dna a écrit :Meinau, morne plaine
C’est dans une Meinau vide et inhospitalière pour lui cette saison que le Racing va tenter d’assurer son maintien lors de l’ultime journée de Ligue 1, dimanche (21h) contre Lorient. Battre les Bretons serait merveilleux, ne pas perdre, amplement suffisant.
Cette saison, les supporters strasbourgeois n’ont pas trop besoin de se creuser les méninges pour se remémorer les succès des leurs à la Meinau. Et pour cause, il n’y en a eu que quatre : Dijon (1-0, 4e journée), Nîmes (5-0, 18e ), Saint-Étienne (1-0, 20e ) et Monaco (1-0, 28e ).
Le premier de la liste n’est pas resté gravé dans les mémoires, si ce n’est pour la tête rageuse et victorieuse du capitaine Mitrovic qui est parvenu en fin de match à libérer une équipe en plein doute et des coéquipiers tendus comme des arcs.
Jouer comme à l’extérieur
Le deuxième, glané le premier mercredi de janvier, a laissé penser que ce Racing-là n’était pas voué qu’à souffrir. Quand tout le monde y met de la bonne volonté, à l’image de Lala pour son dernier but avant son transfert à l’Olympiakos, ça peut sourire. Ceux qui ont regardé le match devant leur télé se souviennent peut-être même que Majeed Waris, auteur du 5e et dernier but de la soirée (sur penalty), a bel et bien porté le maillot du Racing cette saison.
Cela dit, ces deux succès ont été obtenus contre des équipes aujourd’hui déjà reléguées en Ligue 2, ce qui limite quand même un chouïa la portée de la performance.
Et pour ce qui est de celui contre les Verts de “Sainté”, alors décimés par le Covid, personne ne s’est relevé la nuit pour applaudir au penalty manqué de Boudebouz et au but libérateur d’Ajorque… Reste donc l’exploit contre Monaco. Un coup de canon retentissant, tiré par Guilbert dans les arrêts de jeu, qui a déstabilisé l’équipe princière alors irrésistible dans sa course au titre et installé le Racing le temps d’une journée à sa place la plus élevée au classement (14e ).
Mais ça, c’était le 3 mars. Et depuis cette soirée enjouée, la Meinau s’est transformée en morne plaine, où seuls les murs du vestiaire “visiteurs” ont tremblé aux vibrations des chants de victoire.
Tour à tour, Lensois (1-2), Parisiens (1-4), Nantais (1-2) et Montpelliérains (2-3) sont repartis avec les trois points. Une série qui porte à dix le nombre de revers domestiques, à une unité seulement du record historique établi voilà près de 70 ans (*).
En y ajoutant encore les quatre nuls, dont au moins un a laissé un goût amer – la remontada brestoise de février (lire ci-contre) –, on peut affirmer que le Racing ne sait plus se faire respecter chez lui. Avec la pandémie, l’habituel petit chaudron est devenu glacial et s’est ouvert à tous les vents.
« La Meinau sans public, ce n’est plus la même chose, affirme Matthieu Dreyer, le gardien alsacien de Lorient. Une année (en septembre 2018) , avec Amiens, on menait un à zéro à la mi-temps. Au retour des vestiaires, on s’était dit : “Mais on a changé de stade ?” tellement ils avaient mis le feu. Ça les avait transcendés et ils avaient gagné (3-1)...»
Son entraîneur, Christophe Pelissier, lui aussi passé de Picardie en Bretagne, est du même avis. « Une Meinau pleine, croyez-moi, ça pousse et ça fait gagner des points. L’absence de leur public, pour nous, c’est une chance, même si jouer dans un stade vide n’est jamais agréable. »
L’argument est recevable mais il ne doit pas constituer une excuse, à écouter Eiji Kawashima. « En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vécu de situation comme ça, dans un stade vide, déplore le gardien nippon, qui sera titulaire en l’absence de Matz Sels, toujours à l’isolement à cause du Covid. On sait toute l’importance de l’ambiance ici. Mais on ne va pas ressasser ce qu’il s’est passé au cours de cette saison. Il nous reste un match à disputer, on va tout faire pour le gagner. »
Pour ne pas avoir à dépendre des autres et s’éviter des barrages à l’issue forcément incertaine, le Racing devra surtout tout mettre en œuvre pour ne pas le perdre. Ce que les hommes de Thierry Laurey avaient été incapables de faire fin avril contre Nantes, après avoir pourtant ouvert le score. Si le point du nul contre les Canaris avait pu être préservé, l’affaire serait entendue depuis un bail…
Pour que l’histoire se termine bien, le technicien du Racing a tracé la voie à suivre. « Il faudra faire moins d’erreurs, de celles qui sont assez grossières et que l’on a accumulées sur certains matches, insiste-t-il. Si on pouvait se comporter chez nous comme on le fait à l’extérieur, ce serait une bonne chose… »
Transformer la Meinau en Austerlitz et non en Waterloo
Loin de son stade, le club strasbourgeois « y va peut-être avec un plus de retenue », aux dires d’un Laurey sur le départ. À la maison, les Bleus se sentent « obligés de plus provoquer les choses », ce qui les pousse aussi « à plus s’exposer ».
Rien de tout cela ne doit se produire ce dimanche contre les Merlus de Lorient. Malgré l’absence de deux titulaires – Aholou (suspendu) et Koné (inflammation du genou) – et d’un remplaçant – Sissoko (Covid) – par rapport au match de Nice, le même schéma sera retenu. Avec l’espoir de transformer la Meinau en Austerlitz et non en Waterloo, comme ce fut le cas au stade Riviera une semaine plus tôt (0-2).
(*) Le Racing n’a fait pire à domicile sur un même exercice dans l’élite qu’à une seule occasion, c’était en 1951/52, avec 11 revers et une descente en 2e division à la clé.