En cinq mois, Jacky Duguépéroux a su transfigurer une équipe engoncée dans ses doutes. Devenus « joueurs » et entreprenants, les Bleus abordent désormais les difficultés sans peur ni reproche. Et ça marche !
La scène se passe mercredi matin, sur la pelouse annexe de la Meinau. Au sortir d'une phase de jeu banale, Yacine Abdessadki et Karim Hagui en viennent aux mains. Le pugilat, court mais virulent, est interrompu par l'intervention de leurs coéquipiers.
Jacky Duguépéroux, qui assiste à la scène, n'en fait pas une montagne. A la veille de la venue du PSG, l'épisode prête même à sourire. « Oui, oui, les gars sont tous très motivés, parfois même un peu trop ! », ironise alors le technicien strasbourgeois.
Appelé au chevet d'une équipe exsangue, en octobre dernier, le champion de France 1979 - pas réputé pour être un tendre en son temps - a su jouer sur la fibre belliqueuse. Celle qui sommeille en tout sportif de haut niveau, qu'il soit footballeur, boxeur ou lanceur de marteau.
« Vrais compétiteurs »
« A l'entraînement, il y a toujours quelque chose à gagner, dit-il sans détours. Ce qui me parait important, c'est de cultiver la haine de la défaite. Que ce soit en match ou à travers des petits jeux durant la semaine. C'est comme ça que les gars deviennent de vrais compétiteurs. »
Des vrais compétiteurs, les Strasbourgeois en ont actuellement tous les attributs. En dépit d'un trou d'air en début d'année - deux défaites et autant de nuls -, Pagis et les siens ont su redresser la barre. Et pas seulement en « musclant » leur jeu. Il faut croire que la victoire en demi-finale de la Coupe de la Ligue contre Saint-Etienne (1-0) a servi de détonateur.
Depuis ce match plein, les Bleus ont en tout cas fait sauter la banque. Ils ont passé la bagatelle de huit buts à Caen et à Paris. Une furia offensive qui a régalé le public de la Meinau et conforté Duguépéroux dans ses choix.
« Une équipe joueuse »
« Actuellement, je peux me reposer sur une équipe qui est joueuse, souligne le Breton d'origine. Elle le fait avec beaucoup de coeur. Parfois, ça peut jouer des tours. Contre Paris, on a trop voulu en faire dans les dix dernières minutes. Une perte de balle nous coûte un but. On se doit de respecter le jeu jusqu'au bout. Je m'évertue à inculquer ça aux gars. Mais je ne suis jamais tranquille avant le coup de sifflet final ! »
Certes, le Racing a pris ses distances sur la zone de relégation - 15e avec trois points d'avance sur Ajaccio, premier relégable. Son fonds de jeu lui permet de revoir ses ambitions à la hausse. « Dugué » ne baisse pas pour autant la garde.
« Travail de longue haleine »
« Il faut constamment se fixer des challenges, poursuit-il. Là , on va essayer de recoller aux équipes qui ont 4-5 points d'avance. Mais je ne me berce pas d'illusions. Il suffit d'un faux pas à Nantes et de résultats favorables à nos adversaires pour qu'on se retrouve dans la même situation qu'il y a quelques semaines. Le maintien, c'est un travail de longue haleine. »
Avec un entraîneur comme Jacky Duguépéroux, la pression n'est pas prête de retomber. Et si les empoignades musclées à l'entraînement étaient finalement un gage de bonne santé ?
Jacky Duguépéroux a dû modifier ses plans, pour cette semaine d'entraînement. En raison des conditions climatiques et de la fatigue qu'il a ressentie chez ses troupes à Nantes, il a aménagé ses séances.
Sans oublier que la victoire est impérative samedi soir face à Ajaccio.
Les conditions climatiques actuelles ont-elles une conséquence pour vous et les entraînements ?
Oui, et c'est catastrophique. Par exemple, avant les entraînements, nous sommes obligés de déblayer la partie du terrain que nous utiliserons pour que le sol ne soit pas trop dur. Il ne nous reste que trois demi-terrains. Aujourd'hui (mardi), nous nous sommes contentés d'un travail en salle. Nous nous entraînerons toute la semaine en après-midi car il fait meilleur et les terrains sont un peu plus corrects que le matin. Ce n'est pas l'idéal mais nous n'avons pas le choix. Nous ne partirons pas faire un stage ailleurs car c'est partout la même chose. Nous pourrions aller 3-4 jours en Tunisie, par exemple, mais ce n'est pas l'idéal de faire un aller-retour si loin avant un match à Strasbourg. Peut-être la semaine prochaine, avant le déplacement à Nice.
Après le match à Nantes, vous sentiez vos joueurs fatigués. Allez-vous les ménager cette semaine ?
Est-ce une fatigue physique ou mentale ? Nous avons travaillé assez fort lors des trois dernières semaines, donc nous levons le pied cette semaine. D'autant que trois matches costauds en deux semaines viennent après. En fait, j'ai réparti les charges de travail différemment. A l'arrivée, il n'y aura pas beaucoup de différences.
Après cette défaite, votre discours est le même qu'il y a quelque temps…
Oui, nous sommes dans la même configuration qu'avant Caen. Nous ne sommes toujours pas à l'abri d'une contre-performance à la maison. Le jour où nous perdrons chez nous et comme nous ne sommes pas capables de resserrer les boulons à l'extérieur, nous le paierons cash car les autres prennent des points en déplacement. On l'a encore vu ce week-end avec Caen et Istres. Ce qui est embêtant, c'est que nous avons l'art de relancer nos adversaires. Peut-être qu'en déplacement, nous n'avons pas la même volonté de gagner. Nantes, samedi, a joué son football et nous, de notre côté, nous n'avons pas pris conscience du coup à réaliser. Le seul problème, pour moi, est un manque de rigueur. Que l'on a à domicile mais pas à l'extérieur. Nous devons être plus compétiteurs hors de la Meinau.
Jacky Duguépéroux attend avec impatience la première victoire du Racing à l'extérieur.
Il l'espère à Nice, évidemment, en sachant que ses joueurs devront, d'abord, répondre présent au défi imposé par les hommes de Gernot Rohr.
A quel genre de match vous attendez-vous à Nice ?
A un match chaud. Jouer à Nice est toujours difficile. Les Niçois vont mettre beaucoup d'engagement dans cette partie. D'autant que la situation n'est pas évidente en ce moment pour eux mais il existe une grosse solidarité entre le coach et ses joueurs. Ils iront au charbon pour Gernot Rohr, j'en suis sûr.
Considérez-vous Nice comme un concurrent au maintien ?
L'OGCN n'est qu'à deux points de nous. C'est une des équipes qui joue pour le maintien, oui. On peut d'ailleurs considérer que nous sommes dans la même situation au niveau comptable. Mais, pour l'instant, tout les matches où il fallait donner un coup de collier pour respirer un peu plus, nous sommes passés au travers. Chacun sait où nous devons être meilleur. Nous devrons faire preuve de vaillance et de rigueur. De toute façon, il n'y a pas de recette miracle : il ne faut pas faire d'erreurs.
Ce déplacement est d'autant plus important que la semaine prochaine sera compliquée avec les venues de Monaco et Lyon, n'est-ce pas ?
Ce match peut être un match qui fera basculer vers le haut du classement. Il faut que nous sortions de cette zone dangereuse. Etre à quatre points du premier relégable n'est pas suffisant, selon moi. Encore moins avec le calendrier qui nous attend. La semaine prochaine, ce sont les deux meilleures formations françaises qui viennent à la Meinau. Il faut prendre des points à Nice ! C'est impensable de n'avoir pris que cinq points pour l'instant en déplacement.
Satisfait du point pris et du sérieux affiché par son équipe, samedi à Nice, Jacky Duguépéroux attaque la semaine sereinement.
Il sait que le Racing ne partira pas favori face à Monaco et Lyon. Autant jouer sans retenues, dit-il.
Quelle est votre analyse du match nul obtenu à Nice ?
Cela faisait longtemps que nous n'avions pas pris de point à l'extérieur. Je suis donc satisfait de mon équipe d'autant que nous avons réalisé un match sérieux, que nous avons été concentrés 90 minutes et nous n'avons pas été vraiment inquiétés. Avec toutes les absences, j'étais un peu inquiet mais les garçons ont répondu présent. C'est un bon point de pris.
Comment abordez-vous la semaine qui débute ? Deux gros matches attendent le Racing.
C'est une chance de jouer Monaco et Lyon dans la même semaine, chez soi. La notion de plaisir doit donc être présente. Encore plus que d'habitude, je dirais, même si, sur le papier, nous avons moins de chance de nous imposer. Nous sommes, sur ces deux matches, les outsiders. A nous de jouer sans retenues.
Qu'avez-vous pensé du match des Monégasques face à Auxerre, dimanche soir ?
C'est une équipe qui a été attaquée par tout le monde et qui a montré qu'elle avait de l'orgueil. Je crois qu'ils ne sont pas morts. Ils ont fait un très bon match à Auxerre. Ils vont venir à la Meinau pour prendre les trois points car leur objectif est la deuxième place. Nous sommes prévenus.
Après Monaco, Lyon. Le Racing accueille, ce samedi soir à la Meinau (20h), le leader du championnat de France. Un match haut-de-gamme, Jacky Duguépéroux le sait.
L'entraîneur est impressionné par l'armada lyonnaise mais pense qu'il y a un coup à jouer pour son équipe.
Que vous inspire l'équipe de Lyon ?
Lyon, c'est le top. Nous avons eu un avant-goût avec la venue de Monaco mercredi qui est une équipe expérimentée et avec une grosse qualité technique. L'OL, c'est une taille au-dessus encore. On a pu le voir contre le Werder Brême, c'est le top niveau européen. Mais Lyon n'est pas invincible non plus car Caen s'est imposé face à eux. Les Lyonnais sont au-dessus du lot en France mais il est possible qu'ils aient un coup de moins bien. Lyon possède une douzaine de joueurs capables de marquer. Et puis, il y a Juninho… Il y a certaines dispositions à prendre sur certaines phases de jeu.
Justement, y a-t-il un plan anti-Juninho ?
Contre Monaco, nous avons commis des fautes et nous leur avons offert des coup-francs bien placés. Contre Lyon, nous ne pouvons pas nous permettre ça. Il faudra être plus vigilant. Tout le monde sera attentif à ça. Mais Lyon est une formation habituée à jouer des gros matches. Partout où ils passent, c'est l'équipe à battre. C'est une grosse équipe avec des joueurs internationaux. Ils sont habitués aux grands rendez-vous, pas nous. Au-delà des individualités, l'OL est aussi un bloc.
Quel souvenir avez-vous du match aller, perdu 1-0 ?
Nous n'avions pas pu attaquer car ils ne nous ont pas offert l'opportunité d'attaquer, tout simplement.
C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches. Victor Hugo
Être riche, c'est avoir suffisamment de nourriture pour toute l'année Paysan Népalais
Tout ce qu'ils veulent c'est une France qui ferme sa gueule Dub Inc
... Je me comprend. Il est entraineur du Racing temporairement en ce moment, jusqu'à la fin de saison. Et si il arrive à maintenir le Racing, il le sera avec un contrat de 2 ans je pense.
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