DNA a écrit :A bout de souffle
En dépit d'une débauche d'énergie inouïe, le Racing n'est pas parvenu à faire sauter le verrou lorientais. Hier soir à la Meinau, les hommes de Furlan ont quand même ravi le public et marqué un bon point. Ah ! si la réussite ne les avait fuis...
Sur les rotules. Les Strasbourgeois ont terminé, hier soir, la rencontre complètement occis. La langue pendue, les jambes lourdes, les idées troubles, ils ont achevé leur marathon estival, qui les a vu disputer leur septième rencontre en un mois. Avec 11 points au compteur, soit un de moins que les Merlus, le Racing peut quitter la pelouse la tête haute. Pour un promu, le tableau de marche est tenu. Pour s'en convaincre, il suffit de voir où en sont les deux autres ex-compagnons de L 2 : Metz à 9, Caen à 7 longueurs. Tout est dit.
Ça coulisse, ça pistonne, ça ripe dans tous les sens
Les Strasbourgeois avaient à coeur de basculer dans la trêve internationale de quinze jours sur une victoire. Ils se sont donc démenés. Peut-être comme jamais. Mais rien n'y a fait. Hier soir, ils sont tombés sur un os. « Question collectif, Lorient est l'équipe la plus consistante, assure Furlan. On a livré une partie d'échec. Mais pas seulement.Il y a eu de l'audace et de l'émotion devant les deux buts. » A travers Renteria et Gameiro, en tout début de partie, le Racing vient peser sur la défense des Merlus. Les hommes de Christian Gourcuff sont extrêmement difficiles à manier. Le quadrillage du terrain est méticuleux, chirurgical, la discipline quasiment martiale. Dans les tribunes, les spectateurs ne s'ennuient pas pour autant. Bien au contraire. En bas, c'est une leçon de jeu en mouvements qui est récitée avec la plus grande application. D'un côté comme de l'autre, ça coulisse, ça pistonne, ça ripe dans tous les sens. « Il n'y a peut-être pas eu de but, mais la rencontre était très agréable, poursuit Furlan. En termes de tactique, de technique et de stratégie, c'est notre match le plus abouti. »
Namouchi répond à Renteria
Saïfi l'enchanteur, celui qui pourrait vous éliminer d'un tour de passe-passe le défenseur le plus aguerri dans une cabine téléphonique, s'en donne à coeur joie. Les Alsaciens, eux, se reposent sur un milieu de terrain extrêmement dense, où Cohade et Rodrigo s'ébrouent comme de beaux diables. Au fil des minutes, la fatigue aidant, la vigilance se relâche doucement. Personne ne parvient à en tirer profit. Renteria, le meilleur buteur strasbourgeois, a au moins trois ballons brûlants au bout de son pied droit. Notamment en début de deuxième période. Mais à chaque fois, le Colombien ne trouve pas le cadre. « Compte-tenu des occasions concédées en 2e mi-temps, on s'en sort pas mal », reconnaît Gourcuff. Renteria pourra toujours regretter cette balle expédiée sur le poteau (68e'). A l'instar de Namouchi, qui lui a répondu en touchant le montant gauche de Cassard (81e') sur une tête presque fatale. Le manque de lucidité, en fin de partie, n'autorise plus d'espoir. Le Racing doit sagement se contenter de ce point. Un bon point, malgré tout.
Solide, malgré tout
Même s'il n'a pas empoché la mise, le Racing boucle son marathon de l'été invaincu à la Meinau. Il a maintenant quinze jours pour recharger ses batteries.
CASSARD (). - Une sortie décisive au pied devant le jeune Robert (3e) et puis le gardien strasbourgeois n'a guère eu à s'employer. Un match comme il ne les aime pas. Avec peu de sollicitations, mais beaucoup d'influx laissé dans ses dix-huit mètres.
SZELESI (). - Pour ses débuts à la Meinau, l'international hongrois a fait dans la sobriété, prenant de l'assurance au fil des minutes. Comme cette jolie montée à la 49e ponctuée d'une frappe contrée qui faillit surprendre Audard. Devrait monter en puissance quand il connaîtra mieux ses partenaires.
BELLAID (). - Une première mi-temps sans risque imposée également par le bon quadrillage lorientais. Il a ensuite haussé le ton avec deux interventions salutaires face à Jallet, dont on connaît la frappe de balle, puis aux dépens de Namouchi. Robuste et sérieux.
PAISLEY (). - Toujours une aussi bonne lecture du jeu. Le couvreur qui vous évite la tuile. A trois reprises au moins, l'ancien Troyen a réussi du bout du pied quelques gestes décisifs dans sa surface.
DOS SANTOS (). - Il a entraîné Marin, plus à l'aise sur les grands boulevards, dans l'impasse couloir gauche, sans se priver d'actionner souvent la fusée Mouloungui. Du solide !
RODRIGO (). - Il est des garçons dont on sait que même une scarlatine ne les cloueraient pas au sol. Le Brésilien fait partie de ceux-là et pour le Racing c'est un bien inestimable. Anticipation, jaillissement, dernier geste juste, Rodrigo, c'est l'homme qui tombe à pic.
COHADE (). - Et au milieu coule un torrent. Toujours en action, Cohade a touché de nombreux ballons. Dommage qu'il n'ait pas attrapé le cadre dans ses deux tentatives lointaines (60e et 63e). A ensuite perdu quelques ballons.
ABDESSADKI (). - Il a retrouvé ses galons de capitaine et dirigé la manoeuvre comme il sait le faire grâce à une vivacité technique au service d'une bonne vision du jeu. Mais cela n'a pas suffi à faire pencher la balance en faveur de la maison bleue.
GAMEIRO (). - Accrocheur, batailleur, toujours en mouvement, il a sans cesse offert des solutions. Il a confirmé son début de saison tout en confiance et en constance. Aurait mérité de scorer en récompense de l'investissement dont il a fait preuve. Remplacé à la 79e par Gargorov qui fut à deux doigts d'ouvrir le score sur son premier ballon touché.
RENTERIA (). - On est prêt à parier que le Colombien a les moyens d'inscrire une douzaine de buts en Ligue 1. Mais hier soir, Renteria a été touché par le syndrome Tum. Pas tant pour sa frappe sur le poteau (69e), seul face à Audard, que pour son manque de lucidité dans l'emballage final. Remplacé à la 90e + 2 par Abou.
MOULOUNGUI (). - On sent qu'il peut y avoir danger à chaque touche de balle de l'international gabonais. Ses prises de risque ont jeté le trouble dans la défense des « Merlus » et on l'a même vu à point nommé sur quelques points chauds... défensifs. Remplacé à la 86e par Mulenga.
Séb.K.
L'Alsace a écrit :Pris dans la nasse
Malgré un match intelligent et volontaire, le Racing n'a pas réussi, hier soir à la Meinau, à fissurer un bloc lorientais compact et parfaitement organisé (0-0).
« Lorient présente le jeu le moins conventionnel de la L 1 », disait vendredi Jean-Marc Furlan. Le moins conventionnel, on ne saurait dire. L'un des mieux organisés et des plus intelligents, sans doute. Car hier, le Racing n'a pas réussi à prendre dans ses filets des Merlus insaisissables. C'est même le contraire qui s'est produit. Pourtant, les hommes de Furlan ont eu l'intelligence de ne pas tomber dans le piège que leur avait tendu la troupe de Christian Gourcuff. Un FC Lorient campé sur ses bases, entre ses 40 m et les 40 m strasbourgeois, jouant en bloc indivisible sur une vingtaine de mètres. Les Bretons n'attendaient qu'une chose : que les Alsaciens se jettent à l'abordage. Ces derniers s'appliquèrent longtemps à faire sortir les Merlus de leur coquille. Ils n'y réussirent pas. Du moins pas dans une première mi-temps techniquement intéressante, mais totalement improductive – ou presque – entre deux équipes s'annihilant parfaitement. « C'était un match très stratégique, compliqué à gérer », analyse l'entraîneur bas-rhinois, « Les garçons ont fait preuve de beaucoup de lucidité. Malgré le 0-0, on a assisté à un match très spectaculaire. J'ai le sentiment d'avoir vu une belle rencontre face à l'équipe certainement la plus compétente que nous ayons affrontée. Face à un tel adversaire, la précipitation te met immanquablement en danger. »
Namouchi répond à Renteria
Ce n'est véritablement qu'après le repos que le Racing put enfin déstabiliser son adversaire. Grâce, entre autres, à la percussion d'un Kevin Gameiro aux jambes de feu ou à l'obscur travail tout en remise de Renteria. Le Colombien aurait mérité de couronner son match d'un but. Mais ni le poteau gauche d'Audard (68e), ni le gardien lorientais (80e) ne lui offrit le bonheur d'une 4e réalisation. Les Bleus auraient mérité d'ouvrir le score. Mais plus le temps passait et plus leurs jambes parurent lourdes. Et il n'en fallut pas plus à ces diables de Bretons pour sortir de leur boîte. Faisant le dos rond dans le gros temps, ces derniers n'avaient du reste jamais été submergés. Et Namouchi répondit au poteau de Renteria par une tête sur le montant de Cassard (81e) sur lequel le RCS faillit tout perdre. « Compte tenu des occasions concédées, on ne s'en sort pas mal », consent volontiers un Christian Gourcuff qui ne fait pas la fine bouche. « Nous avons montré des lacunes, liées à notre manque de fraîcheur. Mais après 7 matches, 12 points, ce n'est pas mal. Strasbourg a été à l'image que je m'en faisais. C'est une équipe joueuse, dynamique, animée par la volonté d'aller de l'avant, mais qui laisse des espaces que nous n'avons pas su exploiter, mais qu'elle pourrait payer sur certains matches. » Malgré deux points perdus à domicile qui remet au goût du jour « l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein » (Furlan), le RCS boucle son premier mois de compétition avec 11 points. « Si ça me satisfait ? A votre avis », sourit son coach, « Beaucoup de promus aimeraient avoir 11 points après 7 matches, d'autant que le public n'est pas dupe : ces points n'ont été récoltés ni dans la douleur, ni au forceps, mais avec beaucoup de compétence. Si je devais retenir l'un de ces sept matches, ce serait celui-là . C'est notre match le plus complet. » Une façon à peine voilée de sous-entendre que le verre est plutôt à moitié plein qu'à moitié vide. La Meinau, encore une fois charmée, ne le démentira pas.
23
Même s'il ne l'a pas emporté hier, le Racing a préservé une invincibilité à domicile vieille d'un an et demi. Son dernier revers à la Meinau, en championnat, remonte au 30 avril 2006 contre Nancy (1-3). Depuis, il a enchaîné 23 matches sans défaite devant son public (17 victoires, 6 nuls).
Gameiro s'affirme
L'attaquant strasbourgeois a été la grande satisfaction du match avec la charnière centrale du Racing, auteur d'une prestation de haute volée.
Stéphane Cassard (6,5) : son sauvetage dans les pieds de Fabien Robert a d'emblée rassuré ses coéquipiers (4e). Son poteau, qui a renvoyé la tête de Namouchi à la 81e, a fait le reste.
Zoltan Szelesi (6) : pour ses débuts avec le Racing, il s'est montré moins créatif que Guillaume Lacour, titulaire du poste depuis le début de la saison mais suspendu hier soir. Le Hongrois a joué sans fioritures et s'est bien fondu dans le collectif alsacien malgré un peu de déchet en fin de première mi-temps. Doté d'une belle frappe de balle qui, bien que contrée, a donné des sueurs froides à Audard. A tout de même « oublié » Namouchi sur la plus grosse occasion lorientaise, heureusement sans conséquence.
Habib Bellaïd (7,5) : encore une excellente prestation. A eu le don de rendre invisible Rafik Saïfi et Fabien Robert, ce qui a valu à ce dernier d'être remplacé dès la 50e. HautcÅ“ur et Bertrand Robert n'ont pas eu plus de réussite face au mur alsacien.
Gregory Paisley (8,5) : appelez-le « Monsieur » Paisley. Son placement et sa technique irréprochables ont été une véritable cause de découragement pour l'attaque lorientaise, privée il est vrai de son homme en forme, Marama Vahirua.
Manuel Dos Santos (6,5) : Nicolas Marin ne lui ayant posé que peu de problèmes, il a constitué à loisir une rampe de lancement pour Eric Mouloungui. Son centre-tir, à la 25e, a manqué de surprendre Audard. Statique sur le centre de Jallet pour Namouchi (12e).
Renaud Cohade (6) : avec son kilométrage illimité, il a été la précieuse interface entre l'arrière et l'avant, permettant de briser par moment l'efficace pressing breton. Moins pertinent en seconde période sur ses frappes, rarement cadrées, et ses choix offensifs.
Rodrigo (7) : empêcheur de « contrer en rond », il a souvent désorganisé les offensives lorientaises avant de lancer les contres strasbourgeois. Son travail devant la défense est un véritable régal.
Kevin Gameiro (7) : un gros travail de premier défenseur sur son côté droit. Aurait puse montrer moins altruiste en fin de première mi-temps. Beaucoup plus percutant en seconde période, où sa déviation pour Renteria (68e) aurait mérité meilleur sort. Remplacé à la 79e par Gargorov, qui aurait pu marquer dès son premier ballon.
Yacine Abdessadki (6,5) : surveillé comme le lait sur le feu, le maître à jouer strasbourgeois n'a pas pu affoler la défense adverse comme à son habitude. Mais son apport dans la récupération a encore été considérable.
Wason Renteria (6) : de nombreux appels et décrochages, de judicieuses déviations qui n'ont pas été payées en retour en première mi-temps. Manque trois balles de match, dont un face-à -face devant un excellent Audard qui s'achève sur le poteau (68e). Remplacé par Abou (92e), il a fini avec des crampes.
Eric Mouloungui (6) : ses accélérations ont fait souffrir Jallet et Marchal, mais a souvent pêché dans la dernière passe pour quelques centimètres. Remplacé à la 86e par Mulenga.
Stéphane Godin
Réactions
Jean-Marc Furlan (entraîneur du Racing) : « J'ai le sentiment d'avoir vu une belle rencontre. Lorient est l'équipe la plus consistante et la plus forte sur un plan collectif. C'est le match le plus complet qu'on ait réalisé jusqu'à présent. Je suis fier de mes joueurs ce soir. On a vu, je le répète, un match agréable, spectaculaire même, malgré le 0-0. On est toujours dans le concept de verre à moitié vide et à moitié plein avec ce genre de résultat. C'est difficile de s'en satisfaire. Mais c'est le projet d'ensemble qui compte. En ce qui nous concerne, c'est le maintien. Avec le mois d'août, on a fait 20 % du championnat. »
Manuel Dos Santos (défenseur du Racing) : « On avait à cÅ“ur de réussir notre début de saison. Voilà , c'est fait, mais c'est vrai qu'on est très fatigué. Ça s'est vu dans les vingt dernières minutes. Cette équipe lorientaise a été très bien organisée du début à la fin. C'est usant. D'ailleurs on a souffert et on aurait pu prendre un but en fin de match. Les quinze jours de pause vont nous faire beaucoup de bien. »
Stéphane Cassard (gardien du Racing) : « On est forcément déçu, on méritait de gagner contre une belle équipe de Lorient. C'était un très beau match ce soir. Je crois qu'on a pris un bon point au final. On voulait finir ce premier chapitre de championnat avec une victoire, mais ce n'est pas la fin du monde. On est 8e, c'est bien. On a été solide défensivement. On va décompresser un peu et reprendre lundi. Ca va nous faire du bien après autant de matches en un mois. »
Christian Gourcuff (entraîneur de Lorient) : « On ne s'en sort pas mal parce que l'on était en dessous physiquement et que l'on n'a pas su exploiter les espaces qui se sont créés en fin de rencontre. On a eu de la difficulté à aller de l'avant, on s'est montré trop approximatif pour avoir de l'emprise sur le match. On voit que l'on a aucune marge de manÅ“uvre quand on manque de fraîcheur ».