Strasser, le garde-fou
Après avoir purgé ses deux matches de suspension, Jeff Strasser signera sa rentrée, lundi, contre Grenoble. Le grand Luxembourgeois invite ses jeunes coéquipiers à garder la tête froide à l'entame de l'emballage final. A ce stade, c'est l'expérience qui parle.
Jeff Strasser a retrouvé le sourire et, partant, son humour pince sans rire. Ces deux dernières semaines, le défenseur strasbourgeois avait un peu perdu ces attributs qui le distinguent à la sortie des terrains d'entraînement. Tête basse, regard sombre, il filait dare-dare sous la douche, laissant, la mort dans l'âme, ses partenaires préparer les échéances de fin de semaine. Depuis que le Luxembourgeois a débarqué au Racing, au courant du mois d'août, il n'avait encore jamais manqué deux rencontres de suite. Sa seule défection, à Brest en novembre, était déjà consécutive à une suspension.
«J'ai trouvé le temps long»
Alors que son équipe s'imposait au Havre (0-1) et concédait le nul contre Ajaccio (0-0), l'ex-joueur du Borussia Mà¶nchengladbach est sagement resté à la maison. Cette fois, Strasser a été contraint de purger deux matches de suspension fermes assortis d'une rencontre avec sursis. La faute à une expulsion, contre Créteil, précédée d'un troisième avertissement en moins de dix journées à Châteauroux. « J'ai trouvé le temps long, oui, mais je considère surtout que la sanction est injuste, dit-il. En France, tu prends un carton pour n'importe quoi. En Allemagne, comme en Espagne ou en Angleterre, la suspension n'intervient qu'au bout du cinquième avertissement. Et puis qu'est ce que ça veut dire, un match avec sursis ? Soit tu es fautif, soit tu ne l'es pas... » Injuste ou pas, l'absence de Strasser, homme de base de la défense échafaudée par Papin, n'a pas perturbé l'équilibre de l'édifice. Et ce en dépit d'une charnière centrale remodelée au gré des circonstances, Devaux, Lacour et Kantari se succédant aux côtés de Bellaïd. Sur les neuf dernières rencontres, le Racing n'a concédé que trois buts. Aucun lors des trois dernières sorties. « La force de la défense, c'est celle de toute l'équipe, assure Strasser. On coulisse bien, le travail tactique porte ses fruits. Pour une mauvaise formation, ça n'est pas si mal, non ? »
« Avec notre avance, tu ne t'achètes rien et ne montes pas »
Une manière comme une autre de renvoyer les contradicteurs et autres âmes pessimistes à leurs critiques. Celles qui ont été formulées de manière assez unanime au coeur de l'hiver. Chambreur mais pas naïf, Strasser n'en rajoute pas trop et garde sa lucidité. « Quand on était soi-disant mauvais, on ne s'est jamais désunis, ajoute-t-il. Maintenant que l'efficacité est au rendez-vous, ce n'est pas le moment de s'enflammer. »
Voilà bien le principal piège que redoute l'homme aux six saisons complètes en Bundesliga. « On ne peut se satisfaire de notre avance, poursuit-il. Avec 7 points de plus que le Havre (avant la rencontre des Normands contre Istres hier soir), tu ne t'achètes rien et ne montes pas. » A 32 ans, Jeff Strasser, hâbleur chafouin sur le terrain, ne manque pas de dégonfler les têtes de ses jeunes coéquipiers enclines à devenir trop volumineuses. Et rappelle quelques vieux préceptes tout simples, du genre « il faut prendre un match après l'autre », ou « que ce soit Grenoble, Caen ou un autre, chaque rencontre est désormais un tournant. » Avant d'honorer deux sélections sous le maillot du Grand-Duché - contre la Biélorussie et en Roumanie -, le « Luxo » tâchera de rassurer les siens sur la pelouse de Grenoble. Parce que « tout est encore possible », Strasser fera fi du nouveau confort dans lequel évolue le Racing. « Confort, confortable, ce sont des mots à ne pas employer. » Si ce n'est pas un garde-fou, ça y ressemble fortement.
Séb.K.