L'Alsace a écrit :En plein dans le 2000
En renouant hier avec la victoire face à un pâle Toulouse (2-0), le RCS s'est, pour son 2000e match en Ligue 1, redonné confiance et donné un peu d'air avant un capital déplacement à Lens samedi.
Grappiller, grappiller et grappiller : tels étaient les trois mots d'ordre de Jean-Marc Furlan en ce pénible mois de janvier. Un peu heureux, ses hommes étaient allés chercher un point à Auxerre samedi. Hier à la Meinau face à Toulouse, pour un symbolique 2000e rendez-vous en L 1, ils en ont ajouté trois de plus. Ils n'ont pas forcément été grandioses. Mais en cette période délicate, la question n'était pas là . « Il faut savoir se contenter de ce qu'on a », plaide Yacine Abdessadki, « Nous savions que ce serait difficile, d'autant que nous étions dans une spirale négative. Mais même si nous avons encore eu pas mal de déchets, nous avons su réagir, nous créer des occasions. C'est un peu grâce au match d'Auxerre où nous avons galéré pour revenir au score. » De fait, le visage offert par Rodrigo et les autres en début de partie tranche sérieusement avec celui, blafard, proposé lors des trois premiers matches 2008. Enfin, les Strasbourgeois mettent ce rythme qui leur avait manqué à Rouen, contre Nice et à Auxerre. Ils mordent dans le ballon avec un appétit retrouvé. Peut-être aussi plus frais dans les cannes, les Bleus montrent plus d'allant. Mais cet allant-là aurait pu être coupé dès la 5e minute. Sur un coup franc repoussé par la défense alsacienne, Ebondo alerte en profondeur Arribagé qui traînait par là . Le capitaine toulousain, qui en a marqué d'autres dans cette position, croise trop sa frappe alors qu'il est seul face à Cassard. Le coup est passé près, mais l'entrée en matière du RCS, matérialisée par trois occasions signées Abdessadki (7e), Gameiro (15e) et Fanchone (20e), ne méritait pas pareille punition. Elle méritait autre chose. Et elle va l'obtenir à la 21e sur un coup un brin chanceux. James Fanchone, qui rate sa passe, en est involontairement à l'origine. Le Manceau, certes un rien approximatif sur le coup, n'en retrouve pas moins peu à peu ses sensations sur la lancée de son but salvateur à Auxerre.
« On a retrouvé du jeu et du jus »
Servi par bonheur, Kevin Gameiro hérite de l'offrande et, avec son sens inné du but, s'en goinfre aussitôt. Lui aussi avec un rien de réussite, car sa frappe à 20 m est légèrement détournée par Mauro Cetto hors de portée de Douchez (21e). « Ce soir (hier), on voulait retrouver du jeu, du jus et des cannes », reprend Abdessadki, « On s'efforce de gommer nos lacunes. On reprend goût à la victoire, aux buts marqués. » L'avantage est justifié. Mais dans un match globalement équilibré, le Racing va autant s'efforcer de le conserver que de le faire fructifier. Gameiro, d'une frappe puissante péniblement repoussée par Gignac (27e), Abdessadki, d'une tête trop enlevée sur un centre dosé de Fanchone (66e) et Renteria, d'un tir sec du gauche boxé par le portier toulousain (83e), auront l'occasion de donner de l'air aux leurs. Mais cet air, les Toulousains seront eux aussi tout près de le vicier sur un déboulé d'Elmander un peu court sur un centre d'Ebondo (41e) ou une volée du rentrant Gignac écartée sans risque par Cassard (87e). Pour se mettre à l'abri et signer leur première victoire 2008, les Bleus attendront les arrêts de jeu et une passe d'Alvaro Santos dans la course de Renaud Cohade. Ainsi mis sur orbite par le Brésilien, le milieu bas-rhinois ne laisse pas passer l'occasion de libérer les siens. Et de parachever ainsi un succès qui tombe à pic pour leur maintenir la tête hors de l'eau, à la 14e place d'un championnat fou où le maintien risque de se jouer à des niveaux jamais atteints.
Stéphane Godin
Fanchone l'animateur
Buteur à Auxerre, le Strasbourgeois a fait un match plein aux côtés de Kévin Gameiro hier soir.
Stéphane Cassard (6,5). Son premier ballon, un dégagement complètement dévissé, ne laissait rien augurer de bon. Mais il a ensuite rassuré ses troupes, se montrant notamment impeccable sur toutes les sorties aériennes. Le seul Strasbourgeois à ne pas avoir été berné par la belle combinaison Elmander/Gignac, qui aurait pu amener l'égalisation toulousaine sur coup-franc. Sa parade sur la frappe de Gignac (87e) a été somptueuse.
Guillaume Lacour (6). Au fil du match, il a pris la mesure de l'ex-Strasbourgeois Salim Arrache qui, heureusement, n'a pas non plus toujours fait les bons choix. De bonnes relances, mais aussi quelques pertes de balles à son bilan du soir.
Habib Bellaïd (6). Il a gagné son match contre Elmander : c'est dire la qualité de sa partie. Quand la pression offensive du Racing s'est relâchée en fin de première période, il a montré un art consommé du tacle que ne démentiront ni l'avant-centre suédois, ni Sissoko.
Grégory Paisley (6). Patron de la défense, maître des interceptions et relances, on l'aimerait encore plus hâbleur envers ses coéquipiers lorsque ceux-ci font relâche dans l'entre-jeu…
Manuel Dos Santos (5,5). Un match plein, mis à part ce hors-jeu mal négocié qui a donné un ballon de but à Arribagé en début de rencontre, sans conséquence fort heureusement.
Renaud Cohade (6,5). Une grosse production agrémentée d'un but libérateur dans les arrêts de jeu.
Rodrigo (6,5). Encore un bon soir pour le Brésilien, qui a souvent mis les Strasbourgeois dans la bonne direction après avoir récupéré un nombre énorme de ballons.
James Fanchone (6,5). Son but auxerrois, samedi, lui a visiblement fait du bien. Après un premier contrôle directement envoyé… en touche, il a effectué hier sa meilleure sortie à la Meinau, étant dans tous les bons coups offensifs. Il a constamment pesé sur la défense haut-garonnaise, l'obligeant souvent à sortir les ballons en urgence – et donc maladroitement. Sa bonne entente avec Gameiro ne s'est pas démentie en seconde période. Et comme Gameiro, il aurait peut-être mérité de finir le 2000e match de L1 du Racing plutôt que d'être remplacé par Alvaro Santos (81e), même si le Brésilien a donné la passe décisive à Renaud Cohade (90e+1).
Yacine Abdessadki (6). Il a contribué à l'équilibre du Racing, offrant souvent ses services au relanceur et secondant parfaitement Guillaume Lacour dans les tâches défensives côté droit. Malgré les coups de coude de Dieuze et autres savates de ses ex-coéquipiers, il a continué à jouer les feu-follet dans l'entre-jeu toulousain en seconde période. Dommage que sa tête à la réception du centre de Fanchone se soit envolée dans les nuages, au-dessus de Douchez (66e).
Kévin Gameiro (6,5). Le « serial born buteur » du Racing a encore frappé. Pas épargné par les virus depuis le début de la saison, puis victime d'une lombalgie, le Strasbourgeois de 20 ans a tout de même marqué hier son 4e but de la saison. Toujours aussi opportuniste : à la 20e, il a récupéré aux 20 mètres un ballon cafouillé par la défense toulousaine, armé une frappe instantanée qui a fait mouche, bien que contrée par Cetto. Jusque-là , le petit attaquant alsacien était plutôt discret sur son flanc gauche. Mais ensuite, il a pris sa part du travail défensif. Son remplacement par Mouloungui à la 68e a pour le moins étonné, au vu notamment de la prestation de Renteria. Sa sortie a d'ailleurs appauvri le secteur offensif alsacien.
Wason Renteria (3). Son match a débuté à la 83e par une frappe captée par Douchez. Et puis c'est vraiment tout.
Jean Deutsch