DNA a écrit :Pas une mauvaise opération
En dépit d'un effectif remanié, le Racing est resté à flot. La réaction d'orgueil en seconde période lui a permis de consolider sa troisième place en Ligue 2, avec une longueur d'avance sur Dijon. C'est toujours ça de pris.
« Il est des matches nuls qui valent des victoires. » Jean-Pierre Papin était un entraîneur soulagé, hier soir, dans les travées de Francis Le Blé. Les fortes rafales de vent, prévues à la nuit tombée, ont finalement épargné l'embarcation bleue. Privé d'Abdessadki et de Strasser, soit deux de ses hommes de base, le Racing semblait pourtant exposé au moindre danger, même si le temps ne virait pas à l'orage. Contraint de remanier son équipe dans ses grandes largeurs, l'entraîneur strasbourgeois a commencé par réaliser un petit coup d'esbroufe. Alors qu'il avait clamé haut et fort son intention d'aligner une équipe à vocation défensive, avec une ligne de cinq devant Cassard, JPP est revenu à une organisation plus classique. Ekobo, initialement prévu dans l'alignement défensif, remontait ainsi d'un cran pour laisser plus de liberté à Cohade sur le flanc droit. « C'est un coup de bluff, convient Papin. Ils nous attendaient dans une configuration différente et ont dû s'adapter en dernière minute. »
« J'ai dû pousser une gueulante »
Peut-être surpris par ce supplément d'audace, Brest commence par prendre une bonne secouée dans les premières minutes. Mouloungui et Tum se chargent de faire frissonner le peuple breton. Las, la réussite n'est pas au rendez-vous. Du coup, le Stade Brestois retrouve petit à petit ses esprits. Inexplicablement, les Bleus commencent à reculer. La relative sérénité alsacienne est mise à mal. « On a vécu vingt-cinq minutes catastrophiques, déplore Papin. Ça, je ne peux pas l'accepter. A la mi-temps, j'ai dû pousser une gueulante. » A l'image d'Abou, chaussé de crampons moulés sur une pelouse glissante - « une faute professionnelle », selon JPP - qui se mue en ballerine, les Strasbourgeois perdent pied. Charpenet en profite pour placer une tête victorieuse. L'affaire tourne au vilain.
« On va afficher un autre visage contre Bastia et à Metz »
« Heureusement, les gars ont eu une excellente réaction, comme souvent, poursuit Papin. Ils ont cherché très loin cette envie d'inverser la situation. On n'a pas été bien et on parvient à prendre un point. C'est ce qu'il faut retenir. » Après l'égalisation de Cohade, le Racing a retrouvé un visage ambitieux. Suffisamment, même, pour espérer arracher la victoire. Celle-ci ne lui a pas souri, par manque de lucidité dans le dernier geste. « On va récupérer nos absents après la Coupe de France (samedi à Vesoul) et on va afficher un autre visage pour les deux derniers matches de l'année, contre Bastia et à Metz », promet Papin. En voilà , une bonne nouvelle.
Cohade, le spécialiste
Grâce à un penalty provoqué et transformé par Cohade, son quatrième de la saison, le Racing est revenu de Bretagne avec le point du match nul. Mais aussi avec le vague sentiment d'être passé à côté d'une victoire qui aurait pu s'offrir à lui. Une question de lucidité, certainement.
CASSARD () : n'a pas eu à s'employer en première période, si ce n'est sur une tête piquée de N'Jock. Assiste, impuissant, à la reprise de la tête de Charpenet qui tape l'intérieur de son poteau droit (45e'+1). Davantage sollicité après la pause, il a rempli sa mission.
DEROFF () : a essayé de s'engouffrer dans son couloir droit pour prêter main forte à Cohade. Efficace en début de partie, son implication s'est par la suite délitée en raison d'un manque de précision. Averti pour une faute inutile sur Bigné, à la limite de l'expulsion après avoir balancé Liabeuf.
BELLAàD () : au marquage de la « perche » N'Jock, qui culmine à plus d'1,90m, l'international espoir a logiquement peiné dans le jeu aérien. Est resté concentré et sobre jusqu'au bout.
DEVAUX () : pour son retour dans l'effectif pro après près de six mois d'absence, le grand « Jeannot » s'est coltiné Socrier sans s'en laisser conter. Une semelle sur De Carvalho (22e') aurait pu lui valoir un avertissement. Propre et efficace par la suite.
ABOU () : Papin comptait sur lui pour s'acquitter sobrement de sa tâche défensive et venir pointer son nez dans le couloir gauche. L'Egyptien a failli, laissant des boulevards à De Carvalho et ne franchissant que rarement la ligne médiane. Provoque en prime la faute qui amène l'ouverture du score. Remplacé par KANTARI (46e' ), plus efficace, donc utile.
EKOBO () : finalement placé devant la défense centrale, dans un rôle de milieu récupérateur, l'ex-Cristolien a peiné avant de trouver ses marques. Une faute qui lui a valu rapidement un jaune, une autre qui aurait pu lui valoir un rouge.
LACOUR () : à la gauche d'Ekobo, le capitaine d'un soir a paru fébrile en début de match. S'est bien repris par la suite.
COHADE () : dans un rôle nettement plus offensif qu'à l'accoutumée, en lieu et place d'Abdessadki, le Nîmois a beaucoup tenté, sans grande réussite, en début de match. Provoque le penalty et l'exécute de sang-froid, pour sa 4e réalisation dans cet exercice cette saison. Remplacé par MATHLOUTHI (87e').
RANGELOV () : le Bulgare n'avait plus été titularisé depuis fin septembre et le déplacement à Ajaccio. Il n'a strictement rien montré qui puisse convaincre Papin de le relancer d'entrée. Remplacé par GAMEIRO (56e'), très remuant mais toujours fâché avec la finition.
MOULOUNGUI () : après s'être créé une belle occasion en début de partie, le Gabonais a paru en-dedans avant de se ressaisir dans le second acte. A mis la défense bretonne au supplice mais a manqué de lucidité, comme sur ce contre (65e') où il frappe au lieu de profiter du surnombre.
TUM () : gros travail sur le front offensif, une présence usante dans la surface mais aucune occasion franche. Comme souvent.
Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :Point de regrets
Le Racing a pris hier soir à Brest ce qu'il était venu y chercher : le point du nul (1-1). Un résultat logique au terme d'une rencontre équilibrée.
C'est un saut de puce, rien de plus. En rapportant le nul de Brest hier soir en clôture de la 17e journée de L 2, le Racing a repris seul la troisième place. Mais sa marge sur le quatrième, Dijon, n'est précisément plus que d'un point, alors qu'elle était encore de trois vendredi matin. Avant d'accueillir Bastia, puis d'aller à Metz pour les deux dernières rencontres aller, ce petit pécule n'est pas superflu. Il reste quelques secondes en première période. Le RCS est à la peine depuis un bon moment. Il souffre sous les coups de boutoir du trio N'Jock – Socrier – De Carvalho, même si le plongeon de ce dernier dans la surface, après un tacle de Devaux, n'a abusé personne et surtout pas l'arbitre (28e). Les bonnes dispositions strasbourgeoises du début de partie se sont étiolées. Mouloungui, d'une balle piquée au-dessus (4e) ou d'un tir croisé du droit détourné par Elana (21e), et Tum, dont la frappe a été détournée in extremis par un robuste postérieur breton (39e), avaient permis aux Bleus de marquer leur territoire. Mais petit à petit, Brest a refait le terrain perdu. Une frappe de Guégan détournée par Cohade a failli tromper Cassard (11e). Le géant N'Jock a placé un premier coup de tête trop enlevé (14e), moins dangereux que celui de Charpenet à quelques centimètres du poteau alsacien, sur un corner de Bigné (26e). Puis sur une accélération de Socrier, Liabeuf est arrivé un poil trop tard sur un centre mal assuré de N'Jock (42e). Bref, les arrêts de jeu de cette seconde période sont entamés et malgré ces avertissements successifs, le Racing va imprudemment desserrer sa garde. Sur un coup franc de Liabeuf, Charpenet saute une nouvelle fois plus haut que tout le monde et ajuste une tête renversée qui cloue Cassard sur place avec la complicité du poteau rentrant opposé (45e + 1).
Quatrième penalty pour Cohade
Le Stade Brestois ne va cependant guère avoir le loisir de savourer cet avantage. Cinq minutes pile après le repos, Randriana, qui s'est mis en difficulté tout seul, abat bêtement Cohade dans la surface de réparation. Ce dernier, chargé d'exécuter les hautes oeuvres, ne va pas plus trembler que contre Grenoble, Caen et Libourne. En variant sa frappe, à gauche du gardien cette fois, il inscrit son quatrième penalty de la saison et remet le Racing à flot (51e). Ces deux buts coup sur coup ouvrent à la fois des perspectives aux deux adversaires et des espaces sur le terrain. Même si Jean-Pierre Papin avait annoncé qu'il se contenterait volontiers d'un point, ses hommes s'efforcent d'aller en chercher trois. Cohade, qui a de la suite dans les idées, récupère son coup franc contré pour frapper instantanément sur le poteau droit d'Elana (63e). Et Mouloungui oblige le portier brestois à détourner en corner un ballon qui plongeait sous sa barre (65e). Mais Brest ne désarme pas non plus. Sur un cafouillage monstre dans la surface, Socrier trouve le petit filet de Cassard (61e). Randriana rate la lucarne strasbourgeoise d'un cheveu (73e). El-Hajri, entré en fin de rencontre, sera même stoppé pour un supposé hors-jeu pas évident du tout, alors qu'il avait déjà doublé la mise (87e). C'est dire si les occasions ont été partagées. Que les points le soient aussi relève donc d'une certaine logique.
« Je m'en satisfais »
Jean-Pierre Papin, entraîneur du Racing Strasbourg : « Nous avons réalisé un très bon premier quart d'heure, mais nous avons ensuite bafoué notre football pendant 25 minutes. Et je n'ai pas du tout aimé ces 25 minutes-là qui ont conduit au but brestois. Je n'ai pas été tendre avec les gars à la mi-temps. Ç'a peut-être produit son effet. J'ai bien aimé la réaction des joueurs qui sont allés chercher loin en eux pour revenir dans la partie. L'équipe était très remaniée en raison des suspensions et des blessures. Les gars n'avaient pas l'habitude d'évoluer ensemble, mais ils n'ont rien lâché. Ils ont montré de l'orgueil, de la fierté et qu'ils honoraient ce maillot. Je me satisfais du nul après une deuxième période bien meilleure. Nous sommes toujours troisièmes. Nous n'avons pas perdu alors que nous n'étions pas bien. Il nous reste deux gros matches pour clore le cycle aller. Nous saurons alors où nous en sommes à mi-chemin. » Thierry Goudet, entraîneur de Brest : « Nous sommes tombés sur une grosse équipe de Strasbourg qui n'est pas troisième par hasard. Nous avons, c'est vrai, réalisé l'une de nos meilleures prestations, mais comme on le dit souvent, il faut être deux pour bien jouer. Nous avons montré de la qualité, développé un beau football. Nous avons juste eu un moment de déconcentration sur l'égalisation strasbourgeoise où Randriana s'est un peu grisé et a été obligé de faire faute. Mais on ne peut pas lui reprocher grand-chose tant son engagement est permanent. Nous avons aussi manqué d'un peu de présence dans la surface de vérité. Mais ça reste un très bon match, même si nous espérions battre Strasbourg pour remonter à la 13e place. »
Stéphane Godin
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