DNA a écrit :La voie est dégagée
Grâce à un succès net et sans bavure, hier après-midi en Bulgarie, le Racing est placé sur les bons rails pour accéder en huitièmes de finale de la Coupe d'Europe. Ne reste plus qu'à valider le billet, jeudi prochain à la Meinau, à l'occasion du match retour.
Jacky Duguépéroux a certes un peu forcé le trait. Toute la semaine, l'entraîneur alsacien a mis ses hommes en garde. Lovech, son stade d'un autre âge, ses furieux supporters et son équipe hétéroclite constituent le traquenard parfait. Histoire de se plonger dans l'ambiance, « Dugué » a affiché dans les vestiaires de la Meinau les portraits des adversaires et quelques photos de la pelouse.
Les Bleus n'ont donc pas été surpris au moment de poser leurs sacs dans des vestiaires spartiates au charme suranné. Ils n'ont pas plus tremblé en pénétrant sur une pelouse somme toute en bon état, devant les quelque 4 000 supporters qui ont fermé la boutique en ce mercredi après-midi pour garnir les petites tribunes et pousser les leurs.
L'enfer promis ne revêt toutefois pas des allures diaboliques. C'est que le peuple bulgare est bien trop accueillant et infiniment poli. Les rares sifflets et quolibets venus des tribunes sont d'ailleurs à l'adresse des joueurs locaux. Le Brésilien Sandrinho semble être la cible privilégiée. Même si on n'entend rien à la langue bulgare, il paraît évident que les oreilles de l'attaquant brésilien, remplacé à la pause après avoir désespéré les siens, ont dû chauffer.
Le Racing parvient à se métamorphoser dès qu'il hume le doux parfum européen
A la fin de la rencontre, le public a même applaudi les joueurs strasbourgeois pour l'ensemble de leur prestation. Une oeuvre aboutie, à vrai dire, tant ils se sont hissés collégialement à la hauteur de l'événement.
Condamné en championnat - encore un peu plus après le nul de Troyes ramené mardi de Nantes en match en retard -, le Racing parvient ainsi à se métamorphoser dès qu'il hume le doux parfum européen. Dans la droite lignée des exploits de Bâle et de la Roma, en phase de poule, il a joué les rabat-joie en terre adverse.
Certes, Lovech n'a rien d'un foudre de guerre. La patte de Petrovic, entraîneur serbe qui a mené l'Etoile Rouge au sacre continental en 1991, ne suffit pas à pallier les faiblesses bulgares. Engagé dans une trêve hivernale à rallonge - près de trois mois -, Lovech a rapidement paru hors du coup et en manque de jus.
Surtout, Strasbourg est parvenu à entamer la rencontre par le bon bout, avec l'ouverture expresse du score, oeuvre de Le Pen. Présents dans tous les compartiments du jeu, les Alsaciens auraient même dû plier l'affaire en deux temps trois mouvements. Gameiro s'y est employé avec talent mais sans réussite.
« Ce n'est que mon job. Mais c'était le tournant du match »
Il a ensuite fallu une main ferme de Nicolas Puydebois pour repousser le penalty de Novakovic en deuxième mi-temps. L'égalisation espérée n'est jamais venue. « J'ai fait ce qu'il fallait, explique le gardien. Ce n'est que mon job. Mais c'était le tournant du match. »
D'autant que quatre minutes plus tard, l'intenable Diané assène le coup de grâce. Avec deux buts dans la musette, le Litex Lovech aura bien du mal à redresser la barre, jeudi prochain à la Meinau. « On y croit toujours, assure toutefois Jean-Philippe Caillet, le défenseur français expatrié en Bulgarie. Il reste un match et il faudra créer l'exploit. On l'a déjà fait à l'extérieur. »
Si le Racing maintient son niveau de jeu dans une semaine, les chances bulgares seront proches du néant. Au regard du parcours alsacien en Ligue 1, l'heure n'est pas au triomphalisme. « Le contrat est rempli, explique Duguépéroux. L'objectif était de ne pas prendre de but. On pensait que ça serait plus dur au début mais on a vite refroidi leurs ardeurs. Je tire mon chapeau à Nico (Puydebois) qui a fait le geste qu'il faut sur le penalty. Maintenant, nous ne sommes qu'à la mi-temps du match. Rien n'est fait. »
Les huitièmes de finale, contre le vainqueur de l'opposition entre Monaco et Bâle, sont en tout cas en vue. Le plus dur semble avoir été réalisé, hier, en rase campagne bulgare.
Tous au diapason
Contrairement aux joutes domestiques, où le Racing est incapable de tenir un résultat, la Coupe d'Europe transcende les Bleus. De Puydebois à Gameiro, toutes les lignes ont joué hier soir à l'unisson. C'est tellement rare...
PUYDEBOIS: le gardien strasbourgeois a été décisif à Lovech. Parti du bon côté, il repousse le penalty de Novakovic qui aurait ramené les deux équipes à égalité (79e'). S'est aussi illustré sur le coup franc dangeureux de Caillet (56e') et a bien négocié les rares ballons chauds. Une prestation d'excellente facture qui tranche avec les sorties en championnat, bien moins sûres.
LACOUR: la rentrée du capitaine strasbourgeois après un mois d'absence a été impeccable. Sur le flanc droit de la défense, le petit arrière a fait proprement son métier. Auteur de l'ouverture décisive sur Gameiro qui conduit à l'ouverture du score.
Loue impose son physique. Il a été le baromètre du Racing
HAGGUI: sûr dans les airs, comme toujours, le Tunisien a découragé Novakovic, malgré son déficit de taille face au géant slovène. Provoque toutefois la faute sur l'attaquant bulgare qui débouche sur le coup franc dangeureux de Caillet.
KANTE: des interventions tranchantes et propres dans les pieds de Novakovic et Sandrinho. N'a été pris à défaut qu'à une seule reprise, sur la percée de Lubenov qui engendre le penalty. Une erreur sans conséquence grâce à la parade de son gardien.
ABOU: le latéral gauche égyptien s'est montré sobre et efficace, venant apporter à quelques reprises le danger dans la moitié de terrain bulgare. Un jeu sans fioritures, donc irréprochable.
LOUE: le milieu de terrain a imposé son physique et rapidement placé Sandrinho sous l'éteignoir. L'Ivoirien a récupéré énormément de ballons dans les pieds bulgares et a permis aux siens de remonter rapidement. L'imposant joueur a été le baromètre du Racing.
P. FARNERUD: premier relanceur et organisateur du jeu alsacien, le Suédois a fait preuve d'abnégation, à défaut de réalisme. Avait notamment la balle du 2-0 au bout du pied à la demi-heure de jeu. Mais le manque de puissance et de conviction dans la frappe ont permis à Vutov de s'en sortir à moindre frais.
ABDESSADKI: énormément d'activité sur toute la largeur du terrain. Son rendement offensif a toutefois pâti d'un manque de précision et de quelques pertes de balles inutiles. Remplacé par DEROFF (83e') juste avant le deuxième but alsacien.
Précieux et efficace, Gameiro a tout d'un futur grand
LE PEN: auteur du but à peine deux minutes après le coup d'envoi, le gaucher a été très actif dans son couloir gauche. A moins influé sur le jeu après la pause.
DIANE: plus appliqué et concentré sur son replacement défensif que d'habitude, l'Ivoirien a pu partir de loin et faire apprécier ses qualités de vitesse et de dribble. La défense de Lovech en général et le latéral Zanev en particulier ont été en grande difficulté.
GAMEIRO: le premier ballon qu'il touche est immédiatement utilisé à bon escient puisqu'il permet à Le Pen d'ouvrir le score. A fait preuve d'une qualité technique au dessus de la moyenne sur les longues ouvertures qu'il a pu exploiter. Précieux et efficace, il a tout d'un futur grand. Remplacé par A. FARNERUD (67e') très en jambes qui a approché le cadre à trois reprises, sans réussite.