leur destin qui fera peut-être d'eux, demain soir, les lauréats de la Coupe de la Ligue 2005. Après un ultime entraînement matinal, un déjeuner en commun et un point presse en début d'après-midi, ils ont tiré le rideau. Pendant 48 heures, seuls les membres du directoire (Marc Keller, Philippe Ginestet et Egon Gindorf les rejoindront en cette fin de matinée) seront autorisés à les approcher au Novotel-Château de Mafliers où ils ont pris leurs quartiers. Et l'ouverture à la presse cet après-midi (18 h) au Stade de France sera limitée au strict minimum : avant même l'entraînement, cinq minutes seront réservées aux cameramen et photographes. Place ensuite à un huis clos total (comme Caen entre 16 et 17 h 30). Enfin, seuls Jacky Duguépéroux et le capitaine Cédric Kanté répondront aux questions.
Vercoutre titulaire
Hier, le coach a mis un terme à deux vrais-faux suspenses : le nom du gardien titulaire pour cette finale et la composition du groupe. Comme on pouvait s'y attendre, Rémy Vercoutre, qui avait disputé les quatre premiers matches de l'aventure, jouera le 5e. « Un entraîneur doit garder une certaine logique. Et la logique veut que Rémy joue et non Stéphane Cassard. » Le groupe, lui, est celui annoncé dans « L'Alsace Lundi ». Le jeune défenseur Habib Bellaïd et le latéral camerounais Jacques Momha, appelés en début de semaine comme 19e et 20e, ne feront pas le voyage à Paris avec le reste de la troupe : Vercoutre, Lacour, Devaux, Kanté, Boka, Abdessadki, Keita, Johansen, A. Farnerud, Niang, Pagis. Remplaçants probables : Arrache, Le Pen, Mphela, Camadini, Deroff, Bassila et Cassard. Reclus dans leur « bunker » francilien qu'avaient fréquenté Lyon et Sochaux (avec un certain Mickaël Pagis) avant leurs sacres respectifs en Coupe de la Ligue 2001 et 2004 (un signe ?), les Bleus resteront en vase clos. « J'avais envisagé d'aller à Chantilly, mais j'ai toute ma famille là -bas », indique Jacky Duguépéroux, « et si je demande aux joueurs de ne pas être dérangés par leurs familles, il n'y a pas de raisons que je ne me l'impose pas. Ce que nous ferons ? S'il fait beau demain (ce matin), nous jouerons peut-être aux boules (rires). » La pression va ainsi aller crescendo. « J'ai de plus en plus de mal à me concentrer sur mon travail au bureau », confessait Marc Keller à la sortie de l'entraînement hier. « Par rapport à mercredi, la tension est déjà montée d'un cran », lui faisait écho Philippe Ginestet. Pour les joueurs plus encore que pour leurs dirigeants, l'attente va sembler bien longue. D'autant que fidèle à ses préceptes, « Dugué » ne dévoilera son onze de départ que lors de sa causerie d'avant-match, juste avant le départ au Stade de France. Pour l'instant, seul Rémy Vercoutre et Stéphane Cassard sont fixés, même si l'équipe alignée ne semble guère faire de doute.
Caen : l'équipe probable
Arrivés à Clairefontaine hier en fin de matinée, les 18 Caennais se sont entraînés dans l'après-midi au centre technique national du football. Une séance tranquille, à base de tennis-ballon, avant leur ultime répétition à huis clos aujourd'hui (16 h) au Stade de France. Demain, Patrick Remy pourrait aligner un onze de départ en 4-2-3-1 : Planté – Seube, Ben Askar, Danjou, Faye – Dugardein, Zubar – Eudeline, Deroin, Lemaître – Mazure. Dugué, première au Stade de France. Comme certains de ses joueurs, Jacky Duguépéroux mettra les pieds pour la première fois au Stade de France cet après-midi à 18 h. « Je passe devant régulièrement lorsque je rends visite à ma famille à Chantilly. Il m'est même arrivé de le survoler une fois, alors qu'il était en construction, lors d'un atterrissage au Bourget. » Nul doute que pour se rendre un peu plus compte de la dimension de l'enceinte, l'entraîneur strasbourgeois aimerait prendre de la hauteur et monter demain chercher la Coupe dans la tribune présidentielle.
Virginie Schaeffer à 20 h. Auteur-compositeur du nouvel hymne du Racing, « Le virage du Krimmeri », porté sur les fonts baptismaux lors de la victoire sur l'OM à la Meinau le 9 avril (1-0), Virgine Schaeffer, qui avait chanté ce jour-là devant 27000 spectateurs, l'interprétera samedi à 20 heures précises. En novembre 2003 à Gelsenkirchen, la chanteuse de Huttenheim avait entonné « La Marseillaise », puis l'hymne allemand, devant les 73000 personnes du match amical Allemagne – France (0-3). Mais elle ne battra probablement pas son record d'audience, puisqu'à cette heure-là , on doute que les 78700 spectateurs attendus aient déjà tous pris place dans les tribunes. Reçu assez fraîchement lors de son lancement par le public alsacien, cet hymne s'ancre petit à petit dans les esprits. Du reste, les paroles en seront distribuées dans les bus du CCS, du KCB et des UB pour être apprises par coeur. « L'hymne entre peu à peu dans les mentalités », assure Jean-Marie Blum. « Tout doucement, ça prend corps. » Ces dirigeants au bel organe. On se gardera bien de dénoncer le coupable. Mais l'anecdote a fini par transpirer: lors d'une récente réunion préparatoire à la finale, quelques-uns des responsables du Racing ont montré de bien belles dispositions pour l'art choral. Et comme un brin de délation bien placée n'a jamais fait de mal à personne, voici le nom des « coupables » : Serge Cayen, directeur du site de la Meinau, Pierre Brochet, directeur de la communication, Jean-Luc Filser, qui cumule les fonctions de speaker et de chargé de communication à la LAFA, et Christophe Krebs, l'un des responsables de la sécurité, se sont lancés dans une interprétation talentueuse et appréciée du « Virage du Krimmeri ». Le quatuor a même fait un triomphe. « C'était très beau », relate notre témoin mystère. « Virginie Schaeffer chante haut et il est parfois difficile de la suivre. Mais avec quatre voix d'hommes qui descendent plus bas, c'était parfait. On aurait dit le « You ‘ll never walk alone » que chantent les supporters de Liverpool » Selon nos sources – celles que l'on qualifie généralement d'autorisées - ces nouveaux frères Jacques (moustache en moins) sont ouverts à toutes propositions pour de prochains concerts.
L'Alsace au rendez-vous. Sur les 22 bus du CCS, 15 partiront de Strasbourg, 1 de Colmar, Biesheim (Ndlr : les deux cars haut-rhinois emprunteront le Col du Bonhomme), Seltz, Saverne et Drulingen et 2 de Phalsbourg. La SANEF est prête. La direction du RCS a alerté la SANEF du flux exceptionnel que connaîtra l'autoroute A 4 ce samedi. « Ses responsables m'ont assuré être prêts », confirme Pierre Brochet.
Pérec au coup d'envoi. Marie-José Pérec, ambassadrice de la candidature de Paris à l'organisation des Jeux Olympiques de 2012, donnera le coup d'envoi de la finale samedi soir. La triple championne olympique s'est retirée des stades il y a un an. Coupe de la Ligue: l'appel d'offres lancé aujourd'hui. La Ligue de football professionnel doit valider aujourd'hui en conseil d'administration le lancement de l'appel à candidatures concernant les droits TV de la Coupe de la Ligue et du Trophée des champions.
« Toute l'Alsace à Paris »
25000 supporters prendront demain la direction du Stade de France-Paris 2012 pour porter le Racing vers un second sacre en Coupe de la Ligue contre Caen. Ils sont prêts.
La scène se déroule lundi à Munster et est rapportée par Muriel Lang, responsable des déplacements du Kop Ciel et Blanc, dernière née des sections de supporters du Racing après une séparation avec le Club Central. Comme il le fait régulièrement, le club bas-rhinois est parti à la rencontre de ses fans au fin fond de la vallée haut-rhinoise, pour renforcer un rayonnement qu'il veut plus que jamais régional. Le directeur général Marc Keller, le secrétaire général Alain Plet, le directeur du marketing et de la communication Pierre Brochet, le directeur du centre de formation Nasser Larguet et son responsable technique Jean-Marc Kuentz répondent dans une ambiance détendue aux questions d'une salle bondée. Marc Keller, évidemment comme chez lui dans le Haut-Rhin (il est né à Balgau), inverse alors les rôles. « Qui, parmi vous, sera samedi à Paris ?», interroge-t-il. « Toutes les mains se sont levées », témoigne Muriel Lang. « Et si, au fin fond de la vallée de Munster, il y a un tel engouement (Ndlr : le club munstérien a, à lui seul, rempli quatre bus), ça veut dire que toute l'Alsace sera à Paris. » Demain, 300 bus, un train et d'incalculables véhicules particuliers participeront à la grande transhumance. Le Club Central des Supporters (22 bus), le Kop Ciel et Blanc (9) et les UB 90 (6, plus 3 venus du club jumelé de Karlsruhe) sont sur un pied qu'on préférera qualifier de paix plutôt que de guerre. « L'organisation a mangé mon temps, c'était un boulot de fou », sourit Muriel Lang, « mais là , c'est carrément le stress. Je ne dors plus. Je me suis fait teindre les cheveux en bleu et je suis allée travailler ce jeudi avec un maillot du Racing. La pression monte. C'est palpable à la Meinau lors des entraînements. Pour préparer ce déplacement, le club a été top. Il nous a beaucoup aidés. Samedi, nos bus emprunteront la RN 4, pour une question de coût et de trafic. Le KCB distribuera gratuitement 400 écharpes spécialement confectionnées pour la finale. » Chez les supporters, tout le monde a ainsi mis la main à la pâte et au portefeuille. Comme ils le font à la Meinau pour les grands événements, les UB 90 organiseront un gigantesque tifo avant le coup d'envoi. « Je ne vous dévoilerai pas son contenu », prévient leur président Frédéric Kientzler, « Notre premier bus part ce samedi à 2 heures pour arriver au stade vers 10 h. Nous préparerons le matériel toute la journée. 17000 feuilles de couleur, accompagnées de consignes, seront installées dans le cercle Sud des gradins. L'opération génère une dépense de 3500 euros que nous avons autofinancée, sans rien demander au club. Car nous sommes indépendants et tenons à le rester. En fait, le gros du boulot a déjà été fait en amont. Je n'ai qu'un regret : que nous n'ayons pas droit à une sono. Les mégaphones sont autorisés, mais ils ne servent à rien dans une enceinte de cette dimension. Ceci dit, on l'a vu contre Amiens en 2001 pour la finale de la Coupe de France où nous nous étions fait manger par les supporters amiénois : l'ambiance que mettra le public alsacien dépendra beaucoup du jeu que développera l'équipe.»
Blum : « Les UB ont un savoir-faire »
Le CCS, lui, convoiera quelque 1200 supporters. Objectif ouvertement affiché : la convivialité, selon son président Jean-Marie Blum. « Les UB se sont proposés pour mettre en place l'animation des tribunes et nous leur reconnaissons bien volontiers un indéniable savoir-faire. A tout seigneur, tout honneur donc. Pour notre part, nous avons, avec les 13 membres du conseil d'administration et des volontaires et amis, tout fait pour faciliter ce déplacement. Pour agrémenter le voyage, nous avons prévu des pots de maquillage, l'organisation d'un concours de pronostic. Dans les bus qui disposent de magnétoscopes, nous diffuserons une copie de la cassette qu'avait éditée le Racing en 2001, retraçant l'euphorie de l'aventure. Et tous nos bus seront équipés sur la vitre arrière de drapeaux aux couleurs du club et de l'Europe pour rappeler que si Paris est la capitale de la France, Strasbourg est celle de l'Europe. » Demain à 2 h, le premier bus des UB 90 donnera le départ de la grande migration bleue vers Paris. Pour aller soutenir un Racing visiteur d'un soir au Stade de France et qui jouera… tout de blanc vêtu.