Le coup d'arrêt
Invaincu en championnat depuis seize mois à la Meinau, le Racing a chuté, hier soir, contre le Mans. Auteurs d'une absence coupable sur le seul but « idiot » de la soirée, les Strasbourgeois ne sont jamais parvenus à emballer la partie. Terriblement frustrant.
Ça devait être un tournant. Le premier de la saison, comme le disait Jean-Marc Furlan. Le Racing l'a mal négocié. Désormais attiré vers la seconde partie du classement, il devra vite retrouver ses esprits et, partant, le chemin du succès. Mine de rien, les Alsaciens moulinent dangereusement dans la choucroute. Deux points pris sur les douze derniers mis en jeu : le constat n'est pas brillant. Face au Mans, provisoirement 3e de L 1, ils n'ont pas déjoué, ça non.
« C'est un non-match, pas intéressant »
Les Ciel et Blanc ont même produit du jeu, été maîtres du ballon et se sont procuré quelques occasions, sans jamais savoir tirer profit des innombrables coups de pied arrêtés. Comme à leur habitude.
Mais ils n'ont jamais paru en mesure d'inquiéter sérieusement la défense sarthoise. Même en jouant jusqu'au bout de la nuit, Pelé, le gardien adverse, n'aurait certainement pas eu à ramasser la balle au fond des filets... « Je suis déçu, car ce match n'était pas enthousiasmant, déplore Jean-Marc Furlan. C'est un non-match, pas intéressant. J'ai quand même le sentiment qu'il y avait une grande envie de jouer. C'est très frustrant. »
Partagé entre l'idée d'aligner Johansen en lieu et place d'Abdessdki, blessé au mollet, et celle de modifier son système plutôt que les hommes, l'entraîneur a opté pour la seconde option. Avec Cohade à la mène et Lacour qui bouche inlassablement les trous, autour du régulateur Rodrigo, les Strasbourgeois s'installent plutôt tranquillement dans la partie. Les premières accélérations de Fanchone, qui entend se rappeler au bon souvenir de son club formateur, et les deux grands ponts que Mouloungui passe à Calv laissent même augurer une soirée fertile en occasions.
Renteria erre comme une âme en peine
Rapidement, pourtant, apparaît une faille dans le système. Renteria, celui qui est censé conclure les mouvements, ou tout du moins peser lourdement sur la défense mancelle, est aux abonnés absents. Le Colombien, vu pour la dernière fois dans l'équipe contre Lorient (0-0), erre comme une âme en peine sur le front de l'attaque. Entre mauvais appels et positions de hors-jeu, l'homme en forme du début de saison use les patiences. Hier soir, Basa et Cerdan, les deux tours de contrôle défensives, n'ont pas eu à souffrir de la présence du Colombien. Mais la défaillance du jeune attaquant prêté par le FC Porto n'explique pas à elle seule cette encombrante défaite à la Meinau. Ce serait faire trop peu de cas de cette équipe mancelle disciplinée et joueuse, autour d'un Romaric à l'abattage impressionnant, et de l'insaisissable Sessègnon. Les Strasbourgeois ont donc essayé de déstabiliser ce bloc monolithique. Ils y sont parvenus de temps à autre en première mi-temps, sans pour autant inquiéter le géant Yohann Pelé.
Rendez-vous crispant dans deux semaines à Metz
Surtout, le Racing doit son revers à une erreur coupable sur un coup de pied arrêté, décidément le talon d'Achille strasbourgeois. Une main de Rodrigo, un mur mal placé, un Cassard peu inspiré : Romaric se charge d'envoyer une balle victorieuse, plein axe (37e'). Sur les six buts concédés cette saison, cinq proviennent directement de ce genre de situation... Le mal est fait. Et les Alsaciens ne parviendront jamais à inverser la vapeur. En dépit de l'entrée successive d'attaquants frais, Alvaro Santos, Gameiro et Mulenga, ils butent inlassablement sur la défense mancelle. Jusqu'au bout de l'ennui. « Le problème, avec la victoire à trois points, ce n'est pas la défaite, c'est la non-victoire », conclut de manière énigmatique un Furlan dépité. De défaite, il ne pourra en tout cas être question dans deux semaines, sur la pelouse de Messins qui viennent tout juste de se réveiller (1-2 à Caen). De perspectives emballantes, le Racing est passé hier soir à des réalités autrement plus terre à terre. C'était un tournant.
Fanchone bien seul
Excepté James Fanchone, excellent hier soir, les Strasbourgeois ont été solides derrière mais ont cruellement manqué d'inspiration offensive en l'absence de leur maître à jouer, Abdessadki.
CASSARD (). Pas de soucis pour sa première balle chaude, une tête cadrée de Basa captée sur la ligne (23e). Semble surpris sur le but de Romaric, où il a sa part de responsabilité tout comme le mur, que l'on peut qualifier... d'inexistant. Sauve son équipe du 2-0 à la 80e.
SZELESI (). Le Hongrois prend peu à peu ses marques et participe plus au jeu offensif, comme en témoigne sa lourde frappe à l'entrée de la surface, qui a failli tromper Pelé (26e). Rien à reprocher en défense.
BELLAID (). Pas heureux sur sa première percée - contrée - le jeune défenseur s'est ensuite rattrapé, en coupant de nombreuses balles aériennes à destination de la tour de contrôle De Melo.
PAISLEY (). Face au duo Sessègnon - De Melo, qui n'a cessé de permuter, le défenseur central a fait preuve de sérieux, tout comme son compère Bellaïd, et a rarement été pris en défaut.
DOS SANTOS (). Ses appels ont souvent permis à Mouloungui de se retrouver en bonne posture. Pour le reste, il a fait parler le métier, que ce soit face à Le Tallec ou Calvé.
RODRIGO (). Seul en récupération, le Brésilien est toujours aussi dur sur l'homme et n'a que rarement perdu un duel. Mais comme face à Sochaux, il a manqué de précision et de réussite en relance. Sa tête piquée (52e) aurait mérité meilleur sort.
COHADE (). Chargé de construire le jeu en doublette avec Lacour, Coco s'est une nouvelle fois dépensé sans compter. Dommage qu'il gâche un très bon coup-franc à l'entrée de la surface (32e), alors qu'il avait fait tout le boulot pour l'obtenir. Remplacé par Alvaro Santos (57e, ), qui a pesé sur la défense adverse dès son entrée.
, LACOUR (). Comme à son habitude, le capitaine a bouché les trous en défense dès que son équipe a été bousculée en contre-attaque et n'a cessé d'arpenter le terrain de long en large pour apporter des solutions offensives. Et a eu l'immense mérite de ne jamais abdiquer.
FANCHONE (). Sa première accélération, suivie d'une une-deux avec Lacour, a mis le feu dans la défense mancelle (5e), avant qu'il ne se montre trop altruiste sur sa deuxième percée (19e). N'a ensuite cessé de porter le danger devant les buts de Pelé, en étant à l'origine de tous les bons coups strasbourgeois.
MOULOUNGUI (). Le Gabonais a placé ses habituelles accélérations assassines et a donné le tournis à la défense mancelle. Mais il a manqué de précision dans ses centres et ses passes, qui n'ont que très rarement abouti. Remplacé par Gameiro (75e).
RENTERIA (). Pour son retour, le Colombien a été transparent en première mi-temps, ne se faisant remarquer que par ses hors-jeu. Pas vraiment mieux après. Remplacé par Mulenga (88e), qui a manqué le cadre d'un rien d'un beau retourné acrobatique dans les arrêts de jeu.
Barbara Schuster et Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :Le coup d'arrêt
En concédant son cinquième but sur coup franc (sur six encaissés cette saison), le Racing a subi hier soir face au Mans (0-1) sa première défaite à la Meinau – en championnat - depuis le 30 avril 2006.
Les derniers signaux n'étaient pas particulièrement encourageants. Et sans doute fallait-il que cela arrivât. Invaincu depuis près d'un an et demi à la Meinau, le Racing y a mordu la poussière hier soir face à une formation mancelle conforme à l'image qu'on s'en faisait et qu'elle donnait : bien organisée, monolithique et pas maladroite en contre, comme l'attestaient ses succès à Sochaux et Bordeaux. Avant cette rencontre, les Bleus n'avaient plus marqué depuis près de cinq heures. Ils en sont ce matin à quelque six heures et demie (386 minutes, plus des poussières d'arrêts de jeu). Et cette stérilité offensive, qui n'inquiétait guère Jean-Marc Furlan avant-hier, a fini par leur coûter cher. Car pour la cinquième fois (sur un total de six buts encaissés, le sixième l'ayant été sur un but contre son camp d'Abdessadki à Saint-Etienne), le RCS a concédé un but sur coup de pied arrêté. La réplique exacte ou presque de celui qui lui avait déjà valu de s'incliner à la 86e à Nice. Cette fois, l'Ivoirien Romaric a provoqué la perte des hommes de Furlan sur un coup franc lointain et fuyant (37e). Un but, un seul, qui a suffi au bonheur des Manceaux et fait le malheur de Strasbourgeois peu dangereux par la suite. Ce mutisme offensif continue de ne pas inquiéter outre mesure un Furlan surtout « déçu pour ses hommes, compte tenu des efforts déployés. Bien sûr que nous devons marquer des buts. Mais il ne faut pas non plus se focaliser là -dessus pour ne pas qu'ils fassent une fixation sur ce manque. »
« Pas un bon match de Ligue 1 »
Pour l'entraîneur bas-rhinois, la déception vient surtout de la configuration du match. « Ce n'était pas un bon match de Ligue 1. Le Mans est venu avec un bloc défensif solide. Son objectif était de nous contrer. Il a parfaitement réussi dans son entreprise. Quand l'adversaire marque le premier, ça devient encore plus difficile et ça ferme les débats. Si nous avions ouvert le score, la physionomie de la rencontre aurait été tout autre. » Le résultat aussi, sans doute. Mais à l'arrivée, le constat est là : en quatre journées, Guillaume Lacour et ses coéquipiers n'ont engrangé que deux points. Et leur glissade, limitée en cette 9e journée à une place perdue (9e ce matin), se poursuit, sans entamer la confiance d'un Furlan positif. « Nous sommes toujours largement en avance sur le tableau de marche normal d'un promu dont le premier objectif reste le maintien. J'ai longtemps cru que grâce à notre débauche d'énergie, nous allions revenir au score. Quand un adversaire te domine de la tête et des épaules, le résultat te semble logique. Mais là , si l'on se réfère au nombre d'occasions ou à la maîtrise du ballon, les garçons ont de quoi être frustrés. » En une défaite, sa troisième de la saison, le RCS n'en est pas moins rentré dans le rang. Vainqueurs, les Bleus émargeraient pratiquement là où Le Mans se prélasse aujourd'hui, sur la troisième marche du podium. Battus, ils se retrouvent dans un ventre mou aux contours vraiment difficiles à cerner, en raison de la multitude de matches en retard. Et à quinze jours d'un derby chez un voisin messin qui vient de signer sa première victoire à Caen (2-1), leur position, sans être fragilisée, est fatalement moins confortable.
Renteria transparent
Le Colombien, hors sujet, a parfaitement illustré l'inefficacité offensive d'un Racing muet depuis quatre rencontres.
Stéphane Cassard (5,5) : sa principale erreur aura été de ne pas demander un mur plus consistant sur le coup-franc lointain de Romaric, pourtant réputé dans cet exercice. Il n'aurait alors pas eu à – mal – négocier la frappe puissante et flottante de l'international ivoirien. A pourtant évité le KO au Racing à la 85e en remportant son face-à -face contre Gervinho.
Zoltan Szelesi (5,5) : même s'il a parfois paru lourd face à la vivacité de Gervinho, il a fait montre d'un apport offensif intéressant, notamment sur une grosse frappe de balle difficilement déviée en corner par Pelé à la 26e.
Habib Bellaïd (6) : l'un des meilleurs défenseurs du championnat a parfaitement muselé l'un des meilleurs attaquants, Tulio De Melo.
Grégory Paisley (5,5) : décisif pour refroidir les ballons chauds manceaux, il n'a pas su exploiter la seule action offensive à mettre à son crédit, un coup-franc mollasson à la 60e. Et pourtant, le Racing, qui n'a marqué qu'une fois sur coup de pied arrêté cette saison, aurait besoin de ses talents d'artificier.
Manuel Dos Santos (4,5) : la liberté qu'il a laissée à Le Tallec à la 18e aurait pu amener le premier but manceau, mais De Melo était heureusement trop court sur le centre de l'ancien Sochalien. Sa fin de match a été difficile.
Rodrigo (5) : une main involontaire a amené le coup-franc fatal aux Strasbourgeois en première mi-temps (37e). Un incident de jeu qui ne peut à lui seul ternir une nouvelle prestation haut de gamme devant la défense strasbourgeoise, d'autant que le Brésilien a également apporté par son jeu de tête devant le but de Pelé.
Guillaume Lacour (5) : le courage du capitaine n'a pas suffi à dynamiser le Racing. Grâce à son travail et à son entente avec James Fanchone, le Racing s'est pourtant montré le plus dangereux sur le côté droit.
Renaud Cohade (5,5) : auteur d'une bonne première mi-temps, on ne retiendra malheureusement que ce coup-franc très dangereux sur une faute qu'il avait provoquée à la 31e, et qu'il a transformé… en drop, dix mètres au-dessus des cages de Pelé. Remplacé par Santos à la 57e, qui n'a pas plus trouvé de solution offensive, même s'il a su accélérer le jeu alsacien à l'approche du but adverse.
James Fanchone (6,5) : motivé comme jamais contre ses anciens coéquipiers manceaux, il a bénéficié d'une bonne complicité avec Lacour qui lui a permis de perforer plusieurs fois la défense adverse. Mais sa passe en retrait pour Mouloungui (29e) aurait mérité d'être mieux exploitée par le Gabonais. Plus effacé en 2e mi-temps, mais auteur d'un but refusé logiquement pour un hors-jeu de Santos à la 90e.
Eric Mouloungui (5) : il a fait tourner Calvé en bourrique durant une bonne demi-heure. Son pied droit manquant de précision, il n'a pas pu transformer la meilleure occasion strasbourgeoise de la première mi-temps, alors qu'il était démarqué à dix mètres des buts de Pelé. A la 41e, c'est son pied gauche qui a manqué de puissance pour délivrer une passe en or à Renteria. Très actif en 2e période, il n'a pas trouvé en Renteria le soutien mérité. Remplacé à la 75e par Gameiro, auteur d'un centre parfait pour Fanchone (90e).
Wason Renteria (2,5) : le Colombien a beaucoup compté dans… l'indigence offensive du Racing. D'une effroyable lenteur, mangé par la charnière Basa/Cerdan du premier au dernier instant, il n'a jamais su proposer d'alternative à Mouloungui et Fanchone, pourtant volontaires hier soir. N'a été remplacé par Mulenga qu'à la 87e. Trop tard pour mettre le feu à la rencontre…
Jean Deutsch et Stéphane Godin
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