L'Alsace a écrit :Une pression, s'il vous plaît
Et si on inversait les rôles ? Pour la 26e journée de Ligue 2, le RCS jouera pour une fois avant son concurrent havrais. En gagnant ce soir (20 h) à la Meinau contre Créteil, il mettrait sous pression un HAC en déplacement périlleux lundi à Grenoble.
À deux reprises lors des trois dernières journées, les impératifs télévisuels ont contraint le Racing à jouer après Le Havre. Et le club strasbourgeois s'est aperçu à ses dépens, avant ses voyages à Guingamp et Châteauroux, que connaître le résultat de son rival le plus proche n'est pas forcément un avantage. Ne l'est même pas du tout quand ce dernier a la mauvaise idée d'aller gagner à Créteil (1-0), puis de cartonner contre Ajaccio (4-1). De ces voyages en Bretagne et dans l'Indre, le RCS a rapporté deux nuls 1-1 qui ont eu pour effet immédiat de le bouter hors du podium. À la différence de buts, certes, mais tout de même. La 26e journée de L 2, qui débutera ce soir pour s'achever lundi par un certain Grenoble – Le Havre, propose une configuration opposée. Cette fois, le RCS sera le premier à entrer en scène, tout à l'heure (20 h) à la Meinau contre une équipe de Créteil battue 2-0 à l'aller et en souffrance. La seule à n'avoir pas gagné à l'extérieur, en quête d'un succès depuis le 22 décembre, après trois défaites et deux nuls en 2007. L'effet Artur Jorge, appelé au chevet du club cristolien cet automne en remplacement d'Albert Rust, s'est estompé. Le défenseur du Racing, Eugène Ekobo, pilier de l'US Créteil entre 2004 et 2006 (74 matches de L 2), retrouvera son ancien club avec plaisir (« C'est un match un peu spécial pour moi qui ne garde que de bons souvenirs là -bas »), mais n'est guère enclin à faire du sentiment. « Les trois points nous permettraient de mettre la pression sur le HAC avant son déplacement à Grenoble, mais aussi d'aborder notre match au Havre (vendredi prochain) avec moins de pression sur les épaules. »
« Trouver les clefs du cadenas »
Si la victoire du FC Metz - la première du club lorrain en 2007 - lundi contre Caen (2-0) a redonné de l'air aux hommes de Francis De Taddeo, elle a aussi eu pour effet de laisser le Stade Malherbe deux longueurs devant le RCS. « Un nul aurait peut-être été préférable », commente Jean-Pierre Papin, « mais n'avons-nous pas fait une bonne opération en restant à deux points des Caennais ? La seconde place, c'est motivant, sachant que Metz (Ndlr : qui jouera son match en retard à Libourne le vendredi 23 mars à 20 h) n'est pas si loin et qu'il reste 39 points à prendre. Tout est possible, l'essentiel étant de tracer notre route sans nous occuper des autres. » Il est surtout de trouver une constance dans la performance, ce dont le RCS, toujours invaincu à la Meinau (10 victoires, 3 nuls), n'a jamais été capable depuis juillet. « On a souvent fait de bonnes périodes, rarement des matches entiers, hormis contre Caen et à Châteauroux », reconnaît Papin, « Mais j'ai l'impression que les joueurs ont pris conscience de leurs capacités. Créteil risque de cadenasser derrière. Je n'aime pas trop ce genre d'équipe et je m'en méfie. À Châteauroux, nous avons trouvé les clefs du cadenas en nous montrant mobiles et disponibles. Si nous jouons de la même façon face à Créteil, nous aurons les clefs et les armes en main. À nous de nous en servir. » « À Châteauroux, tout le monde s'est défoncé », acquiesce le capitaine Guillaume Lacour, « Nous devons retenir cet état d'esprit positif. Pour aller là où nous voulons aller, il faudra renouveler ce genre de match. » Autrement dit : mettre dès ce soir sur Le Havre une pression à apprécier sans modération.
Eviction : Au tour de Bellaïd
À la liste déjà longue des mises à l'écart décidées par Jean-Pierre Papin s'est ajouté hier Habib Bellaïd. Remplaçant à Châteauroux dimanche, le défenseur international espoirs, homme de base du RCS depuis le début de saison, ne figure pas dans le groupe contre Créteil. La semaine passée, JPP avait justifié sa sortie du onze de départ en ces termes : « A mes yeux, Habib est impliqué sur les quatre derniers buts encaissés. » Argument qu'il a de nouveau développé hier, avant de détailler les raisons qui l'ont poussé à évincer « de façon passagère, mais pas définitive » Bellaïd face aux Cristoliens. « À Châteauroux, il fallait changer quelque chose pour redonner une solidité à notre défense axiale. Ça s'est bien passé. Cette semaine, Habib a été moins bien. Il n'était pas dans le coup, pas à prendre avec des pincettes non plus, et j'ai préféré ne pas discuter avec lui. Il ne méritait pas d'être dans les seize. J'ai besoin de sentir les joueurs à 300 % derrière moi. Je ne suis pas là pour faire plaisir, ni pour éponger les états d'âme, mais pour monter en L 1. Si Habib veut jouer au Havre (Ndlr : où Jeff Strasser sera suspendu), il faudra qu'il soit très pro la semaine prochaine. » Mis au ban à son corps défendant, l'intéressé, qui s'est entraîné hier matin avec la réserve, avoue ne pas comprendre : « Je n'ai pas eu plus d'explication sur ma sortie du groupe cette semaine que sur mon remplacement la semaine passée. Le coach fait des choix. Je n'ai qu'à les respecter. Si j'ai un peu fait la gu… ces derniers jours ? Oui, mais parce que je suis un compétiteur. Quel joueur a envie d'être remplaçant ? Je voudrais juste qu'on n'oublie pas ce que j'ai fait jusqu'ici. » En clair, une première moitié de saison de haute tenue qui a attiré l'attention du Milan AC et de Valence (« le coach m'en avait lui-même parlé il y a quelques semaines », ne dément pas le joueur), mais aussi de l'Ajax d'Amsterdam et de l'AS Rome. Une Roma qui, l'été passé, a déjà soustrait au RCS un autre grand espoir, Ricardo Faty.
Mouloungui d'entrée
Comme on pouvait s'y attendre, Jean-Pierre Papin jouera la continuité ce soir contre Créteil. Après le nul rassurant de dimanche à Châteauroux (1-1), l'ex-Ballon d'Or n'a apporté qu'une retouche à son équipe de départ : Eric Mouloungui remplace Pascal Camadini, expulsé dans l'Indre et suspendu. Deux changements interviennent dans le groupe des 16 : 17e au stade Gaston-Petit, Ali Mathlouthi remplace Habib Bellaïd, écarté (voir ci-contre), sur un banc des remplaçants que rejoint également Yves Deroff. Titulaire avant sa suspension à Châteauroux, le latéral droit, qui pallie numériquement l'absence de Camadini, la paie cher, puisque JPP a choisi de renouveler sa confiance à ce poste à Eugène Ekobo, très bon face à la Berrichonne. Un coach qui a versé hier dans le dithyrambe à propos du « banni » de l'automne, Pascal Johansen. « Pascal est revenu dans le onze de départ et sur ce qu'il a montré à Châteauroux, il est indéboulonnable. Il aime profondément ce club et a envie qu'il remonte en L 1. Il est très impliqué. » Ce retournement de tendance à l'égard du Colmarien a de quoi rassurer Bellaïd, mais aussi Romain Gasmi. Jugé « coupable » d'avoir fêté ses 20 ans vendredi dernier au restaurant avec ses parents, à la veille de son match de CFA contre Sochaux, le milieu gauche est resté cette semaine à disposition de la réserve qui ne joue pas ce week-end. « Romain n'a pas été très bon contre Sochaux. Maintenant, on sait pourquoi », juge un JPP pas tendre. « Lui et Habib sont jeunes. À 20 ans, on ne sait pas tout du football. On ne peut pas laisser passer des choses qui les desserviront dans leur carrière. »
Suspendus : Camadini (Strasbourg), Grégori, Rui Pataca (Créteil).
Absents : à Strasbourg, Abdessadki (cuisse), Gameiro (reprise), Gargorov, N'Diaye, Vergerolle, Loue, Gasmi, Bellaïd, Kantari, Schneiderlin, Gurtner (choix de l'entraîneur) ; à Créteil, Effa Owona (bassin), Terrier (reprise), Khenniche (adducteurs), Amirèche, Boulebda, Levaux, Perez (choix de l'entraîneur).
Stéphane Godin
Très bonne analyse et des éléments de fond comme toujours de la part de l'Alsace