L'Alsace a écrit : Un maintien en Beauté ?
Une victoire à Bastia, où il est arrivé hier après un long voyage, permettrait au RCS de valider en soirée (20 h) son maintien en Ligue 2. Plus facile à dire qu’à faire : les Bleus n’ont jamais gagné à l’extérieur et le Sporting ne perd plus à Furiani, certes à huis clos tout à l’heure.
19 février 2010. Le Sporting-Club de Bastia s’incline à Nantes 3-1 lors de la 25 e journée de Ligue 2. Dernier depuis la 14 e journée, il accuse alors 10 points de retard sur le premier non relégable, Châteauroux. Le National semble au bout du chemin. Le club insulaire, qui a changé deux fois d’entraîneur (Ndlr : Philippe Anziani remplacé par Michel Padovani fin novembre, lui-même écarté et rendu à la condition d’adjoint au profit de Faruk Hazdibegic quinze jours plus tard), est à l’agonie.
Le renfort de Xavier Pentecôte, prêté par Toulouse au mercato d’hiver et qui commence à peine à enquiller les buts, n’a pas encore produit son effet. Mais au moment où son sort paraît réglé, le SCB va relever la tête.
Lui qui n’a récolté que 17 points en 25 journées va en engranger presque autant (14) lors des sept suivantes. Il aligne même trois victoires, s’en va signer son premier succès à l’extérieur le 2 avril à Ajaccio (1-0) et revient à trois points du premier non relégable, Istres. C’était au soir de la 32 e journée, juste avant une vilaine claque reçue chez le dauphin brestois vendredi dernier (4-0).
« Tous besoin d’être à 100 % »
Ce matin, le club corse, qui reste sur un nul et trois victoires à Furiani, est donc toujours lanterne rouge, avec cinq longueurs de retard sur le 17 e, Vannes, que Guingamp ne devance qu’à la différence de buts. À cinq journées du terme, les coéquipiers d’un Pierre-Yves André qui prolonge le plaisir à près de 36 ans (13 buts, 3 passes décisives) « abattent leur dernière carte » face au Racing, selon le coach alsacien Pascal Janin. « Les Bastiais ont le couteau sous la gorge et, un peu comme Istres, prennent énormément de risques en jouant rapidement sur Pentecôte (9 buts en 10 matches depuis son arrivée) et André dans la profondeur. Il y a quinze jours, nous n’avions pas pu exploiter les failles istréennes. J’espère que nous saurons mieux le faire à Furiani. »
Le technicien bas-rhinois ne le cache pas : que le Racing soit la dernière équipe à n’avoir pas gagné hors de ses bases le chagrine. « Même Bastia a fini par y arriver. Bien sûr, nous avons la possibilité de nous sauver uniquement à la maison. Mais j’aimerais que nous rectifiions ce manque à l’extérieur. De temps à autre, nous n’avons pas été si loin de prendre les trois points (Ndlr : à Ajaccio, Brest, Angers ou Caen notamment) . Mais ça ne s’est pas fait et c’est dommageable. J’aimerais que nous puissions nous tranquilliser avec trois points récoltés hors de la Meinau. Alors, j’attends un autre comportement qu’à Istres où nous avons été battus sans rien essayer. Là-bas (défaite 2-0) , puis contre Dijon (succès 3-1) , la préparation et les sensations d’avant-match ont pourtant été les mêmes. Je ne m’explique toujours pas un tel écart de comportement. Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas de marge et que nous avons tous besoin d’être à 100 % pendant 90 minutes pour espérer quelque chose. Contre Dijon, nous avons montré que nous pouvions battre n’importe qui. Mais quand on ne s’est pas imposé en 16 déplacements, c’est que quelque chose cloche. »
Sans doute. Mais le RCS, bancal durant l’été et l’automne, ne s’en est pas moins redressé cet hiver. Et une première victoire à l’extérieur ce soir achèverait de le remettre d’équerre.
Janin indécis
Alors que le voyage en train, puis en avion s’est déroulé sans anicroche et que les Bleus sont arrivés ce jeudi en fin d’après-midi à Bastia, Pascal Janin s’est donné jusqu’à ce matin pour élaborer son onze de départ. Dans une équipe par ailleurs sans surprise, le coach hésitait encore hier soir entre deux options : titulariser Quentin Othon sur le côté gauche et aligner ainsi Magaye Gueye aux côtés ou en soutien de Nicolas Fauvergue ; ou décaler Gueye sur le flanc gauche et confier à Marcos un rôle de neuf et demi pour tenter de tenir davantage le ballon qu’à Istres voici deux semaines. Victime d’une intoxication alimentaire la semaine passée, Othon, qui avait perdu trois kilos, n’était en effet pas très gaillard ces derniers jours. « Je discuterai encore avec Cyril (Serredszum, son adjoint) et Alex (Vencel, son entraîneur des gardiens) et trancherai vraisemblablement demain matin (aujourd’hui) », annonçait le technicien vers 17 h. À Bastia, Jacques-Désiré Périamtambée, en délicatesse avec ses adducteurs depuis la défaite à Brest, est incertain et pourrait être remplacé par Gomez dans l’entrejeu (Ndlr : Jean-Jacques Rocchi a été conservé comme 17 e, au cas où). Le gardien Dominique Agostini, qui avait profité de la blessure du titulaire, le Brésilien Novaes, pour disputer les six derniers matches, est, après ses quatre buts encaissés dans le Finistère, en balance avec le Sud-Américain. Le tandem Pentecôte - André (22 buts) mènera évidemment l’attaque bastiaise. Blessés respectivement à la cuisse gauche et au quadriceps droit, Florent Ghisolfi et Féthi Harek ont appris cette semaine que leur saison était terminée. A priori, le lourd échec rapporté de Brest (4-0) n’a pas laissé trop de traces au sein de l’effectif corse. Les joueurs de Faruk Hadzibegic s’étaient préparés à l’idée de perdre chez le dauphin de Ligue 2, ce qui, en soi, n’avait rien d’infamant. Qu’ils aient regagné leurs pénates avec les valises pleines ne changent rien à la donne : s’ils veulent s’en tirer, ils doivent remporter quatre de leurs cinq dernières rencontres. Malgré l’accroc breton, leur parcours récent prouve que cette mission n’est peut-être pas aussi impossible qu’elle en a l’air.
DNA a écrit :Se sauver en beauté
Ce soir à Bastia, le Racing peut faire un pas presque définitif vers le maintien en L 2, là où les Bastiais risquent d'entamer un voyage sans retour vers le National. Les possibles trois premiers points à l'extérieur, tant attendus par les Strasbourgeois, n'en revêtent que plus d'importance.
L'occasion est belle. Doublement belle même. Le Racing a une nouvelle opportunité, ce soir sur la pelouse de la lanterne rouge, de décrocher (enfin) sa première victoire de la saison à l'extérieur. Une victoire enterrerait sans aucun doute les derniers espoirs de maintien bastiais et permettrait aux joueurs de Pascal Janin d'atteindre la fameuse barre des 43 points. Bien sûr, les esprits chagrins feront remarquer qu'un succès strasbourgeois ne serait pas (encore) synonyme de maintien officiel. Certes. Mais avec une dixième victoire, le Racing serait alors tout proche de renouveler son bail en L 2. Sentant (un peu tard ?) le vent du boulet, l'équipe de Faruk Hadzibegic, longtemps lâchée par les autres concurrents au maintien, s'est réveillée depuis quelques semaines - 14 points sur les huit derniers matches, trois victoires consécutives à Furiani. Et c'est justement ce qui fait "peur" à Pascal Janin. « Bastia n'a plus rien à perdre, estime le coach alsacien. Et une équipe est d'autant plus dangereuse quand elle est dos au mur. Les Bastiais vont prendre tous les risques. Sur une saison, cela ne peut pas marcher mais là... » La situation corse n'est pas sans rappeler celle d'Istres au moment d'accueillir le Racing il y a quinze jours. Et le scénario n'avait alors pas été en faveur des Strasbourgeois (2-0). Pascal Janin n'en fait pas mystère. Le profil de son équipe devrait être plus défensif sur les rives de la Méditerranée, là où l'entraîneur strasbourgeois n'avait pas hésité à jouer l'offensive face à Dijon. « Le contexte n'est pas le même. Bastia joue sa dernière carte. » Lors du dernier entraînement, mercredi, Janin évoquait son intention de choisir « les garçons capables de lutter et de résister à la pression ».
« Ça reste un match à onze contre onze avec un ballon... »
Preuve que le coach alsacien s'attend à un véritable combat : sa décision de ne pas emmener Ledy et Brahmia sur l'Ile de Beauté, considérant que la rencontre qui attend ses troupes ne correspond pas « aux petits gabarits techniques ». « Sans manquer d'ambition offensive, il faudra être solide défensivement, surtout ne pas prendre de but », martèle Pascal Janin. « Il faudra être capable de priver Bastia de ballons » et plus particulièrement ses deux attaquants, en pleine réussite actuellement. Xavier Pentecôte, l'avant-centre toulousain prêté lors du mercato hivernal, a ainsi inscrit neuf buts en dix matches depuis son arrivée en Corse. Son compère de l'attaque, Pierre-Yves André, en est lui à treize réalisations. Les efforts de ce duo de feu seront-ils suffisants pour éviter la relégation en National d'un club, qui, dans une autre vie, a été finaliste en 1978 de la défunte Coupe de l'UEFA ? Il faudra en outre savoir gérer le contexte d'un match à huis-clos, situation que la plupart des joueurs alsaciens (hormis Sikimic en Serbie et Maire à... Bastia) ne connaissent pas. Pour Pascal Janin, ce sera également une première, mais ce dernier ne s'en formalise guère. « C'est sûr que cela va sonner le creux. Mais ça reste un match à onze contre onze avec un ballon... » Si ce déplacement à Bastia n'a pas été un long fleuve tranquille (voir par ailleurs), il pourrait permettre, en cas de succès alsacien, d'envisager une fin de saison sans déferlante.
Simon Giovannini