Gmamdia sort du bois
Aussi discret qu'effacé, dans la vie comme sur le terrain, Haikel Gmamdia a enfin signalé sa présence. Le jeune Tunisien devrait être associé à Pagis, samedi à Nancy.
Gentil et poli. Voilà les deux attributs qui viennent instantanément à l'esprit quand apparaît, dans l'embrasure d'une porte, le visage poupon et souriant de Haikel Gmamdia. On est peut-être loin de l'image du « chasseur de buts » froid et déterminé que Jacky Duguépéroux dépeignait, cet été, à son arrivée. Mais ce garçon-là inspire la sympathie.
Trop, certainement, pour l'engueuler et le pourrir à longueur de journée. Son air nonchalant et son manque d'implication à l'entraînement auraient pourtant dû faire sortir n'importe quel entraîneur de ses gonds.
D'une patience infinie à son égard, « Dugué » l'a longtemps préservé. Ses rares apparitions sous le maillot bleu sont pourtant source de dépit. Pas une passe, pas une frappe appuyée, pas même une ébauche d'envie, Gmamdia est désespérant. L'entraîneur lui-même se lasse. Jusqu'à ne plus le convoquer.
C'est à Rome que Gmamdia retrouve la lumière
Drôle d'oiseau, quand même, que ce Gmamdia. Complètement transparent à Strasbourg, où il traverse la fin de l'été puis l'automne comme une âme en peine - mais avec le sourire ! -, il revit dès qu'il franchit la Méditerranée. Là -bas, en sélection, le Tunisien enfile des buts comme d'autre des perles. « Ça prouve que Haikel a du talent », avance, navré, Duguépéroux qui ne compte plus sur lui.
Alors que le divorce à l'amiable semble doucement se profiler, Gmamdia est relancé de manière abrupte. Et pas n'importe où. En proie à de gros soucis d'effectif, le technicien alsacien est contraint de l'emmener au Stadio Olimpico de Rome, le mois dernier, pour une titularisation au côté de Diané. Passeur, sur le but de Bellaïd, il contribue à la qualification de son équipe en 16e de finale de la Coupe UEFA.
On le revoit dans la foulée à la Beaujoire - sous son mauvais jour - en fin de match quand son équipe coule à pic (3-4). Samedi dernier contre Sochaux (0-0), l'international est titulaire. Même s'il n'a guère l'occasion de briller, faute de ballons exploitables, Gmamdia sort enfin du bois. Au grand étonnement d'un public qui découvre là un attaquant rapide et incisif. Il était temps...
« Il faut que je marque. Je n'en suis plus très loin »
« Je lui ai dit que c'était beaucoup mieux, affirme Duguépéroux. Il a fait les efforts nécessaires, aux autres aussi, et moi en particulier, de s'adapter. A deux ou trois reprises, il aurait mérité d'être servi plus vite. Mais bon. Tout cela demande encore confirmation. S'il poursuit sur sa lancée, je le vois bien débuter au côté de Pagis à Nancy. »
Revenu en grâce aux yeux de son entraîneur, Gmamdia espère rapidement rendre la confiance nouvelle qui lui est accordée. Le meilleur moyen est assurément d'ouvrir rapidement son compteur but. « Oui, c'est ça, il faut que je marque, sourit-il. Je sais que je n'en suis plus très loin. Je commence à trouver mes repères après tous les moments difficiles que j'ai traversés. »
Si ça se trouve, Haikel Gmamdia sera l'homme de cette fin d'année. A Nancy, samedi, puis contre l'Etoile Rouge de Belgrade et Marseille, le « chasseur » a l'occasion de faire parler de lui. Et pas seulement pour sa gentillesse et sa politesse légendaires.