Bonne rentrée de Devaux quand memeDNA a écrit :A moindre frais
En manque d'inspiration et d'allant pendant plus d'une heure, le Racing est parvenu à arracher le nul à une équipe bastiaise solide comme un roc. Ça aurait pu vraiment mal se terminer. Les Bleus s'en tirent à moindre frais. Ouf !
Les miracles ne se reproduisent pas tous les vendredis. Auteur d'un insensé retournement de situation, voilà deux semaines, contre Libourne-Saint-Seurin (2-1), le Racing a dû se contenter hier soir du partage des points. Une issue plutôt heureuse pour une équipe visiblement à côté de ses crampons le plus clair du temps.
« Ce match, je ne me voyais pas le gagner »
« On a bien entamé la partie, durant six-sept minutes, puis on s'est laissé embarquer dans un faux rythme, constate Jean-Pierre Papin. Bon, au final, on n'a pas perdu et on reste dans les trois premiers. Je suis soulagé, parce que ce match, je ne me voyais pas le gagner. » Apathiques en première période, sans ressort ni inspiration, les Strasbourgeois ne produisent strictement rien de bon. Hormis deux coups de pied arrêtés, sur lesquels Mouloungui et Strasser viennent placer un coup de tête qui ne trouve pas le cadre, ils ne parviennent pas à poser le pied sur le ballon. Surtout, les Bleus ne sont pas sereins. Pas plus que les Bastiais, soit dit en passant, mais eux n'ont pas l'obligation de produire du jeu. Venus en Alsace avec l'intention de ramener les trois points, les hommes de Bernard Casoni s'évertuent déjà à priver leur adversaire d'espace. Ils y parviennent sans grande difficulté, tant le Racing paraît emprunté. Le temps tourne doucement au vilain.
Saluts nazi et coup de poing
Dans les tribunes, aussi, l'air devient soudainement vicié. Quelques énergumènes du Feyenord Rotterdam, visiblement pas satisfaits d'avoir mis Nancy sens dessus dessous la veille, ont trouvé opportun de faire un petit crochet par Strasbourg sur le chemin du retour. A leur manière, ces hooligans écervelés - un doux pléonasme - ont « animé » les travées, en compagnie de quelques vieux copains de baston alsacien, saluts nazi et coup de poing à la clé. « On a attendu la mi-temps pour les interpeller, explique Serge Cayen, monsieur sécurité du Racing. On ne voulait pas créer un mouvement de panique dans la foule. Il y a eu cinq ou six interpellations. On ne peut pas tolérer ces agissements dans les tribunes. »
« Une fois de plus, on est revenus au courage »
Alors que Bellaïd rejoint les vestiaires, à la suite d'un deuxième avertissement, dès la reprise - « je suis très déçu et super désolé de les avoir abandonnés » -, on se dit que cette histoire va mal finir. D'autant que Mendy, à peine entré en jeu, catapulte le ballon au fond des filets de Cassard. « Mené au score et réduit à dix, je me voyais battu, concède JPP. Une fois de plus, on est revenus au courage. Il va falloir perdre l'habitude de réagir quand on est mené. » Piqués au vif, les Strasbourgeois se rebellent enfin. Le petit Mathlouthi affole la défense bastiaise et arrache un penalty. Cohade, l'homme de la situation, permet aux siens de revenir dans le coup. Derrière, Dijon a perdu. Ce matin, le Racing est toujours troisième, avec deux points d'avance sur les Bourguignons. Raisonnablement, il ne pouvait espérer meilleure issue.
A l'arraché
Perturbés par la sortie prématurée de Bellaïd, les Strasbourgeois ont souffert face à Bastia. Mais ont eu le mérite d'arracher une égalisation une fois réduits à dix.
CASSARD (). - Une fin de première mi-temps ponctuée par quelques interventions précieuses, comme sur ce boulet de canon de Meniri (44e). Ne peut pas faire grand chose sur la frappe de Mendy.
ABDESSADKI (). - Le capitaine des bleus, titularisé au poste d'arrière droit, a essayé de combiner avec Johansen à une touche de balle dans son couloir en début de rencontre. Correct, même si le Franco-Marocain est plus à l'aise dans la construction du jeu, comme il l'a prouvé lorsqu'il est remonté à son poste habituel en fin de match.
BELLAID (). - Face à André et Ben Saada, clients plus que sérieux, le défenseur a tenu la baraque proprement en début de match. Averti juste avant la mi-temps, il prend ensuite un deuxième jaune pour un tirage de maillot sur Ben Saada. Une expulsion sévère, très sévère.
STRASSER (). - L'aboyeur de service a tenu une défense remaniée et a su rester intraitable lors de ses duels aériens en première mi-temps. A forcément eu plus de mal une fois son équipe réduite à dix.
DEROFF (). - Replacé dans le couloir gauche, Deroff a tenu son rôle. Jusqu'à la 60e, où il laisse filer Barthélémy, le petit ailier corse, qui offre la balle de but à Mendy. Est retourné dans le couloir droit à l'entrée d'Othon.
LACOUR (). - Discret en début de partie, il s'est dépensé, mais sans beaucoup peser sur le jeu dans un milieu de terrain strasbourgeois bousculé par l'entrée du poison Frédéric Mendy. Remplacé par OTHON (73e), qui a tenu son couloir gauche avec sérieux.
COHADE (). - Laissé au repos le week-end dernier, le milieu récupérateur a une nouvelle fois montré qu'il était increvable, malgré des pertes de balles inhabituelles. A eu le mérite de ne jamais abdiquer.
JOHANSEN (). - Libéré par son replacement au centre du terrain, «Pagalou» a montré hier soir le meilleur de son jeu durant la première mi-temps. Inspiré et technique, il a offert de bons ballons à ses attaquants, avant de baisser de pied en seconde période.
MOULOUNGUI (). - Son pouvoir d'accélération est intact, mais le Gabonais a souvent perdu ses duels face à Marester, offrant de dangereuses balles de contres aux Bastiais. Et a manqué de réussite, comme sur cette tête qui passe juste à côté (33e).
GAMEIRO (). - Après des débuts poussifs, il s'est peu à peu mis dans le match et a même été à un cheveu de l'égalisation sur un beau service de Cohade (52e). Remplacé par le très vif MATHLOUTHI (65e), qui obtient un penalty plus que logique.
TUM (). - Serré de près par un Meniri toujours à la limite de la faute, le Camerounais a perdu beaucoup de balles, pas aidé, il est vrai, par l'arbitrage. L'infatigable attaquant a rapidement laissé sa place à DEVAUX (50e, ), auteur d'un retour encourageant.
Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :À dix, le Racing sauve les meubles face à Bastia
Réduit à dix dès la 48e, puis mené à la 55e, le RCS a su se serrer les coudes pour éviter sa première défaite à domicile contre Bastia hier à la Meinau, en égalisant sur un nouveau penalty de Cohade (1-1). Il conforte ainsi sa troisième place.
Le Racing est toujours invaincu à la Meinau cette saison. Et ce seul constat doit ce matin suffire à son bonheur, tant il s'est fait peur hier soir contre Bastia (1-1), après une seconde période riche en événements, en suspense et, donc, en tension. La première, elle, a été surtout rythmée par les allées et venues de quelques pseudo-supporters dans la tribune Ouest (voir ci-dessous). Davantage en tout cas que par les « envolées lyriques » des 22 acteurs. Face à un onze corse bien organisé, misant sur le sens de l'organisation d'un Pascal Camadini toujours fringant, le Racing a en effet peiné à s'approcher du but d'Ejide. Dans le jeu, il n'y est guère parvenu qu'à deux reprises, par Johansen dont la frappe du gauche a difficilement été captée en deux temps par le gardien nigérian (14e), puis par Mouloungui, contré in extremis par Marester (31e). Pour le reste, il s'en est, comme souvent, remis aux coups de pied arrêtés. Ainsi, sur deux corners d'Abdessadki (33e) et Johansen (42e), Mouloungui et Strasser, tous deux de la tête, ont-ils raté la cible d'un rien. En face, Bastia n'a pas assiégé non plus le but de Stéphane Cassard, mais il s'est tout de même créé deux grosses occasions. La première, amorcée par un décalage impeccable de Camadini, a été vendangée par Ben Saada, auteur d'une frappe croisée du gauche totalement ratée (22e). Sur la seconde, Meniri a expédié un « mammouthesque » coup franc que le portier alsacien a dû extirper de sa lucarne d'un poing rageur (44e). À la pause, la Meinau en est donc là , à se demander comment le RCS va bien pouvoir démêler l'écheveau corse, quand les événements vont s'accélérer. Malheureusement pour les Bleus, tous défavorables pour eux. Habib Bellaïd, déjà averti en première période, écope d'un second avertissement pour avoir retenu Ben Saada par le maillot et devient le premier expulsé strasbourgeois de la saison à la 48e. Deux minutes plus tard, Jean-Pierre Papin décide de rééquilibrer son équipe en remplaçant Tum par Devaux. Mais son « coaching » va, à court terme, se révéler moins payant que celui de son ancien coéquipier de l'OM et homologue corse, Bernard Casoni. Car à peine 120 secondes après son entrée en jeu, Frédéric Mendy, à la réception d'un centre de Barthélémy au second poteau, exécute Cassard d'une volée du gauche sous la transversale (55e). A 0-1 et 10 contre 11, l'affaire sent le bouchon pour le RCS. JPP revoit alors une nouvelle fois ses batteries, en lançant Mathlouthi en pointe, puis en offrant à Quentin Othon son baptême du feu en pros. Bien vu, car à un quart d'heure de la fin, Mathlouthi va à son tour se montrer décisif. Il mystifie Ghisolfi qui l'abat dans la surface. Cohade, avec un soupçon de réussite, transforme son cinquième penalty en autant de tentatives cette année et remet les pendules à l'heure. Johansen, contré in extremis par un tacle désespéré de Jarjat, s'offrira même la balle de match à la 85e. Mais Mendy lui répondra trois minutes plus tard d'une frappe sur le petit filet extérieur qui fera frissonner la Meinau. A l'arrivée, le RCS limite la casse et reprend même un point au 4e, Dijon. « C'est rare, mais à 0-1 et 10 contre 11, je me voyais battu », peut souffler Papin, « Je suis soulagé. Nous sommes revenus au courage encore une fois. Quand on voit comment ça s'est passé, c'est un bon point. Nous avons gagné une unité sur Dijon et ce n'est pas une mauvaise opération comptable, même si Le Havre et Châteauroux nous ont repris deux points. Nous n'avons pas perdu, mais il faut repenser à gagner, nous tourner tout de suite vers Metz où nous aurons un gros coup à faire. »
Cinq à six interpellations
Hier soir lors de Racing – Bastia, une poignée de « supporters » strasbourgeois, issu du groupe « dur » des « Meinau Boys », a cru bon de rendre hommage au « supporter » du PSG Julien Quemener tué l'autre jeudi à Paris après le match de Coupe UEFA entre le club parisien et l'Hapoël Tel Aviv (Israël). Ils ont ainsi brandi durant une bonne partie du match une banderole sans équivoque : « Etat assassin. RIP (rest in peace, repose en paix) Julien. » Plus inquiétant encore, ils ont été soutenus dans leur action par une vingtaine de fans du Feyenoord Rotterdam dont les congénères – peut-être eux-mêmes d'ailleurs – s'étaient tristement illustrés la veille à Nancy et qui, avant de rentrer aux Pays-Bas, avaient jugé utile de faire un détour par Strasbourg. Il est des fréquentations peu honorables quand on se prétend supporter. Cette dérive, heureusement sans conséquence grave, est d'autant plus regrettable que la Meinau, certes pas toujours d'une parfaite exemplarité, n'est pas coutumière du fait. La police a attendu la mi-temps pour intervenir. « Pour ne pas provoquer de mouvement de panique dans la tribune », précise le directeur de la sécurité de la Meinau Serge Cayen. Après quelques jets de bombes lacrymogènes, elle a procédé à « cinq à six interpellations. » Deux forfaits contre Metz. Le latéral gauche du RCS, Jean-Christophe Vergerolle ne sera sans doute pas rétabli pour le déplacement à Metz dans une semaine. Quant au Bulgare Emil Gargorov, il est a priori out jusqu'à la trêve.
Stéphane Godin