DNA a écrit :Parole à la défense
En première ligne avec Grégory Paisley lors de la défaite enregistrée samedi, Habib Bellaïd ne fuit pas ses responsabilités dans l'échec contrariant face à Metz. La charnière centrale a néanmoins du mal à trouver des explications, mais ne s'interdit pas les espoirs les plus fous.
Il faut bien admettre que l'on a du mal à partager l'avis qui a cours du côté du Racing dans le sillage du match perdu samedi dernier (2-3). Devant à mi-course, l'équipe strasbourgeoise aurait été emportée par un tourbillon grenat, car le classement de l'adversaire, dernier, lui permet de jouer sans pression ni appréhension. Dans la bouche du coach, cela donne : « Il est plus facile de jouer une équipe concernée par un enjeu ». Dans la pratique, cela signifierait que prendre le meilleur au Parc Lescure, face au 2e de la Ligue 1, 16 points sur 18 possibles en 2008 à domicile, est plus aisé que de donner la leçon au premier relégué identifié.
« Tu refais les actions dans ta tête tout le week-end »
Au-delà de ces considérations osées, il y a les carences affichées à la Meinau l'autre soir et notamment ces trois buts encaissés face à la pire attaque de L1. Opportuniste, pour ne pas dire chanceux sur le front offensif, le Racing s'est fait punir sur ses bases arrières. Grégory Paisley et Habib Bellaïd étaient logiquement les plus mal notés de l'effectif (voir DNA du 9 mars). Alors qu'une méforme passagère de l'un était jusqu'alors compensée par une prestation irréprochable de l'autre, les deux compères, alignés vingt fois côte à côte en championnat, sont passés ensemble au travers. « Ça a eu du mal à passer, explique Habib Bellaïd. Dans ces cas-là , tu refais les actions dans ta tête tout le week-end. Tu as conscience que tu n'as pas été décisif. Puisque tu es concerné à la fin de l'action, il est sûr que tu apparais en première ligne. » Au-delà de la belle réussite messine, au-delà des défaillances en cascade, les enseignements de la défaite face au dernier se révèlent nébuleux. « Il n'y a pas d'explication, on a payé des erreurs cash, remarque Grégory Paisley. On n'a pas fait le boulot, mais je sors la tête haute de ce match. J'ai tout donné. Ce n'est pas mon meilleur match, mais ce n'est pas mon pire non plus de la saison. » La volonté d'évacuer est palpable dans l'arrière-garde alsacienne. « On ne va pas tout remettre en cause pour trois buts, indique ainsi l'international espoir de la charnière centrale alsacienne. On monte sur le terrain pour décrocher le maintien. On n'a pas les moyens d'avoir des angoisses. On a un gros match à jouer, chez le 2e. C'est le type de rencontre que tu aspires à disputer en tant que joueur de foot. » Et après avoir mordu la poussière à la maison face au dernier, comme à l'avant-dernier peu avant, l'espoir d'un improbable exploit, à l'image de celui réalisé au Mans voilà deux semaines (0-1), trotte dans les esprits.
« La France du foot nous donne perdants »
« Depuis le début de la saison, et encore à dix matches de la fin, on n'arrête pas de montrer que l'on est capables du meilleur comme du pire, note Grégory Paisley. Il y a un côté inexplicable dans notre comportement, comme dans le championnat de Ligue 1. C'est le charme du foot. C'est peut-être le charme du Racing cette saison. Pour le rendez-vous de dimanche, la France du foot nous donne perdants. Il peut y avoir un effet de surprise. » Du chassés sur ses terres, le Racing et sa défense centrale en deviennent chasseurs sur celle des autres. « On n'a rien à perdre, conclut Habib Bellaïd. Puisque l'on est dans un position plus délicate au classement, on va avoir cette envie montrée parfois dans la saison et qu'il faudrait avoir tout le temps. Et elle nous a permis de soulever des montagnes. » Le prochain col à dégommer se situe en Aquitaine.
Un repos peu commun
Hier, Laurent Blanc avait même décidé d'accorder une journée de repos aux siens. Voilà qui n'est pas commun, à quatre jours d'une rencontre de championnat. Est-ce à dire que la venue du Racing, dimanche après-midi, s'apparente à une simple formalité ? Peut-être bien. Ce n'est pas pour autant que Ramé et ses coéquipiers sont à considérer comme des garçons hautains. Les Girondins évoluent simplement dans une autre sphère que celle fréquentée par les Strasbourgeois, à mille lieues des soubresauts réservés aux équipes engagées dans l'indécise lutte pour le maintien. Normal, donc, que l'opposition dominicale affole moins les foules que la précédente, un peu hâtivement présentée comme celle qui pouvait relancer le championnat. Battus à plates coutures à l'aller (1-3), les Bordelais ont encore perdu contre l'ogre lyonnais (2-4). Les voilà donc à nouveau repoussés à six longueurs du leader, soit juste le nombre de points perdus lors de cette double confrontation. En toute logique, Laurent Blanc s'est recentré sur l'objectif initial, à savoir qualifier le quintuple champion de France pour la Ligue des champions. Même si les propos équivoques lâchés dimanche dernier laissent penser le contraire - « Je suis très content d'entendre l'entraîneur de Lyon dire que ce n'est pas fini, je le pense aussi », déclarait le champion du monde 1998 -, Bordeaux s'attellera déjà à consolider sa deuxième place. Celle que convoitent Nancy et Marseille, distants respectivement de quatre et sept points. Mais pour déloger l'équipe au scapulaire de son strapontin, les deux poursuivants devront se lever de bonne heure. Meilleure formation de L 1 à l'extérieur, irrésistible depuis le début de l'année civile à Chaban-Delmas - à eux trois, Auxerre, Metz et le PSG y ont encaissé dix buts -, Bordeaux n'a pas trop de mouron à se faire.
Quid sans Wendel ?
A moins que la défaite dans le Rhône ait laissé plus de traces que Blanc ne l'eût pensé ou que l'absence de Wendel ne soit vraiment préjudiciable. Le Brésilien, en forme olympique depuis janvier, a bien failli laisser sa cheville à Gerland sur un tacle assassin du débonnaire Réveillère. Moins grave que prévu, la blessure le tiendra éloigné des terrains deux semaines au moins.
La défense strasbourgeoise ne doit pas pour autant s'en réjouir. Privé de son homme au crâne lisse dans l'entrejeu, Blanc va revenir à un système avec deux pointes offensives. Devant l'imprévisible Micoud, Bellion (11 buts), Cavenaghi (9) - appelé en sélection argentine - ou Chamakh (3) sauront mettre les Bleus au supplice. Reste à savoir si Furlan va renier ses principes de - beau - jeu et adopter la tactique du hérisson pour contrecarrer les velléités girondines. Comme l'a prouvé Lille à Chaban-Delmas fin février (0-0), se montrer modeste dans ses ambitions n'est pas forcément un tort. A un tout autre niveau, le Bordeaux de Blanc l'a bien compris.
Renteria incertain
Souffrant d'un début de tendinite au genou, Wason Renteria a rejoint Renaud Cohade à l'infirmerie. Le Colombien sera encore ménagé aujourd'hui et est incertain pour le déplacement à Bordeaux. James Fanchone a repris au terme de trois semaines passées à résorber une contracture à la cuisse. De son côté, Renaud Cohade continue à soigner son début de pubalgie, ce qui ne manque pas de provoquer de gros regrets chez lui, à l'heure où le Racing s'en va défier son club formateur.
Johansen et Mouloungui se frottent
ALGARADE. - Hier à l'entraînement, à la suite d'un tacle de Johansen sur Gameiro, le ton est monté entre le milieu de terrain colmarien et Eric Mouloungui, venu se mêler de l'affaire. Pascal Johansen a été prié d'écourter sa séance d'entraînement par Noureddine Bouachera, l'adjoint de Furlan. «L'épisode n'aura aucune incidence», a tempéré le staff technique dans l'après-midi. La période de disgrâce que traverse le n°18 strasbourgeois, en fin de contrat en juin, ne risque toutefois pas d'être écourtée...
FORFAITS. - Laurent Blanc peut compter sur un effectif pléthorique. Il ne s'en plaindra pas puisqu'il doit composer avec quatre absences pour le match de dimanche. Outre Wendel (lire par ailleurs), Marc Planus et Jussiê sont en délicatesse avec leurs adducteurs. Par ailleurs, le latéral Benoît Tremoulinas est suspendu.
AUJOURD'HUI. - Entraînement à 10h, terrain annexe de la Meinau.
François Namur