DNA a écrit :Largement insuffisant
Portés disparus en première période, les Strasbourgeois ont sauvé les meubles en remontant deux buts au Stade Brestois. Jean-Marc Furlan a sauvé sa tête, mais son équipe n'avance plus. En 2009, le Racing n'a toujours pas gagné. Inquiétant ? Oui, assurément.
C'est devenu une vilaine rengaine. Alors que le Racing court désespérément derrière son premier succès depuis la trêve, ses concurrents directs n'arrêtent plus de gagner. Hier soir, Lens et Angers ont pris le large, alors que Metz est allé chercher un point - ou en a perdu deux en encaissant un but dans les arrêts de jeu - sur le terrain de Boulogne. Fatalement, les Bleus ne recollent pas au podium.
« Nous avons été médiocres car nous manquons de sérénité »
Paradoxalement, la situation n'est pas désespérée. Ce matin, ils pointent toujours à trois longueurs du voisin mosellan. Un écart qui épargne certainement Jean-Marc Furlan, placé en première ligne au regard de son bilan famélique - désormais treize points en autant de rencontres - ces dernières semaines. A la mi-temps, alors que les Bretons rentrent aux vestiaires avec deux buts d'avance, son sort semble même scellé. Le coach, détendu comme jamais à la veille de cette rencontre cruciale, a pourtant cru déceler des signes de révolte l'autre vendredi en Corse. « Les joueurs ont donné toutes leurs forces, ils ont marqué leur adhésion au staff technique », a-t-il encore répété jeudi après-midi, en référence au nul accroché à Bastia (1-1). Il faut croire que ses hommes ont oublié, hier soir, ce bel esprit de solidarité. En première période, en tout cas, Paisley et les siens paraissent résignés, sans âme, comme perdus sur une pelouse trop grande pour eux. « Nous avons été très médiocres car nous manquons de sérénité, analyse Furlan. Le contexte est agité autour du club, les joueurs se sentent dans l'obligation de monter en Ligue 1, la pression est d'autant plus forte sur leurs épaules. » Un Strasbourgeois profite allègrement de cette apathie. Alharbi El Jadeyaoui, l'enfant de Cronenbourg, vient concrétiser l'emprise finistérienne sur les débats. Groggy, le Racing explose complètement quand le jeune Alain Traoré pousse Pelé à la faute puis contraint Paisley à marquer contre son camp. A ce moment précis, les actions de Furlan sont au plus bas. Mais comme à Bastia, le technicien redonne corps à son groupe durant la pause. « J'en ai appelé à l'honneur, au courage, à la solidarité », indique-t-il. En un quart d'heure exactement, les Strasbourgeois parviennent à renverser la vapeur. Marcos, meilleur Strasbourgeois hier soir, évite que la Meinau ne se retourne définitivement contre son équipe en expédiant sèchement une balle dans le but de Lachuer dès le retour des vestiaires. Cette réduction du score, cinquième réalisation du Brésilien cette saison, remobilise les Alsaciens. D'un coup d'un seul, ils retrouvent allant et envie. Les hommes de Gérald Baticle, toujours regroupés en défense, commencent à vaciller sur leur socle. Shereni redonne espoir et un sens à la cause défendue par Jean-Marc Furlan en décochant une lourde frappe dans la lucarne du gardien finistérien.
Le caractère ne suffit pas. Il va falloir renouer avec la victoire
Il reste alors près d'une demi-heure à jouer et le Racing semble disposé à inverser la tendance. « Heureusement que l'on a retrouvé nos esprits, parce qu'il restait encore beaucoup de temps, reconnaît Baticle, l'ancien avant-centre strasbourgeois. Mais au final, on a beaucoup de regrets. Notamment celui d'avoir redonné espoir au Racing en commettant une grosse faute dès la reprise. » La bonne volonté ne manque pas, côté alsacien, mais les actions franches se font rares. Dans un brouillard de plus en plus épais, les Alsaciens dispersent leurs dernières forces. Il est trop tard. Encore trop tard. Le « caractère » mis en exergue par Stéphane Cassard ne suffit pas. Vendredi prochain à Châteauroux, il va falloir renouer avec la victoire.
L'étoile du Brésil
Marcos a sauvé la mise. En éclaboussant de sa classe le secteur offensif strasbourgeois, l'attaquant brésilien a sauvé le Racing, friable en défense, d'une énorme déconvenue.
CASSARD (***) : dans les frimas de la Meinau, le portier n'a guère eu l'occasion de se réchauffer, livré à lui-même sur le premier but, trompé par un coéquipier sur le second.
SZELESI (***) : le Hongrois n'a pas démérité sur son côté, même si un El Jadeyaoui virevoltant lui a parfois causé quelques soucis. Le latéral a contribué à la révolte en décochant le centre décisif pour Marcos après la pause (47e). Remplacé par COHADE (69e), auteur d'une frappe croisée passée juste à côté.
PELE (**) : coupable, évidemment coupable, dans le demi-échec d'hier, le défenseur central est en quête de rythme et de repères et cela s'est vu sur le dégagement catastrophique qui a laissé s'esquisser le naufrage finalement évité hier (45e).
PAISLEY (**) : à l'instar de son voisin de défense, le capitaine n'a pas fait preuve d'une grande sérénité, alors que l'adversaire n'a jamais joué sur un mode très offensif. A relevé la tête dans la dernière ligne droite.
J.-A. FANCHONE (**) : il a subi l'inspiration de De Carvalho et son côté gauche n'a pas fleuré bon la tranquillité.
LACOUR (***) : poussif à l'entame, avec notamment une mauvaise relance (7e), le vice-capitaine a fait le job et plutôt bien par la suite. Le scénario de la rencontre lui a également imposé un repositionnement qui n'a pas semblé le perturber.
SHERENI (***) : s'il a d'abord tenté de donner du punch au milieu de terrain alsacien, le Zimbabwéen a disparu après un quart d'heure et quand la tempête s'est levée. Il a réagi après le repos et son but sauve sa partie.
DJA DJEDJE (**) : très intermittent, trop intermittent, la recrue du mercato n'a pas pesé sur les débats. Le transfuge de Grenoble a été globalement transparent. Remplacé par J. FANCHONE (69e).
MARCOS (****) : élégant et puissant, le Brésilien a été l'incontestable étoile alsacienne du soir. Toujours habile dos au but, il a décoché la première frappe cadrée locale (7e), a sans cesse cherché à créer le décalage et à déséquilibrer la défense bretonne. Son but, un plat du pied parfait, a relancé les affaires strasbourgeoises.
GARGOROV (***) : sa légèreté dans les duels interpelle toujours autant, mais le Bulgare a été courageux et n'a pas ménagé ses efforts. Son corner a conduit à l'égalisation, même s'il a eu du déchet dans les coups de pied arrêtés.
ZENKE (non noté) : remises ratées, contrôles trop longs et passes imprécises, le jeune Nigérian est passé à côté de son début de match. Jean-Marc Furlan ne lui a pas donné l'occasion de se racheter puisqu'il l'a remplacé par TRAORE (36e, ***) qui s'est démultiplié pour rechercher les intervalles, lancer les appels et participer aux duels.
Sébastien Keller