dna a écrit :Le monde de Seka
Ernest Seka, défenseur central de formation, a changé de costume pour devenir défenseur latéral à plein-temps. Un poste que celui qui joue sa quatrième saison au Racing a fini par apprivoiser.
Ernest Seka, 30 ans, n’est pas le plus bavard des joueurs du Racing. Et c’est un euphémisme. Le natif de Clichy-sous-Bois, qui a débuté le foot dans sa ville de Sarcelles, est plus à l’aise balle au pied que devant les médias. « On peut parler, parler… Mais la vérité, c’est sur le terrain », lâche-t-il en souriant.
« On est vraiment sortis frustrés du match »
Alors le mieux est encore de parler de ce carré vert où Ernest Seka brille ces derniers temps. À tel point que la défaite face à Saint-Étienne, à la Meinau (0-1), ne l’a pas empêché d’être dans le onze type de la 33e journée du quotidien L’Équipe.
Mais pas de quoi perturber plus que cela le colosse de la défense, arrivé en juin 2014 à Strasbourg.
« Je préfère ne pas être dans l’équipe-type et gagner le match. Car on est vraiment sortis frustrés », avance celui qui portait le brassard de capitaine sous l’ère “Dugué” et qui avoue être « resté le même » depuis son arrivée en Alsace.
Mais Ernest Seka reconnaît tout de même que cette récompense fait plaisir. Surtout qu’il a été distingué à un poste de latéral encore nouveau pour lui.
« J’ai toujours joué en défense centrale et à trente ans, j’ai dû changer de poste. Je défie quiconque d’y arriver, car ce n’est vraiment pas simple, souligne le joueur. Après, je reste un défenseur, c’est sûr, mais j’ai dû prendre de nouveaux repères. Les efforts sont complètement différents et j’ai un autre rôle : je dois prendre le couloir, centrer… »
Il l’avoue lui-même : le plus dur a été de trouver le bon rythme. Et Thierry Laurey, son entraîneur, le confirme. « Au début, il avait du mal à terminer les matches. Mais il a appris à gérer ses efforts, ses montées. Il a tout à fait pris la mesure du rôle technique et tactique du latéral », expose le coach des Ciel et Blanc. Avant d’ajouter : « Ernest est puissant et il se débrouille bien offensivement. Il a élargi sa panoplie et sa polyvalence fait qu’il est très utile ».
Ernest Seka, lui, répond simplement qu’il s’est « adapté », tant bien que mal puisque ce poste n’est pas celui qu’il affectionne le plus. Mais comme il le résume bien : « Les blessures des uns et des autres m’ont poussé à jouer. Et j’ai répondu présent ».
Pourtant, ce n’était pas forcément gagné d’avance pour celui qui découvrait un nouveau poste, mais aussi la Ligue 1.
« Tout va plus vite, c’est plus technique et tactiquement, il faut vraiment être concentré, dit Ernest Seka quand on lui demande son avis sur l’élite. En Ligue 2 et encore plus en National, il y avait plus de marge. »
« Dans ma bulle »
Mais quel que soit le niveau où il évolue, ses qualités de guerrier restent appréciables, surtout dans une fin de saison tendue où le Racing doit arracher des points pour son maintien. « Quand tu joues la montée, il y a du stress, mais cela reste positif car l’équipe est en forme. Quand tu joues le maintien, c’est différent. Tu peux être dans une spirale négative et mentalement, c’est plus compliqué », souligne-t-il.
Ernest Seka assure qu’il est prêt à «se battre jusqu’au bout ». On peut le croire. Car depuis qu’il joue au Racing, le défenseur a presque toujours joué sa saison lors de l’ultime journée. « C’est la quatrième année que je vis cela et on sait qu’il faudra s’accrocher. Après, si on peut assurer notre maintien avant la dernière journée, ce serait bien. »
Et cela passe certainement par une bonne performance sur le terrain de la Licorne, à Amiens. Une pelouse qu’Ernest Seka connaît bien pour y avoir évolué en National, lors de la saison 2013/2014.
« Amiens va être une équipe très difficile à affronter. Pelissier (l’entraîneur d’Amiens, ndlr) a su donner une âme à ce groupe et je pense qu’ils vont se maintenir, analyse-t-il. Ils ont su garder le groupe de l’an passé, tout en faisant un recrutement intelligent. »
Autre secret de la Licorne, si l’on en croit le défenseur : un état d’esprit irréprochable. « Ils ont gardé leurs valeurs et ne se prennent pas pour d’autres, ils restent à leur place, discrètement… Franchement, ça ne m’étonne pas de les voir en Ligue 1. Même quand j’y étais, en National, c’était déjà un club ambitieux. »
Reste que si Ernest Seka peut jouer un vilain tour à ses anciens partenaires, il ne s’en privera pas. « Il faut continuer de lutter avec envie et cœur, avance le défenseur. Garder cet état d’esprit et ne rien laisser à l’adversaire. »
Lui préparera donc ce match à Amiens comme les autres : en restant dans sa « bulle », en compagnie de sa famille. Une famille qui s’est élargie la semaine passée, avec la naissance de son fils, et qui l’a toujours soutenu.
Le reste, il n’en a cure. « La famille et les amis, c’est le plus important. Ce que disent les autres gens, ça rentre par une oreille et ça sort par une autre. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux et tout ça. Ça ne m’intéresse pas. »
On l’a dit et on le répète : le monde de Seka, c’est le carré vert. Et rien que le carré vert…