DNA par Pascal Coquis a écrit :Egon Gindorf : « Keller sera mon successeur »
Très discret pendant la crise qui a agité le Racing au début du mois, Egon Gindorf, le toujours président du club, revient sur ces événements. Et annonce que Marc Keller sera son successeur.
- Après le match face à Bastia, vous faisiez vos adieux et un mois plus tard, vous êtes toujours en poste. Pourquoi avoir accepté de prolonger l'expérience ?
- Parce que c'était la seule solution pour que le club démarre la saison sur de bons rails. Tout le monde sait que j'avais décidé d'arrêter et, jusqu'au dernier moment, j'étais persuadé que j'allais passer la main à Philippe (Ginestet). Mais bon, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu, ça arrive. Il fallait assumer.
Le mieux pour le club était que je reste en place quelques mois de plus pour l'accompagner vers la nouvelle saison. Pour que la reprise se passe sans heurt et dans de bonnes conditions.
- Justement, pourquoi tout s'est-il subitement dégradé entre Philippe Ginestet et les autres actionnaires et en particulier Marc Keller ?
- J'ai une part de responsabilité dans cette affaire parce que j'ai sous-estimé le malaise jusqu'à la fin. Le problème était dans le club depuis quelques mois sans que ça ne remonte à la surface, mais je pensais que ça pourrait s'arranger. Quand tout a éclaté, après le match face à Bastia, il était clair qu'il fallait faire quelque chose. Nous avons discuté et tout s'est réglé très vite. Philippe (Ginestet) a, comme tout le monde, été intelligent et raisonnable.
- Le problème était-il si profond que vous ne pouviez le régler en interne ?
- Ce n'était pas un problème d'homme, mais de fonctionnement, donc plus compliqué à gérer. Quand nous avons repris le club, tous ensemble, nous avons fonctionné collégialement. Depuis deux ans, toutes les décisions étaient prises en commun et ça fonctionnait très bien, personne ne tirait la couverture à lui. Au Racing, c'est un groupe qui travaille et qui décide ensemble. Là , Philippe devenait actionnaire majoritaire, président, décisionnaire et l'équilibre a changé.
Il avait investi, il allait avoir le pouvoir, il est jeune et très dynamique, je le comprends. Un homme qui décide seul, ça peut marcher ailleurs, mais pas ici. Parce que l'histoire récente du club est différente. Pour l'instant, le mieux est de garder cette structure collégiale, de ne pas avoir un actionnaire majoritaire qui prend seul les décisions.
- Philippe Ginestet était-il trop interventionniste ?
- Ecoutez, tout a été dit, la crise est terminée à 100 %, ne recommençons pas avec les déclarations. Philippe aime le club et le foot et il est toujours avec nous, il fait partie de notre groupe, comme au début. Il possède encore 20 % des parts et a son mot à dire, comme les autres, il n'y a plus aucun problème. Je pense simplement qu'il a voulu aller trop vite, trop brutalement et a sous-estimé l'impact médiatique d'un club de foot de L1 et le poids de ses déclarations. Mais aujourd'hui, tout est réglé, nous avons tous beaucoup appris pendant cette semaine difficile.
- Pensez-vous que cette crise peut laisser des traces ?
- Je ne crois pas. Tout s'est réglé très vite, en moins d'une semaine, et n'a rien remis de fondamental en cause. Le club marche bien. Ce n'était qu'une petite querelle de famille, comme il y en a dans toutes les familles. Je sais bien que certains se sont dit « ça y est, encore des salades au Racing », ce n'est pas ça. Nous avons eu un problème, nous l'avons réglé très rapidement en restant soudés. Depuis, on est passé à autre chose.
- Qui a racheté les 31 % cédés par Philippe Ginestet ?
- Tout ça ne sera finalisé que le 30 juin, mais 20 % environ ont été rachetés par les autres actionnaires* et 10 % vont être placés dans une petite société que nous allons créer. Ces 10 % là seront disponibles pour un éventuel investisseur extérieur. Celui que nous choisirons pour nous rejoindre ne viendra pas pour l'argent, mais parce qu'il aime le club. Ce sera le critère unique.
- Avez-vous des candidats ?
- Oui, il y en a plusieurs, mais nous ne sommes pas pressés.
- Jusqu'à quand allez-vous assurer l'intérim à la tête du club ?
- Je voudrais que les supporters se rassurent : je ne viens pas leur dire : « Je suis à nouveau là » pour refaire mes adieux dans six mois. Je ne vais pas jouer les « Compagnons de la chanson ». S'ils veulent, je peux même rendre les cadeaux, même si je préférerais les garder... Non, plus sérieusement, comme je le disais, ce sont les circonstances qui m'amènent à prolonger mon mandat et quand tout roulera, je passerai la main. Sans doute en fin d'année.
- A qui ?
- Je pense que Marc (Keller) est la personne toute désignée pour être le futur président du Racing. Il connaît le club comme personne et il a une image incroyable dans le monde du foot, il sera parfait dans ce rôle.
- Pour revenir au terrain, Mamadou Niang sera-t-il encore Strasbourgeois cette saison ?
- Franchement, je ne sais pas. Je vais être clair : Mamadou est une perle et il a réalisé une deuxième partie de saison exceptionnelle. Nous voulons le garder, et nous lui avons fait une très très belle proposition pour qu'il reste au moins une année encore. Mais il veut partir.
Je l'ai appelé il y a une dizaine de jours pour lui parler. Il m'a dit qu'il allait réfléchir, qu'on pouvait en discuter, mais qu'il voulait changer de club. II m'a dit : « Président, c'est le moment pour moi de voir autre chose ». J'ai compris.
On a tout essayé, la balle est dans son camp. Nous nous préparons à ce qu'il nous annonce son départ, à Marseille ou en Angleterre.
- A combien avez-vous fixé le montant du transfert ?
- Quand je vois qu'Utaka est parti de Lens pour 6,5 M€, je me dis qu'un garçon de la classe de Niang ne peut pas être vendu en dessous de 8 ou 9 M€, 10 peut-être. Mais l'important n'est pas la somme. L'important, c'est que le club s'y retrouve et le joueur aussi. En début d'année, quand tout allait mal pour lui sur le terrain, je lui avais dit qu'il devait prouver sa valeur et que le jour où il l'aurait prouvé et qu'un grand club se présenterait nous ne ferions pas de difficultés. S'il doit partir, il partira à son juste prix.
- Dagano pourrait le remplacer ?
- Il a le profil pour. Il nous intéresse fortement, oui.
- On dit que Pagis aussi pourrait partir...
- Il n'en est pas question. Il est encore sous contrat un an et nous souhaitons, non nous voulons qu'il remplisse ce contrat. C'est vrai qu'il a eu une très belle offre d'un club français (Lens lui aurait proposé 3 ans de contrat et 80 000€ par mois), mais nous ne le laisserons pas partir. Nous sommes à nouveau ambitieux et Pagis est un joueur remarquable qui fait du bien à notre équipe.
Il mérite cet argent, alors nous lui avons proposé de prolonger de deux saisons en revalorisant très fortement son salaire. Nous ne pouvons pas faire plus que ça et c'est beaucoup, croyez-moi. Ou il reste un an chez nous aux conditions actuelles ou il prolonge avec un plus gros salaire qui lui assure une très belle fin de carrière. Et sportive et financière.
- Vous parlez d'ambition, ça signifie quoi ?
- S'installer dans la première partie du classement et pourquoi pas réaliser un petit parcours en coupe de l'UEFA comme Lille ou Auxerre cette année. Avec l'équipe que nous avons, on peut vivre de belles choses. Les gens sont revenus au stade l'an passé parce qu'après des débuts très difficiles, nous avons fourni un beau football. Il faut continuer dans cet esprit avec l'objectif de dépasser les 8 000 abonnés. J'en ai fait le pari avec Frédéric Thiriez, j'aimerais bien le remporter.