DNA a écrit :Le triumvirat s'affirme
Il aura donc fallu attendre le baisser de rideau de la 28e journée et la probante victoire du Racing aux dépens d'Angers (2-0) pour voir les favoris à l'accession occuper de concert les marches du podium. Lens, Strasbourg et Metz, soit les trois recalés de l'élite, ont désormais dix journées devant eux pour consolider leurs positions et repousser les assauts des trouble-fête.
Désignés comme les grands favoris dans la course à la (re)montée, le triumvirat déchu au printemps dernier à l'étage supérieur n'avait encore jamais affirmé à l'unisson ses ambitions. Vannes, Tours, Boulogne, Angers ou Montpellier étaient venus, dans le désordre, se hisser au sommet de la Ligue 2 pour composer le tiercé gagnant.
« Les joueurs ne se sont jamais déballonnés. Ça fait aussi partie du talent »
Comme un symbole, c'est à l'entame de la dernière ligne droite, à désormais dix étapes du poteau, que Lensois, Strasbourgeois et Messins se retrouvent aux avant-postes. C'est assurément un signal fort pour ceux qui rêvent de reléguer l'une des pointures sur le quai au moment où le train de l'élite s'ébranlera, des valises pleines d'amertume et de regrets sous les bras, le 29 mai prochain. Sur le refrain de « rien n'est fait, tout reste à faire », Jean-Marc Furlan se garde bien de tirer des plans sur la comète. Son équipe, qui se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue, retrouve à peine des couleurs. Il n'empêche. Le Racing est sorti debout, peut-être même renforcé sait-on jamais, d'un hiver à glacer les sangs. « On n'a pas surmonté nos déboires, on s'en est servi, explique l'entraîneur alsacien, à l'évocation des mois pénibles. Les joueurs ne se sont jamais déballonnés. Ils n'ont pas sombré dans les affres traversées à la Meinau. Ils ont toujours su répondre présent. Ça fait aussi partie du talent. Cette équipe a un projet de jeu. Tout cela va la faire grandir. » La victoire contre le SCO d'Angers, formation qui les précédait directement au classement au coup d'envoi, participe à cette logique. Les Bleus montent indéniablement en régime, même si la qualité de jeu en pâtit. « Nous ne fournissons pas un grand spectacle, mais nous gagnons », s'excuse presque Furlan. En quatre journées, le Racing a ainsi inscrit dix gros points. Soit autant que lors des dix journées précédentes. Au passage, Guillaume Lacour et les siens ont repris trois points à Metz et à Montpellier, sept à Lens, un leader dont le statut d'intouchable est sérieusement mis à mal ces dernières semaines. « C'est bien, mais ça peut encore être mieux, ajoute Jean-Marc Furlan. L'avantage, c'est que nous avons élargi le groupe. Dans le sprint final, tout le monde va se sentir concerné. » Le coach peut ainsi compter sur un Kandia Traoré remonté comme un coucou, lui qui a signé son troisième doublé de la saison après avoir croupi plus de trois mois sur le banc.
« Je ne vais rien changer, sauf à y être obligé »
Au-delà de la réussite éclatante de l'Ivoirien, en pur finisseur, le Racing dispose a priori d'une marge de progression intéressante. Sur le côté gauche, la relation entre Jean-Alain Fanchone et Yassine Bezzaz s'affine de match en match et pourrait bientôt relever de la complicité. Le premier nommé, naturellement porté vers l'attaque, sait que son coéquipier colmatera les brèches en cas de besoin. A l'arrière, la paire Shereni - Pelé gagne en assurance et en crédibilité. Contre Angers, leur deuxième association - le Zimbabwéen était suspendu à Nîmes la semaine passée - s'est à nouveau soldée par un résultat probant, le but de Cassard restant inviolé. Grégory Paisley, l'ex-pilier défensif relégué sur le banc, devra redoubler d'effort pour récupérer sa place de titulaire. « La fin de saison n'est plus trop propice aux essais, confirme Furlan. J'ai acquis certaines convictions quant à la composition de mon équipe. Je ne vais rien changer, sauf à y être obligé. » L'entraîneur apprécie tout particulièrement le rendement de ses deux milieux récupérateurs, en l'occurrence Lacour - qui a disputé son 200e match sous le maillot bleu - et Cohade. Ce dernier, longtemps en proie à des baisses de régime, revient au sommet de sa forme au bon moment.
« J'ai l'impression que nous avons franchi un palier à l'extérieur »
En dépit de l'absence prolongée d'Emil Gargorov, qui soigne toujours une lésion à la cuisse, les Alsaciens semblent bien armés pour aborder l'emballage final. Sur les cinq prétendants à la montée (*), leur calendrier parait être le plus compliqué, avec trois confrontations directes, mais surtout six déplacements pour quatre matches à domicile. « J'ai l'impression que nous avons franchi un petit palier à l'extérieur », tempère Jean-Marc Furlan, rasséréné par le nul ramené de Vannes (2-2) et la victoire obtenue à Nîmes (0-2). C'est à Troyes, ce vendredi, que le Racing cherchera à confirmer ses bonnes dispositions. Histoire de défendre ses positions, ardemment convoitées par les trois poursuivants. Le triumvirat est peut-être constitué, mais la lutte de pouvoir ne fait que commencer.
Sébastien Keller