Et maintenant ? Tenu en échec par Bâle (2-2), hier soir à la Meinau en huitièmes de finale retour, le Racing achève sa rafraîchissante fugue européenne. Désormais, les Strasbourgeois ont huit journées devant eux pour sauver les meubles en championnat. Soit autant de matches où soufflera l'esprit de la coupe. A la vie, à la mort, quoi.
« Notre finale de Coupe d'Europe, on la joue dimanche à Saint-Etienne. » Jacky Duguépéroux n'a pas eu le temps de s'appesantir outre mesure sur l'élimination du Racing. Hier soir, dans les couloirs de la Meinau, l'entraîneur alsacien portait déjà son regard sur Geoffroy-Guichard, chaudron duquel ses hommes devront impérativement sortir indemnes. Donc victorieux.
Autant dire que cet objectif avait d'entrée calmé les dernières velléités européennes, il est vrai sérieusement mises à mal après la défaite voilà huit jours en Suisse (2-0). D'exploit, hier soir, il n'en a d'ailleurs jamais été question.
« Notre aventure se termine de manière un peu triste » Le public alsacien l'a bien compris, lui qui a traîné les pieds pour rallier la Meinau. Malgré l'apport bruyant et fumant des supporters suisses, l'affluence - 8 115 spectateurs - est la deuxième plus faible de la saison. Un comble pour un huitième de finale de Coupe d'Europe.
« Notre aventure se termine de manière un peu triste, déplore Duguépéroux. Je n'ai senti aucun engouement tout au long de notre parcours. Pourtant, on n'a perdu qu'un match (celui de Bâle) en dix sorties. Bon, voilà , c'est bien pour le palmarès du club. Moi, je suis surtout content de ne compter aucun nouveau blessé. »
Perdu pour perdu, il n'a pas été question de prendre le moindre risque. Abdessadki, préservé en raison d'une douleur à la cheville, est resté dans les tribunes. Amara Diané, lui, n'a pas quitté son haut de survêtement. Pas plus que Lacour ou Hosni, tous très sollicités ces dernières semaines.
L'aventure européenne n'aura peut-être pas été vaine Du coup, l'équipe strasbourgeoise affiche un visage juvénile, sans grande expérience. Bâle, venu à Strasbourg pour se mettre rapidement à l'abri, n'en demande pas tant. La partie n'est vieille que de deux minutes et des brouettes que trois Suisses, dont le Brésilien Eduardo, se présentent déjà devant Puydebois. Pour Strasbourg, qui voulait emballer la partie, c'est déjà cuit.
« La messe est dite très rapidement, reconnaît Duguépéroux. Marquer quatre buts à Bâle est une épreuve trop difficile pour nous. Si je suis déçu, c'est à cause de notre première mi-temps au match aller, où nous sommes complètement passés à côté. Et de nos erreurs qui nous coûtent le deuxième but. J'espère au moins que mes joueurs ont appris que les petits détails font la différence et que seule la rigueur paye. »
Si les Strasbourgeois daignent retenir la leçon, l'aventure européenne n'aura peut-être pas été vaine. En dépit d'une fin de saison éminemment compliquée, les Bleus peuvent encore espérer s'en sortir. Ça relèverait certes du miracle, mais une petite lueur scintille encore dans la nuit.
« Une question de fierté que de ne pas perdre » Parmi les rares satisfactions qui émergent de cette élimination, le joli petit but du jeune Carlier, son premier en professionnel, et la réaction d'ensemble en deuxième période peuvent donner un peu de baume au coeur. « C'est une question de fierté que de ne pas perdre ce match, enchaîne Duguépéroux. Surtout après trois défaites consécutives. »
Animé d'un esprit de guerrier, le Racing s'en ira défier Saint-Etienne dimanche soir. Là aussi, il sera question de fierté. Peut-être même pour la dernière fois de la saison, si d'aventure ça venait à mal se passer. Les Bleus ne vont quand même pas louper leur finale de Coupe d'Europe...
Carlier ouvre son compteur Le premier but de Rudy Carlier chez les professionnels a juste redonné de l'espoir à une équipe strasbourgeoise trop vite ramenée à la raison.

PUYDEBOIS. - Livré à lui-même sur le premier but suisse, il ne s'est en revanche pas montré très solide sur le second. Un match frustrant pour le remplaçant de Cassard, qui termine avec deux buts dans la musette sans avoir eu l'occasion d'effectuer le moindre arrêt délicat.
DEROFF. - Un peu hésitant sur l'action qui amena le 2e but bâlois (il a eu peur de provoquer un penalty), le capitaine d'un soir a fait preuve par ailleurs d'opiniâtreté et de disponibilité.
BELLAID. - Dernier défenseur sur le premier but de Bâle, inscrit par Eduardo à l'issue d'une action développée à la limite du hors-jeu, il a parfaitement digéré ce coup du sort. A multiplié par la suite les interventions tranchantes, se démenant comme un beau diable dans les grandes largeurs.
KANTE. - Son allant a été récompensé par un but (son 3e de la saison) qui permet au Racing de terminer sa campagne européenne invaincu à la Meinau. Entouré de joueurs inexpérimentés, le patron a dû se résoudre à voir sa défense prise à revers par deux fois, pour autant de contre-attaques suisses rondement menées, et victorieuses.
ABOU. - Parfois mis en difficulté, notamment sur le deuxième but bâlois où il se troue devant Eduardo, l'Egyptien a aussi su se montrer dangereux à l'approche du but adverse, notamment sur un bon coup de tête détourné in extremis par un défenseur suisse. A beaucoup crapahuté par ailleurs.
Faty: retour aux affaires délicatFATY. - Retour aux affaires délicat pour le jeune milieu récupérateur (19 ans), qui n'a pas ratissé beaucoup de ballons. Placé devant la défense, à un poste demandant des habitudes et un certain sens tactique, il n'a pas toujours fait les bons choix.
JOHANSEN. - Animé des meilleures intentions, il a toujours cherché à créer. Alternant jeu court et jeu long, il a connu pas mal de déchet.
P. FARNERUD. - Des courses latérales, des remises, mais une bien faible menace pour l'adversaire, tout bien pesé. Le problème, c'est qu'il ne s'engage quasiment jamais vers l'avant.
BOKA. - Suite au forfait de Diané, il s'est retrouvé par ricochet dans un rôle plus offensif que prévu. La plupart de ses tentatives ont échoué, mais il a eu le mérite de tenter des trucs.
CARLIER. - S'est montré en 1re période, inscrivant même un but (en force) au milieu d'une défense suisse un peu perdue sur ce coup-là . Monté d'un cran après la pause pour épauler Alex Farnerud aux avant-postes, il n'a plus guère touché le ballon, sauf pour le perdre.
A. FARNERUD. - Bénéficiant de davantage de soutien que lors de ses dernières apparitions, le cadet des Farnerud a du même coup été un peu plus en vue. Souvent alerté, il a trouvé quelques intervalles, touchant la balle sur les deux actions de but strasbourgeoises.
Deroff : « Les Suisses ont fait ce qu'il fallait » YVES DEROFF (capitaine Strasbourg). - « Le premier but nous a fait mal, mais nous avons trouvé la force mentale pour revenir. Là , nous nous procurons deux belles occasions, mais finalement, c'est Bâle qui marque. Dès lors, c'était foutu. C'est dommage, car il y avait sûrement la place pour passer. Mais les Suisses ont fait ce qu'il fallait, surtout chez eux en gagnant 2-0. Je retiens néanmoins que nous terminons invaincus à la Meinau dans cette coupe de l'UEFA. »
JACKY DUGUEPEROUX (entraîneur Strasbourg). - « Nous avons encore pris deux buts, mais cette fois-ci sans perdre. Désormais, il faut se consacrer au championnat à 200%. Maintenant que cette campagne est terminée, je regrette qu'il n'y ait pas eu une grosse affiche à la Meinau. Je souhaite bonne chance à Bâle pour la suite. »
RUDY CARLIER (attaquant Strasbourg). - « Nous avons bien réagi après le premier but de Bâle. J'en ai même profité pour marquer mon premier but avec les professionnels, ce qui me laissera un grand souvenir de ce match. A 1-1, tout restait possible. Après tout, le foot est parfois magique. Nous avons tout donné, sans jamais baisser les bras, mais cela n'a hélas pas suffi. »
CHRISTIAN GROSS (entraîneur Bâle). - « Cette qualification est un immense succès pour le club et je suis ravi pour nos supporters et nos joueurs. Ce huitième de finale a basculé au match aller, chez nous, quand nous avons marqué notre 2e but. Mais j'avais raison de me méfier du Racing au retour, car il s'est montré collectif et très offensif comme je le prévoyais. »
EDUARDO (attaquant Bâle). - « C'est la première fois que j'inscris deux buts en coupe d'Europe. Le premier est sans doute le plus facile que j'aie jamais eu à marquer. Je suis très heureux, car j'ai pu aider mon équipe à se qualifier pour les quarts de finale. Et ça n'a pas été si facile que ça, car à 1-1, nos adversaires ont été plusieurs fois dangereux. S'ils avaient rapidement marqué un 2e but, nous aurions pu être mis en difficulté. »
BA (Milieu de terrain Bâle). - « Nous étions un peu fatigués suite à l'enchaînement des matches. Heureusement pour nous, Strasbourg traverse une période difficile et a du mal à développer son jeu collectif malgré un effectif de qualité. L'essentiel pour nous était de rester concentrés. Maintenant que nous sommes en quarts, l'objectif est d'aller encore plus loin. »