Jacky Canosi

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Le RC Strasbourg a enchainé une troisième victoire consécutive en matches de préparation. Les joueurs ont confirmé leur bonne forme actuelle et ont inscrit 4 buts face aux Suisses de Aarau. Retour avec J.Canosi sur la victoire et sur les performances de l'équipe.

J.Canosi :

Cette victoire est dans la continuité des deux premiers matches de préparation. On attend des joueurs qui sont sur le terrain de faire les efforts et de ne pas tricher. Cette troisième victoire est importante pour continuer notre progression. Certaines choses sont à régler, on se met trop en danger en perdant das ballons dans notre propre moitié de terrain. On a constaté un plus au niveau de l'engagement et de la maitrise du ballon. On voit que les joueurs trouvent leurs marques et réalisent de bons enchainements offensifs. Le match de mercredi sera d'un autre calibre et constitue un bon élément pour se jauger. On va davantage aborder ce match dans une configuration de match officiel, pour se préparer mentalement pour le premier match de Coupe de la Ligue.

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« Au jour le jour »

Jacky Canosi reprend ce matin l’entraînement à la tête du Racing.

– Pourquoi avez-vous décidé de prendre l’équipe en mains ?
– Je recevais beaucoup de coups de fil des joueurs. La semaine dernière, j’ai donc envoyé un mail à Jafar Hilali, qui a accepté que je m’occupe de la reprise. J’ai rappelé tous les joueurs et ils ont répondu présent. Comme ils sont encore sous contrat, c’est dans leur intérêt de venir.

– Est-ce difficile de mobiliser les joueurs avec la situation actuelle du club ?
– On vit au jour le jour. Aujourd’hui, je me dis “on va faire comme si…”. On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise, de l’arrivée d’un repreneur. J’ai fait un programme de reprise avec le staff. Je me suis basé sur la préparation prévue par Laurent Fournier. On va travailler jusqu’à lundi à raison de deux séances par jour. D’ici là, j’espère qu’on en saura plus. Si ça repart, tant mieux, les joueurs seront prêts. Sinon, on aura fait notre boulot. Après, c’est sûr que cette attente, c’est déstabilisant pour tout le monde : les joueurs, les employés…

– Que pensez-vous de votre effectif ?
– J’ai 22 joueurs, dont 9 jeunes du centre de formation. L’effectif ressemble à celui du début de saison de l’année dernière. Il y a de la qualité, mais pour jouer le haut de tableau, il faut de l’expérience. Si on prend ce groupe et qu’on y ajoute Sikimic, Noro, Ledy et Pichot, ça devient intéressant.

– La préparation de la saison n’a-t-elle pas déjà pris trop de retard ?
– Non. On est dans les temps. Il y a trois semaines jusqu’au match de Coupe de la Ligue (face à Boulogne, le 22 juillet) et cinq semaines avant le début du championnat. Le souci, ce sont les matches amicaux. Celui du 6 juillet face à Metz devrait être maintenu, Celui du 13 juillet face à Sochaux est annulé. Je suis en contact avec Besançon (National) et l’ASIM pour trouver d’autres dates.

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Canosi pare au plus pressé

L’entraîneur intérimaire est comme son staff et ses joueurs : dans l’incertitude. Un flou qu’il appelle sa direction à dissiper au plus vite.

Jacky, comment préparez-vous cette avant-saison alors que vous n’avez aucune visibilité sur l’avenir ?

Jusqu’à lundi, nous allons nous entraîner sur le terrain, avec un footing en forêt ce jeudi matin. Après, ce sera au jour le jour. Ça l’est déjà en fait. J’ai envie d’être fixé rapidement et j’ai surtout envie que les joueurs soient tenus au courant. Certains sont dans l’attente et je ne souhaite pas qu’ils le restent. J’ai connu ça quand Dijon a mis la clef sous la porte. À l’époque, j’ai eu l’opportunité de rebondir à Nancy. Avec Laurent (Fournier, l’ex-coach parti à Auxerre), j’ai passé une très bonne année avec eux, basée sur le respect. Je veux les respecter. J’espère que les gens censés prendre les responsabilités dans le club les prendront. Ce mercato est compliqué. Il va y avoir plus de joueurs au chômage ou inscrit aux stages UNFP (1). Je ne prendrai pas la responsabilité de faire attendre les joueurs et le risque que les offres dont ils font l’objet leur filent sous le nez.

Comment comptez-vous les garder mobilisés ?

Ils doivent se comporter en pros, dignement comme la saison dernière. Je leur ai dit que leur intérêt était de ne pas gâcher leur image pour trois ou quatre jours d’attente où ils pourraient faillir à leurs obligations.

Et votre avenir personnel ?

Je suis un bon soldat. J’ai un an de contrat et j’attends. J’ai demandé à Jafar Hilali l’autorisation d’assurer la reprise de l’entraînement. Maintenant, si on me dit définitivement : « Tu prends l’équipe », je la prendrai. Si un repreneur arrive et a envie de travailler avec moi, je resterai. Mais si ce n’est pas le cas, tant pis. Je ne m’accroche pas. Je ne suis pas là pour pleurer sur mon sort, mais pour faire mon métier, un métier que j’aime.

Qu’attendez-vous de vos dirigeants s’ils ne trouvent pas de solutions ?

À un moment, il faut avoir le courage de dire : « Le club ne peut plus. » Je ne pense pas seulement aux joueurs, mais aussi aux salariés sous pression dans les bureaux et qui auront peut-être encore plus de mal à retrouver un emploi. Tout le monde doit savoir au plus vite ce qui l’attend.

Quid des matches amicaux ?

Si je n’ai pas de réponses concrètes de ma direction, je les annulerai. On ne va pas aller jouer le 6 juillet à Saint-Avold contre Metz ou un peu plus tard à Hésingue contre l’ASIM si aucun budget n’est prévu pour le bus, les repas, etc. Je ne vais pas demander aux gars de prendre leurs voitures personnelles pour se déplacer. Je ne le ferai pas personnellement et je ne l’exigerai pas d’eux.

(1) Union nationale des footballeurs professionnels.

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« Besoin de réponses »

Alors que la situation du Racing n’est pas loin d’être inextricable, Jacky Canosi a demandé à ses joueurs de se montrer professionnels jusqu’au bout. L’ancien adjoint de Laurent Fournier attend néanmoins d’être fixé sur son sort au plus vite.

Depuis plus d’une semaine qu’ils ont repris le chemin de l’entraînement, Jacky Canosi et son groupe sont passés par tous les états. Les Strasbourgeois attendent demain pour être (enfin ?) fixés sur leur sort.

– Dans quel état d’esprit avez-vous retrouvé votre groupe à l’entraînement après l’annonce de la DNCG ?

– Hier (vendredi), j’ai vu des gars abattus et c’est logique. Mais aujourd’hui (hier), je les ai trouvés lucides et mobilisés. L’entraînement d’aujourd’hui (hier) était un peu à la carte. Je ne vais pas mettre en place des séances où les joueurs risquent de se blesser, alors qu’ils peuvent être amenés à faire des essais ailleurs. Même si le club est dans une situation délicate, il faut rester sérieux et lucide.

– Ne craignez-vous pas que le vestiaire explose et que chacun pense à ses intérêts personnels alors que le club est plus que jamais au bord du gouffre ?

– J’ai affaire à des pros. J’ai un groupe gentil, dans le sens noble du terme. J’ai demandé aux joueurs de se comporter comme des professionnels jusqu’au bout, pour ne rien avoir à se reprocher. On a d’ailleurs un entraînement prévu lundi matin. D’ici là, je leur ai dit de profiter du week-end, de se changer les idées. La relation de confiance que nous avions construite avec Laurent Fournier existe toujours. Je reste dans ma logique. Je ne leur raconterai pas d’histoires. Je veux rester honnête avec eux. Si dans un an je dois en recroiser, je veux pouvoir les regarder dans les yeux. Ils ont été très patients et c’est tout à leur honneur. S’il y en a qui ne doivent pas être pointés du doigt, ce sont les joueurs.

– Justement, on imagine aisément qu’ils souhaitent être enfin fixés…

– Les gars comprennent la position des repreneurs, mais ils ont une famille, une carrière à mener… Il y a toujours un esprit de solidarité entre eux. Chacun se soucie de ce que va faire l’autre, s’il sera en difficulté ou s’il pourra rebondir dans un autre club. Ils ont évidemment besoin de savoir, d’avoir des réponses rapidement. Ce n’est pas un secret, ils sont sollicités par d’autres clubs. Les téléphones de leurs agents ont dû chauffer depuis la décision de la DNCG et c’est tout à fait normal.

– Vous êtes une fois de plus condamnés à attendre…

– Nous sommes encore obligés de subir pendant 48 heures. On était déjà au jour le jour depuis plusieurs semaines. On verra lundi les intentions des uns et des autres (les dirigeants et les repreneurs, ndlr). Après, ce sera à eux d’assumer leurs décisions et de répondre aux questions du groupe.

– Qu’attendez-vous de la journée de demain ?

– Je ne sais pas si Sébastien Graeff sera présent à la Meinau lundi, mais Jacky Kientz va expliquer à tout le monde les motivations de la DNCG et si un recours devant le CNOSF sera formulé. C’est pour cela que j’ai demandé à tous les joueurs d’être présents, afin qu’ils puissent être au courant et se faire leur propre opinion. Ce sera dur de les faire patienter plus longtemps et chacun va étudier son cas personnel.

– Qu’en est-il de leur situation contractuelle et de celle du staff ?

– On ne sait pas s’il y a un effet suspensif en cas de recours devant le CNOSF et si nous serons encore sous contrat (en cas de dépôt de bilan, tous seraient automatiquement libres). Certains disent que oui, d’autres non. Des représentants de l’UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels) seront à Strasbourg lundi pour répondre à ces questions. Nous aurons donc des réponses concrètes. Si les joueurs sont libres, on ne pourra plus rien faire et c’est logique. Je ne pourrai qu’être solidaire avec eux. Personnellement, j’ai encore un an de contrat. J’ai eu quelques approches et j’ai moi aussi besoin d’avoir des réponses.

Propos recueillis par Simon Giovannini