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Le titre me dit quelque choseL'Alsace a écrit :Lacour des grands
Grâce à un doublé de son capitaine – du gauche s'il vous plaît – un petit Racing est allé chercher une victoire inespérée dans les arrêts de jeu hier à Troyes (2-1). La 4e d'affilée qui lui offre cinq points d'avance sur le 4e, Montpellier. Ça sent bon.
Il y avait le Lilian Thuram de la Croatie, auteur d'un improbable doublé en demi-finale du Mondial 1998 pour ses deux seuls buts en Bleu. Il y a désormais le Guillaume Lacour de Troyes, lui aussi impensable double buteur hier soir à Troyes, lui qui n'avait jamais marqué en 200 matches de championnat avec le club strasbourgeois, où il est pro depuis janvier 2002. Pour le capitaine, le 201e aura donc été le bon. Dans une rencontre où les Alsaciens ont d'abord pataugé, ensuite surnagé, le milieu mobylette a retourné une situation compromise en frappant deux fois de son mauvais pied, le gauche, avec lequel il n'est finalement pas maladroit. Les Bas-Rhinois se sont offert en tout et pour tout deux occasions en 90 minutes, 93 pardon. Ils les ont mises au fond et repartent du stade de l'Aube avec 3 points alors que les Troyens ont ouvert le score par Ousmane Sarr en début de 2e mi-temps et touché ensuite le poteau à deux reprises par Titi Buengo. Comme quoi… On passera sous silence une première période d'une rare indigence. Sauf pour signaler la sortie de Jean-Alain Fanchone, victime d'un coup sur le genou droit et suppléé par Grégory Paisley à la 36e. Et pour rappeler que le Racing entretient alors une invincibilité vieille de plus de trois matches. Mais cette invincibilité ne va pas résister bien longtemps au retour des vestiaires. Moins de 9 minutes. Pour la première fois depuis 6 h 14', Cassard va aller chercher le ballon au fond de ses filets. Sur un coup franc trop faiblement renvoyé, Sarr, qui avait failli signer au RCS il y a quelques années, avant de s'engager à Saint-Etienne, décoche un missile dont le gardien bas-rhinois ne voit pas le départ. Lorsqu'il réagit, il est trop tard (54e).
« On n'a pas été très bons »
A force de jouer à la baballe, le matou strasbourgeois, qui se croyait sans doute tapi, prêt à bondir sur une ESTAC qu'il caressait gentiment dans le sens du poil, vient de prendre un bon gros coup de pied au derrière. De quoi lui faire sortir les griffes ? Pas vraiment. Il continue de ronronner son football et reçoit quelques nouveaux coups de patte aubois, comme cette demi-volée extérieur du droit de Buengo qui vient percuter le poteau gauche (71e). Mais Lilian Lacour - ou Guillaume Thuram - se prépare à entrer en scène. Après une frappe contrée de Kébé, lancé quelques minutes plus tôt à la place d'un Traoré pas content, il ajuste une demi-volée du gauche freinée par Baudry, mais qui trompe quand même Merville (72e). En sept années de professionnalisme, il n'avait marqué qu'une fois à Graz en Coupe UEFA en septembre 2005. On l'aura compris : dans ce match qu'ils ne maîtrisent nullement, les Bleus ne sont à l'abri de rien. La preuve sur cette nouvelle demi-volée de Guidilleye aux 20 m, péniblement repoussée par Cassard. Buengo récupère le ballon, élimine le gardien alsacien, mais, excentré, trouve inexplicablement, pour la 2e fois, le poteau gauche d'un but désert (78e). Les Strasbourgeois tremblent. Zorro Lacour se prépare à surgir une 2e fois du bout de la nuit, dans la 3e minute des arrêts de jeu. Cette fois, sa fusée du gauche file pleine lucarne. Elle vaut deux points de plus et repousse le 4e, Montpellier, à 5 longueurs à 9 journées de la fin. C'est, sans doute, ce qu'on appelle la chance du futur promu, même si le héros du soir préfère la jouer modeste : « Nous n'avons pas été très bons. C'est, avec le résultat, ce qu'il faut retenir. Cette victoire fait néanmoins du bien au moral. Elle est bonne pour l'équipe, mais je la garderai aussi en mémoire, car j'ai ressenti une joie particulière, de double buteur décisif, que je ne connaissais pas. » Lors du décompte final, elle risque de valoir son pesant d'or.
En jeu
Cassard 3,5. Ducrocq 4,5. Pelé 7. Shereni 5. J.-A. Fanchone (non-noté, Paisley 4,5). Cohade 6,5. Lacour 8. J. Fanchone 4,5. Marcos 4. Dja Djedje 3. Traoré 5.
De notre envoyé spécial Stéphane Godin
