dna a écrit : Des claques, puis le déclic
En mauvaise posture lors du match aller, fin novembre, le Racing avait puisé dans des ressources insoupçonnées pour préserver le point du nul (1-1) à dix contre onze Rennais. Un déclic et le point de bascule pour des Bleus autrement plus fringants avant la manche retour en Bretagne, ce dimanche (15h).
Neuf défaites en onze journées, dont une série de trois en cours, une inquiétante 19e place au classement, un entraîneur fragilisé, marqué par le Covid et crispé par cette situation précaire, une Meinau vide et froide qui n’a pas pu rendre hommage à Diego Maradona disparu deux jours plus tôt : en ce vendredi 27 novembre, lors du match d’ouverture de la 12e journée de Ligue 1, le Racing a vraiment tout à craindre de la venue du Stade rennais.
Leaders deux mois plus tôt, les Bretons de Julien Stephan traversent certes un premier creux après leur élimination en phase de poule de la Ligue des champions. Mais la pépite Camavinga et ses coéquipiers comptent bien imiter Monaco, Lille, Lyon ou Marseille, ces gros bras qui ont battu plus tôt un Racing moribond.
« Un point de bascule dans l’état d’esprit »
Oui, mais ce soir-là, les Bleus refusent pour la première fois de courber l’échine contre plus forts qu’eux. Et le scénario du match va favoriser une soudaine prise de conscience générale. « J’ai toujours considéré que c’était le déclic qui nous a permis de nous lancer dans le championnat », insiste le buteur Ludovic Ajorque.
Il y a donc d’abord une forme de maîtrise qui permet aux Strasbourgeois de s’installer dans la partie. Le retour du milieu en losange, système déjà expérimenté contre Dijon lors du premier succès (1-0, 4e journée), n’y est pas étranger.
« On a réalisé une première mi-temps de qualité, avec nos moyens de l’époque, se souvient Thierry Laurey. Techniquement, ce n’était pas non plus le match de l’année. On était loin du niveau vu récemment à Metz, contre Lille ou à Monaco. Sans quoi on aurait mené trois à zéro à la mi-temps. »
Le Racing doit se contenter d’un petit but d’avance, œuvre de Thomasson – son premier de la saison – sur un centre en retrait de Lala (24e ). Mais au moment de regagner les vestiaires à mi-parcours, il n’y a déjà plus que dix Strasbourgeois sur le pré.
Cinq minutes avant la pause, le capitaine Mitrovic a vu rouge pour avoir “découpé” l’attaquant Guirassy au niveau de la cheville. Verdict : huit semaines d’indisponibilité pour le Rennais et trois matches de suspension pour le Serbe…
« À la base, on commet une petite erreur qui n’aurait pas dû prêter à conséquence », rappelle l’entraîneur. Loin du but alsacien, le grand Nzonzi dévie ainsi une balle de la tête devant Simakan, parti à l’abordage pour s’y opposer. Mauvaise idée : le jeune défenseur laisse “Mitro” tout seul aux trousses de la flèche bretonne…
« Une défaite aurait mis un coup derrière la tête »
En infériorité numérique face à une formation qui lance tous ses attaquants, le Racing recule et subit logiquement. Mais il n’explose pas sous les coups de boutoir à répétition, même après le but égalisateur signé Hunou (60e ).
« On a su être solidaires et costauds » dit Ajorque, qui n’a pas hésité à prêter main-forte à ses défenseurs.
« Avant ce match, on se battait, mais sans être raccord les uns avec les autres, constate Laurey. On commettait beaucoup d’erreurs individuelles, on avait des manques, même si l’équipe revenait tout doucement. Mais ce soir-là, c’était un point de bascule dans l’état d’esprit. »
Il a aussi fallu un brin de réussite pour ne pas voir réduits à néant les efforts de la soirée, à l’image de cette tête de Léa-Siliki dans les arrêts de jeu qui file juste à côté du poteau de Kawashima. Trois mois plus tard, le coach strasbourgeois en frissonne encore…
« Rennes a eu les occasions mais a manqué de réalisme, reconnait-il. Une défaite aurait mis un coup derrière la tête des joueurs. Ce soir-là, il y avait la déception d’avoir perdu deux points dans l’histoire, mais aussi la satisfaction de constater que les dix gars sur le terrain s’étaient battus comme des chiens pour sauver au moins un point. Ça nous a fait énormément de bien. On a vu qu’avec cette débauche d’énergie, on pouvait accrocher des équipes performantes. Ça a été un élément important de notre retour sur le devant de la scène. »
Dans les semaines qui suivent, le Racing va amorcer son redressement en s’imposant notamment à Nantes (0-4) et à Angers (0-2). « On a su mettre en place un état d’esprit qui a perduré après, analyse Laurey. Les garçons ont compris que ce qu’ils ont été capables de faire à dix, ils pouvaient se le rendre un peu plus simple à onze. Ça leur a donné de la confiance. »
Celle-ci est même au plus haut depuis les quatre points pris récemment entre Lille (1-1) et Monaco (1-0). Soit tout le contraire de celle des Bretons, toujours en berne malgré le retrait de Stephan et l’arrivée de Genesio sur le banc.
Au moment de rallier les bords de la Vilaine, les Bleus devront se souvenir de cette lointaine soirée de novembre. C’est au match aller que tout a réellement commencé pour eux.
Repères
Racing : tous sur le pont
Hormis Lebo Mothiba, Mohamed Simakan, tous deux en phase de réathlétisation, et Alexander Djiku (adducteur) –, tous les Racingmen étaient présents à l’entraînement ce vendredi. Vingt joueurs de champ et quatre gardiens – Kawashima, Kamara, Sels et le jeune Bellaarouch – ont participé à différents ateliers techniques.
La dernière séance avant le départ pour Rennes est programmée ce samedi à 15 heures.
Jonas Martin maudit
Ce n’est pas encore ce week-end que Jonas Martin retrouvera ses ex-coéquipiers. Depuis son départ du Racing pour Rennes à l’été 2019, le milieu de terrain (30 ans) n’a pas eu l’occasion de jouer contre le Racing.
Encore Strasbourgeois lors du match aller de la saison écoulée (0-2), il n’a pas pu disputer le retour, le championnat étant stoppé par la pandémie. En novembre dernier, quand les Bretons sont venus à la Meinau (1-1), Martin soignait sa cheville.
Revenu en jeu ces dernières semaines, le natif de Besançon a manqué le déplacement de mercredi à Marseille en raison d’une suspension. Et le voilà rattrapé par la maladie. « Jonas est touché par un virus », a expliqué ce vendredi son nouveau coach Bruno Genesio, laissant entendre qu’il ne s’agissait pas du Covid.
Grenier forfait, le président Holveck malade
Sorti sur blessure au Vélodrome après l’heure de jeu, l’autre milieu de terrain Clément Grenier souffre d’une entorse externe de la cheville et sera absent dimanche. Par ailleurs, le président du club breton Nicolas Holveck, hospitalisé depuis la semaine dernière, a dévoilé ce vendredi que les médecins lui avaient diagnostiqué un cancer. « Dans cette période difficile, je reste totalement impliqué », a-t-il fait savoir via un communiqué.