A la chasse aux points
Le match entre le Racing et Caen, vendredi soir, avait tout d'une opposition de Ligue 1. Reste qu'au niveau comptable, rien n'est joué pour les Strasbourgeois.
Après le match, ils étaient nombreux à avoir le sourire. Que ce soit les joueurs alsaciens, ceux de Caen ou encore le public du stade Michel d'Ornano... Tout le monde le répétait en choeur : « On s'est régalé ». Le RCS, souvent critiqué pour ses victoires à l'arraché et ses prestations limitées, a fait taire les critiques après ce match enlevé chez le deuxième du championnat. Face à une équipe caennaise fidèle à sa réputation, c'est à dire séduisante et joueuse, les Strasbourgeois ont été à la hauteur.
Eric Mouloungui, touché par la grâce
Grâce à un milieu de terrain toujours aussi impeccable, mené de main de maître par un Guillaume Lacour omniprésent, mais aussi à une défense qui a su se réveiller après une entame délicate. Avec, entre autre, l'énorme prestation d'Abou, qui n'a laissé que des miettes à un Gouffran obligé de repiquer dans l'axe pour s'en sortir. Sans parler d'une attaque un peu atone, qui a retrouvé des couleurs par le biais d'Eric Mouloungui, touché par la grâce. « Ce match, pour la confiance et le moral, c'est super », soulignait Jean-Pierre Papin, qui parlait même de match référence.
« Ce n'est qu'un point de pris et il y avait la place pour en prendre trois »
Bref, il y avait de quoi se réjouir au sein du staff strasbourgeois. Sauf que, bilan comptable à l'appui, le RCS a perdu vendredi soir des points sur ses poursuivants. Le Havre, qui joue lundi soir, peut se retrouver à deux longueurs des Strasbourgeois en cas de victoire. Et Amiens, qui s'est imposé à Dijon, n'est plus qu'à trois points. L'équipe picarde, que tout le monde avait un peu oublié, est en train de réaliser une fin de championnat canon. Tout comme Bastia. Malgré leur retard conséquent sur le Racing (8 points) les Corses, victorieux face à Tours, enchaînent les bons résultats. Côté strasbourgeois, c'est Pascal Camadini qui tire la sonnette d'alarme, à peine sorti du décrassage de fin de match. « Je ne suis pas satisfait du résultat, commente le Corse à chaud, ce n'est qu'un point de pris et il y avait la place d'en prendre trois. J'ai des regrets ».
Le milieu de terrain arrivé en décembre n'en démord pas : le RCS a fait une mauvaise affaire en Normandie. « Caen peut être satisfait de ce point, ils en gardent cinq d'avance sur nous et ça fait leur affaire. Mais nous on a besoin de points. Et le problème ce soir, c'est Amiens qui gagne », explique Camadini. Habib Bellaïd, plus nuancé, parle d'un résultat « mitigé ». « On revient deux fois au score et au vu de la seconde période, on peut espérer mieux, analyse le défenseur, on peut dire que le verre est à moitié vide ».
« Ce match était peut être de niveau L 1, mais on n'est pas sortis de cette L 2»
Reste que le jeune défenseur central, auteur de quelques tacles et sauvetages de grande classe sur la pelouse de d'Ornano, ne veut « pas faire la fine bouche ». « Un point de pris chez le deuxième, c'est bien. Surtout que Caen est certainement la meilleure équipe de L 2 », poursuit-il. Bellaïd et Camadini se rejoignent en tous cas sur un point : les rencontres à venir seront « plus difficiles » face à des équipes qui n'ont plus d'autre objectif que de manger du gros (Gueugnon) ou qui luttent encore pour le maintien (Istres ou Libourne). « Ce match était peut être de niveau L 1, mais on n'est quand même pas sortis de cette L 2. Même si on est bien partis, on n'y est pas », assène Jean-Pierre Papin.
Barbara Schuster
L'Alsace a écrit :Un Å“il devant, l'autre derrière
Le point rapporté de Caen avant-hier par les hommes de Jean-Pierre Papin (2-2) leur permet de rester au contact des Normands. Mais attention à des poursuivants toujours menaçants.
« La Normandie nous réussit plutôt bien. J'espère que ça va continuer. » Jeudi encore, Jean-Pierre Papin espérait que le déplacement de ses troupes à Caen le lendemain serait aussi rémunérateur que celui qu'elles avaient effectué au tout début mars au Havre (1-0). La différence entre les deux, finalement ? « Deux points », résumait le coach du RCS avant-hier dans les entrailles du stade Michel-d'Ornano, après l'excellent nul de ses troupes face à des Caennais toujours aussi séduisants (2-2). Deux points qui valent d'autant plus cher qu'Amiens revient à toutes enjambées, qu'un SC Bastia moribond voici quelque temps est lancé dans une remontée aussi improbable que son effondrement de la saison dernière et que Le Havre peut espérer, en gagnant demain soir à Reims en clôture de cette 30e journée, revenir à deux longueurs. Bref, le club alsacien n'a pas vraiment réalisé une très bonne opération comptable. Un sentiment mitigé l'emportait d'ailleurs dans les esprits strasbourgeois à l'heure de quitter d'Ornano. Frustré d'avoir dû céder sa place en fin de match, Pascal Camadini se montrait ainsi très partagé : « Je suis déçu sur le plan comptable. Nous sommes revenus deux fois au score et avons eu les meilleures occasions en deuxième période. Au final, nous perdons deux points sur Amiens et Bastia, en attendant le résultat du Havre à Reims. Sur le terrain, j'ai trouvé que nous étions mieux que les Caennais. On peut certes se réjouir d'avoir pris un point chez le second. Mais en définitive, ce point vaudra la même chose que celui que nous irons peut-être chercher à Istres dans quinze jours. Alors, oui, je reste en état d'alerte, parce que rien n'est fait. Si tu peux être satisfait du contenu, il ne faut pas oublier que la vérité, c'est de prendre un maximum de points quand tu es bon en prévision des matches où tu le seras moins. À Caen, nous n'avons pas su le faire. » Une thèse que défend aussi un Pascal Johansen toutefois moins restrictif. « N'oublions pas que nous avons joué chez le deuxième, été menés deux fois au score sur deux buts exceptionnels de Gouffran et que nous avons joué un super match. Ce n'est pas un 0-0 quelconque où tu as subi et dont tu ressors en te disant que tu t'en tires bien. Dans cette saison vraiment bizarre, on a l'impression que c'est au moment où nous jouons le mieux que nous sommes le moins récompensés. Là , on sent qu'on en a sous les jambes (sic). On a pris du plaisir et un nul à l'extérieur reste un bon point, à condition de le bonifier vendredi (20.30) à la Meinau contre Gueugnon. »
Quatre points sur six contre Le Havre et Caen
Habib Bellaïd estime également « qu'il ne faut pas faire la fine bouche. Nous avons prouvé, au Havre et à Caen, que nous n'étions pas aussi mauvais que certains pouvaient le penser. » C'est là effectivement le grand enseignement de ces derniers temps : la capacité du RCS à élever son niveau, après des mois de tâtonnements et de prestations guère enthousiasmantes. « Oui, mais face à des équipes du haut de tableau qui jouent, c'est souvent plus facile. Il n'y a jamais eu autant d'espaces qu'à Caen », pointe du doigt l'international espoirs, « Je redoute que les soi-disant matches plus aisés contre Gueugnon ou Istres ne s'avèrent les plus délicats. » En attendant, le RCS peut se targuer d'un authentique exploit mis en lumière par le président Philippe Ginestet : « Nous avons pris quatre points sur six contre Le Havre et autant face à Caen. Ce ne peut être le fruit du hasard. »
Stéphane Godin