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DNA a écrit :Sorti grandi
Hier soir, à Saint-Symphorien, le Racing a chassé ses vieux démons. En renouant avec la victoire au terme d'un derby émaillé par de déplorables débordements, la troupe de Furlan se remet dans le sens de la marche. Rassurant.
Pourquoi la bêtise humaine s'invite-t-elle inlassablement dans les stades de foot ? Pourquoi faut-il qu'une simple rencontre entre vingt-deux bonshommes exacerbe ainsi les pulsions animales et suffise à convier la haine dans les travées ? Qu'expliquer aux enfants venus assister à cette supposée fête ? Voilà le genre de questions qui ne manquent pas de resurgir, après le derby mosello-alsacien.
Débordements, échauffourées, interruption
C'est un triste spectacle, à vrai dire, qu'ont proposé hier une frange de « supporteurs » messins, allant même jusqu'à chahuter physiquement l'emblématique président de leur club, Carlo Molinari. Des débordements inexcusables qui ont débuté au moment où le Racing avait plié le match, après le but de Renteria (52e', 0-2). Un mouvement de foule, un début d'échauffourées suivi d'une charge des CRS, a provoqué une interruption de six minutes. Cassard, bombardé de cailloux par les plus excités des spectateurs de la « Génération Grenat », n'avait guère envie de poursuivre l'expérience. L'hypothèse d'un arrêt pur et simple des hostilités pouvait même être envisagée. « Ce n'était pas souhaitable, relativise Jean-Marc Furlan. Vous savez, j'ai été joueur dans les années 80 et ce genre d'incidents étaient alors monnaie courante. Ce n'est pas excusable, mais l'essentiel est que tout le monde ait retrouvé la raison et gardé son sang-froid. » On comprend surtout que l'entraîneur strasbourgeois n'ait pas envie de gâcher sa joie à cause d'événements extérieurs, dans lesquels les spectateurs des Bleus n'étaient d'ailleurs en rien impliqués, eux qui s'étaient tristement illustrés voilà deux ans. Avec tout ce bazar, la performance du Racing passerait presque au second plan.
« On a pris du plaisir »
Or, cela fait quand même vingt-quatre ans que les Alsaciens ne s'étaient plus imposés en championnat à Saint-Symphorien. « On n'a pas envie de passer le quart de siècle », souriait le président Ginestet avant le coup d'envoi. Ses joueurs, eux, avaient une vision à plus court terme. Sevrés de victoire depuis la fin août, muets offensivement en cinq rencontres, ils voulaient surtout mettre un terme à cette mauvaise passe. Ils y sont parvenus. Qui plus est avec la manière. Maîtres du jeu d'entrée, solides en défense, malgré deux grosses occasions de Gygax (13e' et 29e'), les Bleus ont su habilement construire leur succès. « On a pris du plaisir, dit Johansen, étincelant hier soir dans son rôle de distributeur. C'est une immense satisfaction. J'ai souvent joué ici, mais jamais gagné. » Le bonheur du Colmarien est d'autant plus intense qu'il a distillé les deux passes décisives, sur les buts de Mouloungui (42e') et de Renteria (52e'). Malgré les incidents, les Strasbourgeois ne se sont pas désunis. Cela, ils le doivent en grande partie à Cassard. Impuissant sur la réduction du score de François (63e'), le gardien multiplie les exploits dans une fin de match échevelée.
La lanterne rouge messine repoussée à dix points
Le Racing a enfin chassé ses vieux démons. En repoussant la lanterne rouge messine à 10 points et en doublant Monaco et Nice pour s'installer au septième rang, la troupe de Furlan s'est remis dans le sens de la marche. « On est super-heureux, jubile Habib Bellaïd. L'attaque, qui était un peu décrié ces derniers temps, en a marqué deux. Derrière, on a été efficaces. On a montré qu'on aimait ce club, c'est aussi pour nos supporters qu'on l'a fait. »
Sébastien Keller
Cassard le sauveur
Bien aidés par un Cassard intraitable et par un Johansen des grands soirs, les Strasbourgeois ont arraché une victoire amplement méritée.
D'un de nos envoyés spéciaux à Metz
CASSARD (). Sa parade en deux temps, face à Gygax (13e), sauve son équipe du 1-0. Tout comme il la sauve ensuite de l'égalisation juste avant la mi-temps, sur le coup franc cadré de Barbosa. Il faut ensuite ajouter les innombrables duels gagnés, comme à la 59e, seul face à B. Gueye. Décisif, tout simplement.
SZELESI (). Le Hongrois semble de plus en plus à l'aise au sein de cette équipe strasbourgeoise et commence enfin à apporter son écot offensif. Tout en restant sérieux à l'arrière. Une prestation sobre et efficace.
BELLAID (). Match plein pour le défenseur central, qui n'a jamais été dans le rouge en première mi-temps... jusqu'à cette faute sur Agouazi à l'entrée de la surface, qui offre un coup franc dangereux aux Messins. S'est ensuite montré intraitable lors du réveil messin en seconde période.
PAISLEY (). Le défenseur central n'a pas vraiment tremblé en début de rencontre. Moins de réussite ensuite, comme lorsqu'il relance de la tête dans les pieds de François, tout heureux de réduire le score pour Metz.
DOS SANTOS (). Un sauvetage face à C. Gueye l'a d'emblée mis dans le vif du sujet. A ensuite intercepté un nombre incalculable de balles, tout en faisant l'effort d'apporter le surnombre côté gauche.
RODRIGO (). Sa première perte de balle (28e) aurait pu coûter cher, mais le Brésilien s'est immédiatement rattrapé en volant une balle dans les pieds de Gygax, dans la surface. A ensuite beaucoup aidé sa défense centrale, comme à son habitude. Précieux.
COHADE (). Son premier coup franc (6e), bien léché, a donné le ton. Le milieu de terrain a ensuite multiplié les permutations, à gauche comme à droite, pour essayer d'apporter de solutions offensives. A ensuite défendu comme un mort de faim.
JOHANSEN (). Inspiré, le meneur de jeu a fait parler sa technique et a offert pas mal de bons ballons en début de rencontre, notamment sur corners. L'Alsacien a finalement été récompensé de ses efforts en offrant la balle du 1-0 à Mouloungui. Avant d'offrir un véritable caviar à Renteria pour le deuxième but strasbourgeois. Le Johansen qu'on aime.
FANCHONE (). Deux belles têtes sur corner et des tentatives de une-deux avec Cohade intéressantes. Pour le reste, Fanchone s'est à nouveau montré altruiste à défaut d'être décisif, en offrant quelques bons centres à ses attaquants. Remplacé par Gameiro (88e).
MOULOUNGUI (). Pas vraiment à l'aise face à C. Gueye en début de match, le Gabonais s'est ensuite réveillé. Son centre-tir tendu (42e) manque de tromper Marichez et sur le corner qui suit, il marque de la tête. Remplacé par Alvaro Santos (83e).
RENTERIA (). Souvent accusé de nonchalance, le Colombien s'est repris, faisant preuve d'une hargne qu'on ne lui connaissait pas et apportant enfin de l'aide à ses coéquipiers lors des phases défensives. Cerise sur le gâteau, il a aussi marqué son quatrième but d'un tir du droit sur sa première occasion.
Barbara Schuster
L'Alsace a écrit :Un succès historique
Pour la première fois depuis 24 ans, le Racing s'est imposé à Metz hier soir en championnat (2-1), à l'issue d'un derby terni par les débordements des pseudo-supporters messins.
Le derby d'hier soir restera dans l'histoire. Malheureusement pas seulement parce que le Racing a vaincu le signe lorrain en s'imposant à Metz pour la première fois depuis 24 ans (1-0 le 22 octobre 1983) et ainsi mis fin à une série d'insuccès de cinq matches. Autant qu'un match de football qui mit près d'une mi-temps à se décanter, les gazettes retiendront l'exécrable comportement de ceux qui se prétendent supporters du FC Metz. Après le second but strasbourgeois signé Renteria à la 52e (2-0 alors), la faction la plus dure de « Génération Grenat » entreprit d'envahir le terrain, provoquant une interruption de la rencontre pendant six minutes. Quelques instants plus tard, Stéphane Cassard, las d'être bombardé de projectiles, demanda à l'arbitre davantage de protection. Entre-temps, une quinzaine d'énergumènes avait envahi la tribune présidentielle pour aller insulter le président lorrain Carlo Molinari. Son homologue strasbourgeois Philippe Ginestet avait dû se muer en garde du corps de luxe. « Carlo a été secoué et j'ai dû l'enlever de la mêlée pour éviter qu'il ne réplique. Subir un tel traitement après 40 ans de présidence, c'est lamentable, inacceptable. J'ai une pensée pour lui. » « Une bande de nazillons s'est rendue dans la corbeille pour insulter le président », complète le responsable messin de la sécurité, Jacky Ancel. « C'était un mouvement de foule. Il n'y a pas eu d'arrestations. Mais la police va maintenant exploiter les vidéos pour confondre les meneurs que nous connaissons d'ailleurs. »
« Cette victoire est magnifique »
Du coup, on en oublierait presque que le Racing a signé en Lorraine un succès après lequel il courait depuis près d'un quart de siècle. « C'est précisément ce que je pensais ce matin (hier) », sourit le président Ginestet. « Je me disais que si nous ne gagnions pas, ça ferait pile un quart de siècle. C'est bien que le match soit allé à son terme. Et les incidents ne gâchent pas notre victoire. Ça fait du bien de gagner, de marquer à nouveau et de signer un succès essentiel pour notre survie en Ligue 1. » Solides, les Strasbourgeois ont su faire front dans la tempête. L'entraîneur Jean-Marc Furlan a pourtant craint « que le match ne soit arrêté. Mais les deux équipes ont gardé leur sang froid. On craignait surtout pour Stéphane Cassard qui était bombardé de projectiles. Compte tenu du contexte et du fait que nous n'avions plus marqué depuis longtemps, c'est une victoire qui fait du bien et qui, je l'espère, va renforcer la confiance du groupe. C'est bien sur le plan comptable, surtout après une série de résultats négatifs. » « On sent qu'on a vraiment vécu un moment particulier dans un derby très chaud, une grosse ambiance. Cette victoire est magnifique », se félicite un Pascal Johansen qui n'avait jamais connu pareil bonheur à Saint-Symphorien. « Il était essentiel de repousser loin un concurrent dans la course au maintien. » En raflant son second succès à l'extérieur de la saison, le RCS a effectivement regagné deux rangs et est désormais 7e, dix longueurs devant sa victime du jour. Au milieu des « événements » décrits par Pascal Johansen, on l'oublierait presque effectivement. Mais on s'en souviendra assurément lors du décompte de fin de saison.
Cassard : « Jamais vécu ça »
Bombardé de cailloux dès le second but strasbourgeois, Stéphane Cassard a très vite alerté un corps arbitral (Bruno Ruffray et son assistant) qui n'a, selon lui, pas mesuré l'ampleur des événements. « En quinze ans de carrière, c'est la première fois que ça m'arrive. J'ai l'impression que les supporters messins n'ont pas pris conscience de la gravité de leurs actes. L'arbitre aurait dû réagir plus tôt. Le poste de gardien est déjà tellement exposé qu'il faut savoir le sécuriser. Je n'ai personnellement pas milité pour l'arrêt du match, mais je voulais absolument que les arbitres prennent conscience de la dangerosité de la situation. Les instances doivent prendre les décisions qui s'imposent pour sanctionner plus durement les supporters fautifs. »
Cassard, ce héros
Avec Johansen, passeur hors pair, le gardien strasbourgeois a été l'homme de Saint-Symphorien hier soir.
Stéphane Cassard (9). Meilleur Strasbourgeois hier, il a brillé sur les sorties comme sur sa ligne, d'autant que sa défense n'a pas toujours été souveraine. Une prestation d'autant plus éclatante qu'il a aussi dû faire face à l'ire et aux projectiles des supporters messins.
Zoltan Szelesi (5). A eu beaucoup de mal hier soir, mais ses errements n'ont pas été exploités par des Messins maladroits.
Habib Bellaïd (6). A souvent dû parer au plus pressé, notamment en raison de la liberté laissée par les Strasbourgeois à Agouazi. Son jeu de tête a été précieux sous la pression messine.
Grégory Paisley (5). Auteur d'une prestation très moyenne, son dégagement sur le but messin de François n'a pas été assez appuyée. Auteur d'une faute non sifflée sur Effa à la « limite intérieure » de la surface…
Manuel Dos Santos (5). Pris en défaut par la vitesse de Gygax sur le but messin, il a lui aussi été l'auteur d'une prestation en demi-teinte.
Rodrigo (5,5). A eu du mal à museler Agouazi, le meilleur Messin hier soir. Son intervention sur Gygax , à la demi-heure, a été très virile, voire limite dans la surface, mais finalement décisive, puisque pas sanctionnée…
Pascal Johansen (8) : A incontestablement apporté par sa science des coups de pied arrêtés et des centres, qui lui a permis de délivrer ses deux premières passes décisives de la saison à Mouloungui et Renteria. Les situations chaudes sont souvent parties de lui, même si elles n'ont pas souvent abouties, faute à une maladresse alsacienne devant le but lorrain. Très encourageant.
Renaud Cohade (6). Relayeur solide sans être épatant, il a eu le mérite de ne pas perdre de ballon dans un contexte très tendu, dans et autour du match.
James Fanchone (5). Après un début de match prometteur, il s'est effacé au fil des minutes. Remplacé par Gameiro à la 88e.
Eric Mouloungui (6) : Face à des Messins limités, il s'est promené techniquement mais a toujours du mal à résister aux charges « type Ligue 1 ». Il a su décanter la situation en provoquant le corner qui a amené son but de la 42e, entaché, il est vrai, d'une faute sur Bassong. Remplacé par Alvaro Santos à la 82e.
Wason Renteria (6,5). Un but, et c'est l'essentiel. A manqué deux balles de match à la 83e et la 88e, son lob, puis sa frappe, étant captés sans problèmes par Marichez.
518
En ouvrant le score à la 42e hier à Saint-Symphorien, Eric Mouloungui a mis fin à 518 minutes de mutisme offensif. Le Racing n'avait plus marqué depuis la 64e minute de son succès contre Lens le 25 août (2-1), soient 8 h 38 minutes.
Stéphane Godin
), il a été précieux au milieu, finalement plus les matchs sont chauds, plus il brille.
. On a su être réaliste, même si a 2-1 on en a loupé 2-3.
et pas mal de pertes de balles), et quel centre pour Renteria! et en plus, il sait tirer les corners, chaque corner était dangeureux.
