DNA a écrit :Une affaire de coeur
Face à une faible équipe de Créteil, les Strasbourgeois, réduits à dix une mi-temps durant, sont parvenus à poursuivre leur série victorieuse à la Meinau. Soit trois points de plus qui permettent de remonter, au moins temporairement, sur le podium de la Ligue 2. Le coeur y est, à défaut d'un certain clinquant.
Le Racing est parvenu à ses fins. A savoir s'imposer aux dépens de Créteil, équipe engagée dans la lutte pour le maintien. Jusqu'à lundi, au moins, et la rencontre décalée entre Grenoble et le Havre, les Alsaciens sont donc remontés sur le podium. Secrètement, ils espéraient se rapprocher un peu plus du duo de tête. Pas de chance, Metz et Caen ont régalé leurs publics, respectivement face à Dijon (5-0) et Niort (4-0), histoire de consolider leurs positions. A la Meinau, en revanche, il n'a jamais été question de spectacle. Ni entrechats, ni accélérations fulgurantes, tout au plus une maîtrise quasi-totale d'un adversaire faiblard et du ballon, les hommes de Papin ont assuré le minimum. A leur décharge, les Cristolliens n'étaient pas venus à Strasbourg dans l'intention de s'initier à la broderie fine. Des cours que n'a d'ailleurs pas la réputation de prodiguer Artur Jorge, entraîneur qui a peut-être perdu sa moustache mais pas ses schémas tactiques où la rigueur défensive est érigée en sacerdoce.
Après Camadini à Châteauroux, c'est Strasser qui voit rouge
Heureusement, les Strasbourgeois ont rapidement su faire sauter le verrou. Transpercer le double rideau défensif, constitué de sept joueurs disposés à dégager très loin et le plus fort possible tout ballon qui traîne, a pourtant constitué un sacré casse-tête. A l'image d'un Tum assez maladroit, les Bleus ont d'abord tourné autour du pot sans grande clairvoyance. La délivrance a surgi des pieds du même attaquant camerounais, servi par Johansen et auteur d'une passe décisive à destination de Joao Paulo (37e'). Le Brésilien, pour sa deuxième réalisation sous le maillot alsacien, vient de réaliser le plus dur. « C'est un but magnifique sur une action très bien amenée, savoure Papin. Il vient récompenser les efforts de cette première période où nous avons produit du jeu. Dommage que l'on se soit encore mis en difficulté par la suite. » Car comme à Châteauroux, dimanche dernier, le Racing s'est bêtement compliqué la vie. La faute à Strasser, auteur d'un accrochage sur Pancrate, qui est expulsé en qualité d'ultime défenseur. Voilà comment le Racing termine sa rencontre à dix pour les quarante dernières minutes.
Johansen, l'homme « indéboulonnable » de cette deuxième partie de saison
Une infériorité numérique dont Créteil ne saura profiter. Au fil des minutes, les Franciliens s'exposent de plus en plus aux contres menés par un Johansen déchaîné, l'homme « indéboulonnable », aux dires de JPP, de cette seconde partie de saison. Las, ces balles de break, quatre occasions franches au moins, ont été mal négociées. « Pas sûr qu'à onze contre onze, on en ait mis quatre ou cinq, ajoute Papin. Mais l'essentiel est là . On va aller au Havre avec un coeur gros comme ça, en espérant très fort qu'il trébuche lundi à Grenoble. On leur a mis un petit coup de pression. » Vendredi prochain, en Normandie, il faudra ça, et bien plus encore, pour être à la hauteur de ce sommet. Le premier d'une longue série qui mène vers la Ligue 1.
Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :La onzième à dix
Réduit à dix sitôt le repos après l'expulsion de Jeff Strasser, le RCS a assuré l'essentiel hier à la Meinau en disposant de Créteil sur le plus petit des scores (1-0). Cette 11e victoire à domicile le hisse de nouveau sur le podium.
Les stades d'Ornano à Caen et Saint-Symphorien à Metz ont eu droit hier à un festival offensif de leurs favoris. La Meinau, elle, n'a pas eu cette chance. Mais elle ne fera pas pour autant la fine bouche après la courte, mais précieuse victoire des siens face à Créteil (1-0). Guère plus brillant que lors de ses dernières productions à la Meinau, le Racing peut, cette fois, avancer une excuse recevable : celle d'avoir, pour la 2e fois consécutive, dû évoluer à dix. Dimanche à Châteauroux, il avait joué un peu plus d'une mi-temps à un de moins, après l'expulsion de Camadini. Hier, il en a disputé une autre, à quatre minutes près, en infériorité numérique. On joue en effet la 49e lorsque Jeff Strasser, dépassé par la course du ballon, retient, en position de dernier défenseur, un Pancrate qui filait seul au but. L'arbitre M. Cotrel n'hésite pas et renvoie prématurément le Luxembourgeois au vestiaire. Déjà suspendu au Havre vendredi prochain pour une accumulation d'avertissements, le grand défenseur central le sera aussi la semaine suivante pour la réception d'Ajaccio. C'est typiquement le genre d'incident qui peut briser un élan. À supposer qu'élan, il y ait. Oui, mais voilà , là où le Racing avait maîtrisé les événements au stade Gaston-Petit, il peine à apposer sa patte contre Créteil. Toujours sa fameuse incapacité à enchaîner les prestations de haute volée.
Joao surgit
En fait, deux actions similaires dans la même minute ont suffi aux Strasbourgeois pour faire la différence. La première était entachée d'un hors-jeu, mais Joao, qui a coupé au premier poteau le centre de Tum, a de toute façon raté le cadre. La seconde, moins de 60 secondes plus tard, a fait mouche. En embuscade au second poteau sur le centre au cordeau du Camerounais, Joao n'a plus eu qu'à pousser le ballon au fond des filets pour son 2e but en Bleu. Mais la paternité de ce but strasbourgeois revient pour une bonne part à un Pascal Johansen dont la lumineuse ouverture pour Tum a déséquilibré la défense cristolienne. L'avantage d'un but à la pause est plutôt bien payé pour les Bas-Rhinois. D'autant que dans les arrêts de jeu, Salze, sur un corner de Ribault, a placé son coup de tête juste à côté en devançant la sortie ratée de Cassard (45e + 2). Dans ces conditions, l'expulsion de Strasser est tout, sauf une bonne nouvelle. Pourtant, alors que Créteil pousse sans discernement, le Racing, réduit à dix, va s'offrir plusieurs balles de K-O. Les deux premières ont pour maître d'Å“uvre Yves Deroff, entré à la place de Joao pour rééquilibrer la défense. Le latéral droit, à créditer d'une bonne rentrée, adresse deux centres impeccables. Sur le premier, repoussé par Trivino, Johansen se précipite, mais bute sur le gardien cristolien qui s'est relevé à la vitesse de l'éclair (72e). Sur le second, Tum, idéalement placé au point de penalty, décroise trop sa tête (74e). Jusqu'au bout, le Racing, incapable de se mettre à l'abri, à l'image d'un Tum qui échouera deux fois dans les arrêts de jeu face à Trivino (90e + 2), restera sous la menace. Mais comme si souvent à la Meinau, il assurera le service minimum : cette 11e victoire en 14 rencontres à domicile qui lui permet de se réinstaller sur le podium et de mettre sous pression un Havre AC en danger à Grenoble lundi.
Papin : « Un cÅ“ur énorme »
Jean-Pierre Papin (entraîneur de Strasbourg) : « Sur le plan comptable, il est très important d'avoir gagné. On a vu une belle équipe du Racing en première mi-temps qui a concrétisé sa supériorité sur un but magnifique. Mais encore une fois, nous terminons le match à dix. Je ne sais pas si l'expulsion de Jeff est justifiée. Il ne me paraissait pas en position de dernier défenseur. Mais bon, je n'ai pas revu les images. Forcément, à 1-0, alors que nous n'avons pas su mettre le deuxième, nous avons douté jusqu'au bout. Mais les garçons ont fait preuve d'un cÅ“ur énorme. Ils ont juste manqué de lucidité dans la finition, même si on peut le comprendre quand on joue à dix et que l'équipe adverse vous fait courir. Aujourd'hui, nous avons huit points d'avance sur le 5e et trois sur Le Havre sur lequel nous mettons un petit coup de pression. Nous espérons que les Havrais vont laisser des plumes lundi à Grenoble où ils devront gagner. L'essentiel est fait. Ce rythme de trois points à domicile et d'un point à l'extérieur continue de me convenir parfaitement. »
Pascal Johansen : « C'est encore un match compliqué comme on en fait en ce moment contre les équipes mal classées à domicile. L'expulsion de Jeff Strasser ne nous a pas aidés. Mais nous sommes parvenus à aller chercher cette victoire qui nous permet de remonter sur le podium. C'est une bonne affaire avant le déplacement du Havre à Grenoble et le nôtre au Havre dans une semaine. Pour ce choc à Deschaseaux, nous aurons quelques jours de repos de plus que les Havrais. C'est une bonne chose. »
Artur Jorge (coach de Créteil) : « A 11 contre 10, nous avons cru, comme tout le monde, que nous pourrions revenir. Nous ne nous sommes pas procuré assez d'occasions. En fait, nous n'avons pas réussi le plus important en football : marquer. La situation de Créteil reste compliquée. »
Stéphane Godin