L'Alsace a écrit :« Une demi-finale à Grenoble »
Revenu à un point du leader Raon-l’Etape à trois journées de la fin, le RCSA, difficile vainqueur de Belfort avant-hier à la Meinau (2-1), se prépare désormais à un duel capital samedi (18 h) chez l’autre prétendant à l’accession en National, Grenoble, irrésistible depuis un mois et demi (5 victoires, 1 nul).
C’est l’emballage final et ceux qui n’étaient pas lancés à pleine vitesse ont déjà perdu toute chance de couper la ligne d’arrivée en vainqueurs. La moitié des six fuyards, Moulins, Mulhouse et Lyon-la-Duchère, a été écartée du sprint sans ménagement. Ils ne sont plus que trois à briguer l’accession en National : Raon-l’Etape, qui a certes décéléré depuis deux rencontres (nuls vierges contre Nancy 2 et à Villefranche), mais reste sur 10 matches sans défaite (6 victoires, 4 nuls) et n’a perdu qu’une fois lors des 23 dernières journées (13 succès, 9 nuls et un revers 3-0 à Grenoble) ; Strasbourg, qui s’est refait la cerise après sa déculottée à la Meinau contre Moulins le 10 avril (0-4) et imposé quatre fois depuis ; et Grenoble, qui reste aussi sur 4 victoires et 6 rencontres sans échec (5 succès, 1 nul).
Or, au programme des trois derniers rendez-vous figurent deux confrontations directes forcément capitales : Grenoble – Strasbourg samedi et Raon – Strasbourg le 25 mai. Sur le papier, les Bas-Rhinois paraissent ainsi en position de faiblesse. Mais à y regarder de plus près, c’est beaucoup moins flagrant. D’abord parce que Grenoble, 3e à 2 points de Raon et 1 du RCSA, a déjà été pénalisé de deux points et devrait en principe l’être de deux autres (1). Ensuite parce que les Grenoblois ont un premier impératif absolu : gagner samedi contre le Racing.
Les hommes de François Keller auront, eux, une seule obligation : ne pas perdre au Stade des Alpes où, pour la première fois, ils retrouveront des conditions proches de la Meinau, dans une enceinte taillée pour la Ligue 1 et face à - dixit François Keller - « une super équipe qui vit chaque week-end la même chose que nous »
« Une équipe qui sait mettre son cœur sur le terrain »
Tout le bénéfice du succès arraché au forceps avant-hier contre Belfort (2-1) est là : contraint de tout gagner auparavant, le RCSA peut se permettre de ne pas perdre en Isère pour rester maître de son destin. Avec cette nouvelle donne, peut-être s’y libérera-t-il davantage que face aux Belfortains contre qui il a, selon son entraîneur, joué « la trouille » chevillée aux crampons. « Après notre match accompli à Lyon l’autre samedi (5-1) , c’est incompréhensible. Le public a cependant pu constater une nouvelle fois que nous avions une équipe qui sait mettre son cœur sur le terrain quand elle est moins bien dans le jeu. Pour autant, je suis lucide et je sais bien tout ce qui n’a pas été : en jouant ainsi, nous aurons zéro chance à Grenoble. Mais aujourd’hui - et la venue du kop juste derrière nous en tribune d’honneur sur la fin de match en témoigne -, beaucoup d’Alsaciens se reconnaissent dans cette équipe qui ne lâche rien, alors qu’elle aurait pourtant pu s’effondrer à un partout. »
Pour l’heure, il s’agit de vite tourner la page après ce succès si important, mais si peu convaincant contre Belfort que les Bleus savourent - ils ont bien raison - à sa juste valeur, à l’image de leur buteur Julien Perrin (10 buts). « Nous avons gagné dans la douleur, mais nous l’avons fait. Il y a encore deux journées, beaucoup pensaient que Raon, avec ses cinq points d’avance, allait s’envoler. Mais nous ne lâchons rien et ne lâcherons rien à Grenoble. Il va y avoir de plus en plus de pression et il faudra savoir la gérer. J’ai déjà vécu trois montées de CFA, mais je n’avais encore jamais ressenti une pression comme celle qu’on connaît dans un club comme Strasbourg. »
« Dans la peau du Petit Poucet »
Une pression qui n’épargne pas Grenoble, encore pensionnaire en 2009-2010 d’une L1 que Strasbourg avait quittée deux ans plus tôt. Plombé par un début de saison ratée et les dérapages de ses supporters, le GF 38 est revenu d’entre les morts, après avoir plongé en CFA 2 à l’été 2011, comme le Racing. Entre deux ex-clubs pros qui ambitionnent de le redevenir, le duel de samedi (18 h) « ressemble à une demi-finale » , selon François Keller qui annonce que son équipe va se glisser « dans la peau du Petit Poucet. » Un Petit Poucet qui, c’est vrai, a toujours beaucoup à perdre, mais sait ce matin qu’il ne lui est pas absolument vital de gagner. Dans les têtes, ça change tout.
(1) En réalité, la commission de discipline de la Fédération les lui a déjà infligés, mais le GF 38 a interjeté un appel suspensif qui sera examiné prochainement, ce qui explique qu’ils ne soient pas décomptés au classement.