DNA a écrit :Un round de gagné
Le conciliateur du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) a demandé à la Fédération Française de Football (FFF) d’examiner le budget du Racing pour la saison 2011-2012. La menace de double peine s’éloigne.
L’heure n’est pas encore de sabler le champagne. Mais un petit ouf de soulagement ne semble pas totalement injustifié.
À Paris mercredi, pour une réunion de conciliation au CNOSF, Patrick Spielmann, le président de l’association Racing, a convaincu. En face de lui, la représentante juridique de la FFF a tenté de défendre le bien fondé de la double peine — soit une nouvelle relégation en 2012 en raison du récent dépôt de bilan après celle intervenue il y a un mois pour des considérations budgétaires — frappant le club strasbourgeois.
« Un avis qui nous redonne espoir »
« Le conciliateur a finalement rendu un avis qui nous redonne espoir, a commenté Patrick Spielmann hier. Il a annoncé que notre association avait raison sur deux points : d’une part, la Direction nationale de contrôle de gestion n’avait pas pris en compte l’abandon de créance pour reléguer le Racing en CFA, d’autre part, la Fédération n’a pas à considérer le dépôt de bilan de la SASP pour envisager la saison à venir puisque le budget est supporté par l’association. »
Ce verdict, qui impose à la FFF de reconsidérer le budget du Racing ce qui peut conduire à l’intégrer à la CFA sans lui imposer une relégation automatique en fin de saison, n’est pas loin de constituer une bombe pour la Fédération. Concrètement, il fait une distinction inédite entre la section professionnelle et les fondations amateurs d’un club. Fondamentalement, il remet même en cause la relégation en CFA du Racing.
Il n’est néanmoins pas dans les intentions des porteurs du dossier de redémarrer au 3 e échelon de la hiérarchie. « Mais ça nous conforte dans l’idée qu’on avait raison de ne pas se résigner, souligne Patrick Spielmann. Ça ouvre des possibilités de discussion. La FFF doit prendre en compte le souci de reconstruire sur des bases saines. »
Pour une fois, le Racing a marqué des points
La présence à Paris d’un investisseur potentiel, mais aussi des représentants des collectivités locales a sans doute pesé pour gagner la bataille. Au sortir de la réunion, au regard de la position inflexible de la Fédération, l’optimisme n’était pas général. « C’est une bonne chose que le CNOSF a reconnu la position du club, apprécie Alain Fontanel, le maire intérimaire puisque Roland Ries est actuellement en vacances. La dissociation entre l’association et la SASP (ndlr : effective puiqu’aucune convention ne liait les deux parties depuis des mois) était devenue une évidence ces derniers mois. Pour l’éthique sportive, il est important que l’association ne soit pas victime des dirigeants de la SASP. C’est ce que le CNOSF a reconnu dans sa décision. »
L’examen du budget strasbourgeois pour la saison 2011-2012, avec un tour de table qui devrait rassembler près de 2,5 millions d’euros et donc offrir la possibilité de construire une équipe ambitieuse, ne garantit pas un avenir sans nuage pour le Racing en CFA. Le comité exécutif de la FFF peut d’ailleurs refuser, via un veto, de suivre l’injonction du conciliateur. Hier matin, il a notamment refusé de suivre le CNOSF sur le cas cannois (voir page 1). A priori, le prochain comité exécutif fédéral est programmé le 22 août, soit après la 2 e journée du championnat.
« La décision peut être prise à la faveur d’une réunion téléphonique », précise Patrick Spielmann. Mais dans tous les cas, le verdict du conciliateur donne du crédit aux positions strasbourgeoises et à la contestation de la double peine. Au pire, si la FFF devait confirmer la dure sanction, le tribunal administratif serait un recours. Et il a pris l’habitude de suivre les avis du CNOSF. Le feuilleton n’est pas fini. Mais, pour une fois, le Racing a marqué des points.
Fr.N.
L'Alsace a écrit :Le CNOSF en renfort
Le comité national olympique a demandé hier à la Fédération française de football de réexaminer la situation du Racing Strasbourg, rétrogradé selon lui hâtivement en National.
C’est un bol d’air frais qui pourrait devenir un gros ballon d’oxygène. Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui a reçu mercredi une délégation de l’association support du Racing football, a estimé que la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) de la Fédération française de football (FFF) avait rétrogradé hâtivement le Racing de National en CFA il y a un mois de cela. « Le CNOSF a reconnu qu’il y avait manifestement eu une erreur d’appréciation de la DNCG sur la situation du club à l’époque», explique Patrick Spielmann, président de l’association support.
Pour le CNOSF, la DNCG n’aurait pas dû rejeter des pièces telles que les abandons de créances d’Hilali, de RLS (Robert Lohr et Léonard Specht), de Pignatelli et d’Egon Gindorf pour apprécier la situation comptable du club. Surtout, elle aurait dû prendre en compte le « plan B » que voulait présenter l’association support, qui n’avait même pas pu présenter durant l’audition le budget qu’elle avait préparé pour l’occasion. « Ce qui est important, c’est que le CNOSF reconnaisse les droits de l’association support et son droit à se séparer de la SASP, constate Alain Fontanel, chargé du dossier RCS à la mairie de Strasbourg. C’est important parce que le plan B qui devait être présenté à la DNCG reposait justement sur cette séparation des destins de la SASP et de l’association support ».
« Un argument précieux pour recruter »
La proposition de conciliation du CNOSF sous-entend, entre autres, que les dirigeants de l’association support ne doivent pas répondre des errements de la gestion passée.
Rappelons que le club était jusqu’à présent sous le coup d’une double sanction : relégué administrativement en National, il pouvait également être relégué une seconde fois à l’issue de la prochaine saison en CFA en raison de son placement en liquidation judiciaire. « Nous attendons maintenant avec impatience la décision de la fédération, reprend Patrick Spielmann. Si nous échappons à la double peine, ce sera un argument précieux pour recruter, faire venir certains joueurs qui hésitent pour l’instant à nous rejoindre en CFA. Et on peut les comprendre : aucun joueur n’a envie de disputer une saison alors qu’il sait qu’il n’aura pas le droit de monter ou qu’il sera relégué quoi qu’il arrive en fin de championnat… »
L’avis du CNOSF, s’il n’est que consultatif, fait foi tant que le comité exécutif de la FFF, qui dispose d’un droit de veto, n’a pas rendu son verdict. Celui-ci est attendu au plus tôt en cette fin de semaine, plus vraisemblablement au courant de la semaine prochaine.
D’ici là, une autre échéance attend le Racing : les éventuels repreneurs ont jusqu’à demain samedi pour faire part de leur offre. « La décision du CNOSF me conforte dans ma volonté d’essayer d’aider l’association support », se réjouit Frédéric Sitterlé, seul repreneur connu pour l’heure. Il guette désormais, comme les autres, le feu vert fédéral.
Jean Deutsch