Dans le rétro - La victoire en 1997, un des sommets de la carrière de Valérien Ismaël Le mont de Valérien
Pour Valérien Ismaël, ici lors de sa dernière saison au Racing en 2002, la Coupe de la Ligue 1997 « fait partie des souvenirs qui restent gravés à jamais ».Valérien Ismaël n’a pas oublié le premier trophée qu’il a remporté chez les professionnels, qui plus est avec le Racing, son club formateur. Cette victoire en Coupe de la Ligue, en 1997, reste un moment à part dans sa carrière.
À l’autre bout du fil, la voix est posée, le ton serein. Comme pouvait l’être déjà, un soir d’avril 1997, le jeune (21 ans) Valérien Ismaël au moment d’aller frapper le quatrième tir au but strasbourgeois en finale de la Coupe de la Ligue. Bordeaux avait un but d’avance et le Strasbourgeois n’avait pas flanché pour remettre son Racing à hauteur, avec un petit chambrage mains derrière les oreilles au passage.
« Faire partie des tireurs, c’est une situation que j’aimais, éclaire-t-il deux décennies plus tard. Aller vers le ballon, dans un stade (le Parc des Princes) plein, c’est un moment important qui procure une grosse motivation. Je savais comment je voulais le tirer : assez haut, assez fort. »
« On avait l’ambition de faire quelque chose de grand »En verve tout au long de la séance fatidique, le portier girondin Gilbert Bodart ne pourra rien faire sur cet intérieur du droit en pleine lucarne. Le défenseur devra encore patienter quelques minutes dans « ce final à rebondissements » avant la délivrance sur l’ultime essai victorieux de Stéphane Collet.
Ce premier trophée sonnait, aussi, comme une petite revanche, deux ans après avoir été écarté au dernier moment, avec Olivier Dacourt, du groupe qui allait s’incliner en finale de la Coupe de France contre le PSG.
Mais avant tout, le Bas-Rhinois considère que cette première Coupe de la Ligue tombée dans l’escarcelle du Racing est venue récompenser toute une génération issue du centre de formation – celle des Dacourt, Roth, Keller – dont il faisait partie. Et Ismaël n’oublie pas non plus d’y associer Martin Djetou et Danielo Pierosara qui avaient quitté le club à l’orée de la saison 1996-1997.
D’ailleurs, ce mélange entre la fraîcheur des néo-pros et l’expérience des Nouma, Baticle, Raschke, Zitelli et consorts a été l’une des clés de la réussite d’un exercice achevé à quatre points du podium de ce qu’on appelait encore la Division 1.
« On avait l’ambition de faire quelque chose de grand, de marquer l’histoire du club. On voulait aller au bout des choses, reprend Valérien Ismaël. Pour beaucoup d’entre nous, il s’agissait de notre première finale. C’était particulier mais on est resté décontracté. Il y avait de la concentration mais on continuait à blaguer. On était sûr de notre force, on voulait rester nous-mêmes. » Avec le succès que l’on connaît.
C’est donc à l’issue d’un « match pas spectaculaire mais d’une séance de tirs au but exceptionnelle, digne d’un film », que le Racing a regoûté au succès, 18 ans après son titre de champion de France. Pas anecdotique, ni pour les supporters, ni pour les minots du club.
« Le Racing est un club particulier, qui s’est toujours relevé »L’Alsacien a eu le temps de connaître d’autres joies durant sa riche carrière. En 1999, il remportait à nouveau la Coupe de la Ligue, cette fois avec le RC Lens, dans un Stade de France rendu mythique par la bande à Zidane à l’été 1998. Et en Allemagne, deux doublés Coupe-Championnat, avec le Werder de Brême (2004) et le Bayern Munich (2006), sont encore venus enrichir un palmarès plus qu’honnête si on lui ajoute la Coupe de France soulevée avec le… Racing en 2001 !
Et pourtant, ce premier trophée conserve ce goût de l’inédit propre aux premières fois. « Cela fait partie des souvenirs qui restent gravés à jamais. Gagner avec son club formateur, dans la ville où tu es né, marquer l’histoire du club, c’est une grande fierté, insiste celui qui, de temps en temps, tient le rôle de consultant outre-Rhin sur Eurosport ou Sky Deutschland. En 2001, avec les problèmes internes et la relégation (en D2) , les émotions étaient moins fortes. Surtout que notre victoire en Coupe de la Ligue a été suivie d’un joli parcours européen (*).»
Connaître cette extase, c’est tout le mal que souhaite le quadragénaire à ses lointains successeurs dont il suit les résultats attentivement. Parfois, même, depuis la Meinau où il a tout le loisir d’observer « le travail fantastique » abattu par Marc Keller et son équipe ainsi que par Thierry Laurey.
« Le Racing est un club particulier, qui s’est toujours relevé et qui a un capital sympathie, estime celui qui esquive le jeu des comparaisons. À l’époque, on avait quelques joueurs revanchards, des noms reconnus. Les individualités étaient plus fortes alors qu’aujourd’hui c’est avant tout un collectif. Je leur souhaite d’aller chercher cette qualification européenne. »
Invité au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, Valérien Ismaël ne pourra être présent en tribune ce samedi. « Ça aurait été fantastique mais j’ai dû décliner pour des raisons privées. » Ce qui ne l’empêchera pas de vibrer derrière son écran.
(*) Élimination en 8es de finale de la Coupe de l’UEFA contre l’Inter de Ronaldo après avoir sorti les Glasgow Rangers et Liverpool.