L'Alsace a écrit :Hosni : « Je suis redevable »
Qualifié depuis hier, le milieu de terrain international égyptien est enfin officiellement strasbourgeois. Il entend désormais briller, peut-être dès demain contre Bordeaux, pour récompenser l'obstination du Racing dans son transfert.
« Oui. Numéro 8. Maison. Pluie. » Hosni Abd Rabo n'est en France que depuis quelques jours, mais débite déjà les rudiments de français qu'il a appris. Avant même son arrivée, l'Egyptien avait émis le souhait de prendre des cours pour s'intégrer au plus vite. Car en signant quatre ans à Strasbourg, le milieu des Pharaons d'Egypte (16 sélections, aucun but) s'est engagé sur le long terme. Il est à Strasbourg pour s'y faire un nom. Avec l'espoir secret - mais pas l'obsession - de faire un jour le bonheur d'un grand club européen. « Ça, on verra plus tard. Strasbourg est déjà une grande étape pour moi, un pas en avant. Avant de songer à d'autres objectifs, je suis ici pour m'épanouir. Le reste viendra naturellement, si ça doit venir. » Au détour d'une conversation rendue possible grâce au concours de son traducteur, l'ancien joueur d'Ismaïlia, dont la qualification pour la réception de Bordeaux est officielle depuis hier matin, s'efforce d'employer le plus souvent possible une langue de Molière qu'il devrait vite maîtriser, si l'on en juge par sa volonté d'apprendre. Il comprend déjà en partie les questions. « Je veux absolument apprendre très vite le français. Sur le terrain, on peut se comprendre avec des mots simples, comme droite, gauche, arrière. Mais dans la vie, ça ne suffit pas. Pour quelqu'un qui, comme moi, laisse son passé en arrière, l'adaptation n'est pas évidente. Mais quand l'homme a des ambitions, rien ne lui semble difficile. » Entre sa signature virtuelle début juin et l'épilogue heureux d'hier, Hosni est pourtant passé par tous les états. « Jamais, en Egypte, personne ne s'était retrouvé dans ma situation : avoir la possibilité de jouer à l'étranger, tout en ayant ses obligations militaires à remplir. C'est pour ça que cela a été aussi compliqué. J'avoue qu'à un moment, je me suis découragé. J'ai eu peur que le transfert ne se réalise pas. Mon manager, Samir El-Sayed, a joué un très grand rôle dans le dénouement favorable. Pendant ces deux mois et demi, j'ai senti à quel point les dirigeants strasbourgeois me voulaient, malgré les obstacles. Aujourd'hui, je me sens redevable. J'ai envie de leur rendre la confiance qu'ils m'ont accordée. »
8 buts avec Ismaïlia l'an passé
Jacky Duguépéroux, qui assurait voici quelques jours que sa dernière recrue avait l'étoffe d'un patron, pourrait bien lui donner sa chance dès demain face à Bordeaux. Le gamin d'Ismaïlia, issu d'une famille de footballeurs et lancé sur les terrains à 11 ans, effectuera peut-être ses grands débuts en Ligue 1. « Mes deux frères jouent à Ismaïlia en équipe B. Mon père y a évolué comme milieu offensif et s'est toujours beaucoup occupé de moi. C'était un grand joueur de tête. C'est pour ça, sans doute, qu'il a fini par perdre ses cheveux (rires). Ne comptez pas sur moi pour suivre son exemple. Je tiens à mes cheveux (il rit encore). » Plus sérieusement, Hosni, qui a accompli ses premiers pas en D 1 égyptienne à 18 ans, n'ignore rien de l'attente qu'il génère, surtout après quelques entraînements prometteurs. « Je sais que les gens attendent beaucoup de moi. Leur confiance me fait plaisir. Mais être à son aise à l'entraînement est une chose, l'être en match en est une autre. Je suis capable d'évoluer aussi bien comme milieu défensif que comme milieu offensif. L'an passé en championnat avec Ismaïlia, j'ai inscrit huit buts. » Jusqu'ici contraint au repos forcé le week-end pour cause de non-qualification, Hosni en a profité pour suivre les matches du Racing. « L'équipe a manqué de réussite. Elle a très bien joué contre Lyon et Monaco. C'est vrai, ç'a été un peu moins bien face à Metz. Mais entre les jeunes joueurs et ceux qui possèdent une grande expérience, il y a moyen de réussir quelque chose de bien. N'oublions pas que le calendrier de ce début de saison est très dur, avec tous les gros ou presque d'entrée. » À défaut d'avoir la puissance de son père dans le jeu aérien, Hosni a visiblement une tête bien pleine. Son intelligence de jeu pourrait être l'un des prochains atouts maîtres du Racing.