dna a écrit : Perrin ne craint personne
Pour sa première sous le maillot du Racing, Lucas Perrin a été gâté, samedi contre le PSG : un Parc plein, un Mbappé intenable et quatre buts dans la musette. Soit un bon bizutage pour le jeune défenseur (22 ans) prêté par Marseille qui a hâte de resserrer les mailles du filet.
Quand on commence l’alpinisme par l’ascension de l’Everest, la suite ne peut paraître que moins ardue. C’est un peu l’opinion que doit partager Lucas Perrin après son baptême du feu avec le Racing, samedi dernier au Parc des Princes.
Pour reprendre une expression qui a cours à Marseille, le longiligne défenseur (1,88m), resté sur le banc une semaine plus tôt contre Angers, s’est fait « emboucaner » par Kylian Mbappé, le champion du monde qui a été impliqué dans trois des quatre buts du PSG.
Pas plus qu’Ibrahima Sissoko ou Alexander Djiku, ses compères en défense centrale, Perrin n’avait de paratonnerre en sa possession pour éviter de prendre la “foudre”. Sauf que lui, positionné à droite de la ligne de trois, s’est coltiné durant tout le match un phénomène monté sur coussins d’air.
« Il fallait que je prenne mon envol et mon indépendance »
« Oui, c’est sûr, avoir Mbappé en face de soi, c’est du lourd, sourit le minot phocéen. Il faut passer par là, même si, malheureusement, ça ne s’est pas trop bien… passé. Après, on prend des buts à la con. Sur le deuxième, c’est “Ludo” (Ajorque) qui dévie le ballon au fond des filets. Et sur le trois à zéro, je fais un tacle (sur le centre de Mbappé) et ça lobe tout le monde… »
Malgré cette première demi-heure cauchemardesque et la défaite logique (4-2) au bout de la soirée, l’intéressé affirme avoir « pris du plaisir, dans un stade rempli, face à une grosse équipe ». Il dit même « ne retenir que du positif », parce que l’essentiel, pour lui, consiste « à jouer et retrouver des sensations ».
Voilà pourquoi il a quitté l’Olympique de Marseille – sous forme de prêt, avec option d’achat – et choisi l’exil à Strasbourg, une ville et un club dont il ne connaissait rien.
Un bouleversement pour le jeune homme, qui n’avait jusque-là encore jamais quitté le cocon familial, non loin du Parc Borély et des plages du Prado.
« J’ai grandi à côté du Vélodrome, où j’ai tout vécu : dans les tribunes, ramasseur de balles, celui qui donne la main aux joueurs pour monter sur la pelouse et, plus tard, le banc de touche et enfin le terrain, énumère-t-il avec un léger accent du sud. J’ai commencé à l’OM à l’âge de quatre ans. Dix-huit ans plus tard, j’ai franchi le pas. Il fallait que je prenne mon envol et mon indépendance. »
Sportivement, son horizon était de toute façon bouché dans l’équipe de Jorge Sampaoli. Car le bouillonnant technicien argentin a tenu à remodeler sa défense.
Le club a consenti à investir quinze millions d’euros pour attirer le Brésilien Luan Peres, transférer définitivement Leonardo Balerdi et se faire prêter William Saliba. Sachant qu’Alvaro Gonzalez et Duje Caleta-Car font encore partie de l’effectif, l’oiseau n’avait d’autre choix que de quitter le nid (*).
« Être plus rigoureux et agressifs »
Après avoir pris quelques renseignements auprès de Mohamed Simakan, autre Marseillais passé par Strasbourg – aujourd’hui à Leipzig –, Lucas Perrin s’est « intégré facilement » à son nouvel environnement.
« Comme j’avais déjà des envies de départ, ça s’est fait naturellement », dit celui qui apprécie « le calme » de la ville.
« L’autre jour, je suis allé dans un resto du coin, raconte-t-il. Il n’y avait pas une voiture qui passe, pas un chat dans la rue. À Marseille, ça vit, ça bouge tout le temps. Ici, on peut se poser, se balader tranquillement. Tout se fait dans le respect, c’est agréable ! » Son seul regret, au final, est de ne « pas avoir ramené le soleil » pour donner quelques couleurs chaudes à cet été pourri.
À l’aise dans la ville, Lucas Perrin entend désormais se rendre indispensable sur le terrain. Une nouvelle occasion lui sera offerte ce dimanche (15h) avec la réception de Troyes. En l’absence de Djiku, expulsé à Paris et suspendu, il fera la paire avec “Ibou” Sissoko dans l’axe.
L’idée consistera bien évidemment à « prendre des points contre ce genre d’équipes ». Avec en sus, comme objectif personnel, « ne pas prendre de but ».
« L’essentiel est de gagner, mais à chaque fois que tu en prends un, c’est énervant en tant que défenseur, dit-il. Alors là, avec six en deux matches (entre Angers et Paris)…»
Face à Touzghar et Ripart, la mission sera peut-être un poil moins compliquée que face à Mbappé, Draxler, Icardi et compagnie…
Pour y parvenir, Perrin ne voit en tout cas qu’un chemin. « Le travail, encore et toujours, assène-t-il. C’est avant tout une question de concentration. Quand tu ne fais pas le pas qu’il faut parce que tu penses que ton coéquipier va le faire, c’est déjà trop tard. On doit être plus rigoureux et agressifs au fil des journées. »
« Montrer que le Racing ne m’a pas pris pour rien »
Un succès contre les Aubois, donc, suivi d’un autre une semaine plus tard au même endroit contre Brest : la feuille de route de cette fin du mois d’août est tracée.
Comment Perrin aborde-t-il la suite, une fois que l’équipe sera renforcée par deux défenseurs supplémentaires et que la concurrence sera accrue ?
« Je n’ai pas d’objectifs précis, mais c’est une année importante pour moi, dit-il. Je veux montrer que le Racing ne m’a pas pris pour rien. Pour le bien de l’équipe, je peux dépanner sur le côté droit mais je suis venu ici pour m’imposer en défense centrale. À moi d’enchaîner les matches. Une sensation que je n’avais plus à l’OM. »
En bon minot de Marseille, Lucas Perrin ne craint dégun. Autrement dit, il n’a peur de rien ni de personne. Maintenant que l’ouragan Mbappé est passé, c’est le moment de le montrer.
(*) Depuis ses débuts contre Dijon le 24 septembre 2019, Lucas Perrin n’a disputé que 11 matches avec l’OM en deux saisons