A pleins poumons ! Parti dans cette coupe d'Europe pour retrouver une confiance qui le fuit en championnat, le Racing s'en est gavé tout son saoul hier. En atomisant Graz au-delà du raisonnable et en retrouvant des sensations oubliées. Idéal avant le déplacement à Troyes. Enfin, c'était terminé. Enfin, il n'y aurait plus de courses dans le vide, de ballons à aller chercher au fond des filets. Enfin, le calvaire venait de prendre fin. Sur une note salée. 5-0.
Un moindre mal même, vu le nombre incroyable d'occasions strasbourgeoises sur cette rencontre.
« Une honte pour l'Autriche » « C'est une honte pour le football autrichien », se désolait ainsi Walter Schachner à l'issue de ce match à sens unique. L'entraîneur de Graz hésitait entre se pendre là , tout de suite, où faire courir ses joueurs derrière le bus jusqu'à l'aéroport pour leur faire passer le goût du pain.
« Il y a des semaines difficiles qui s'annoncent pour nous, fulminait-il. On n'a pas eu une occasion, on s'est fait balader comme à l'entraînement. Si déjà on ne joue pas, autant qu'on se batte. Quitte à prendre des cartons jaunes. Mais même ça, on n'a pas réussi à le faire ».
Mis sur orbite par Hagui Attendus au tournant après la gifle reçue samedi dernier ici même face à Toulouse, les hommes de Duguépéroux ont profité dans les grandes largeurs des errements terribles d'une équipe de Graz fantomatique.
Fantomatique et au-delà de ça, si c'est possible. Dépassée de la 1re à la 90e minute. Battue dans le jeu, dans les duels, sur les côtés, devant, derrière, dans l'envie et dans l'esprit par une équipe strasbourgeoise joueuse comme un éclat de rire.
A l'aller, les coéquipiers de Pagis avaient réussi le coup parfait (0-2). Au retour, ils se sont déchaînés après avoir été mis sur orbite par un Karim Hagui qui n'arrête décidément pas de marquer et qui a inscrit ce mercredi son troisième but en deux matches.
Cassard au repos forcé Menés 1-0 après moins de six minutes de jeu, les Autrichiens devaient scorer trois fois pour se qualifier. Ils ne s'approcheront jamais de la surface, mettant Cassard au repos forcé et abdiquant vite toute idée de révolte.
Ils en prendront même quatre dans la foulée, juste photo de l'écart de niveau entre les deux formations. Et sans quelques arrêts de Schranz, la valise aurait été encore plus lourde.
Perte de conscience En prenant l'avantage aussi tôt dans la partie, en pressant haut, en utilisant les espaces et en doublant le score juste avant le retour aux vestiaires, les Strasbourgeois ont en fait étouffé leurs collègues d'en face. Jusqu'à leur faire perdre conscience.
Idéal évidemment pour reprendre une confiance qu'on devinait envolée après les derniers revers. Pour l'attaque surtout, montrée du doigt depuis le début de saison et qui s'est réveillée hier après être sortie du coma samedi face à Toulouse dans le sillage d'un Alex Farnerud aérien.
« On en a pris plein la gueule » De quoi ravir Jacky Duguépéroux ? Oui et non. Oui bien sûr, mais un peu non quand même. Après le match, le coach était étonnamment remonté.
« Je suis content sans plus car ces derniers temps, on en a pris plein la gueule alors que, contre Toulouse par exemple, on perd sur deux buts entachés de hors jeu. Je suis prêt à fournir le DVD de la rencontre à qui veut, disait-il, sombre. Les joueurs ont bien réagi aux critiques et je suis fier d'eux. Il faut savoir mesurer les défaites et ne pas s'enflammer quand on gagne. »
Et d'ajouter, « on va peut-être dire que l'équipe de Graz était faible, mais je crois que c'est dû à notre très bonne prestation. En marquant très tôt, on leur a quasiment ôté tout espoir de qualification. On va travailler dans un contexte et un environnement plus calme, mais entre nous, ça s'est toujours très bien passé. A moins que je sois aveugle, le groupe vit très bien. On n'est pas si mauvais que certains l'ont dit ».
Le droit de savourerLe message est passé. Le groupe vit bien et maintenant, il gagne. C'était déjà le cas il y a quinze jours en Autriche. La victoire là -bas avait eu des effets visibles sur le moral des troupes et sur leur rendement. Contre Lens, Ajaccio et aussi Toulouse effectivement, même si les résultats n'étaient pas forcément au rendez-vous.
Cette fois, l'embellie devra se confirmer aussi sur le plan comptable. A Troyes dimanche, premier non relégable qu'on devine un peu inquiet. Mais on a encore le temps d'y penser.
Le Racing a gagné hier sa place en poule de qualification et le droit de savourer. Par les temps qui courent, ça n'a pas de prix.
Comme à la « récré » Face à une équipe de Graz complètement perdue sur la pelouse de la Meinau, le Racing s'est régalé. Comme des gamins dans la cour de « récré », les Bleus ont pris du plaisir à presser, oser, marquer. Une soirée rafraîchissante en ces temps difficiles. 
CASSARD : Il y a deux façons de voir les choses. Soit la défense strasbourgeoise a sorti le match en tout point parfait. Soit ce sont les attaquants qui ont oublié leur football en Autriche. Toujours est-il que le gardien strasbourgeois a passé une soirée des plus tranquilles. On notera quand même une sortie rassurante dans les pieds de Kollmann, au quart d'heure de jeu. Puis plus rien. Mais alors vraiment rien. Pas grave, ça fait du bien quand même.
DEROFF : L'arrière latéral n'a pas eu à forcer son talent pour contenir Amerhauser, peut-être l'un des Autrichiens le moins statique. Il a régulièrement apporté le surnombre dans le camp de Graz, sans pour autant se montrer décisif. Une partie proprette et rondement menée.
Boka régaleHAGUI : Le Tunisien est en forme olympique. Auteur d'un doublé samedi face à Toulouse (2-4), il a récidivé hier soir en ouvrant le ban d'une superbe tête plongeante (6e'). Contrairement au dernier match de championnat, il a su se montrer intraitable en défense. On ne peut guère lui en demander plus. C'est très bien comme ça.
KANTE : Au côté de Hagui, il a muselé la doublette de Graz, Bazina et Kollmann. Rapidement, il a pris confiance et s'est senti pousser des ailes. On l'a vu monter aux avant-postes, récupérer une balle dans la surface et se présenter, tel un attaquant de pointe, seul face à Schranz (12e'). Sa tête croisée (35e') rase encore le cadre. Très actif, à l'image de toute l'équipe.
BOKA : Hormis une intervention sur Amerhauser, en début de match, l'Ivoirien n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent, défensivement parlant. En revanche, il a arpenté dans ses grandes longueurs le couloir gauche. Auteur de l'ouverture qui amène le 2e but et du coup franc qui profite à Le Pen sur le 4e, il a apporté son écot offensif. Sa vitesse et sa force de percussion ont régalé le public de la Meinau.
La frappe de HosniLACOUR : Il s'est beaucoup dépensé dans l'entrejeu et a fait déjouer Demo, l'un des dangers potentiels du GAK. Il a été très actif en début de rencontre - à l'origine du premier but en provoquant le corner - avant de lever progressivement le pied. Remplacé par JOHANSEN (63e') qui a vécu une fin de match en roue libre.
P. FARNERUD : Techniquement, le Suédois est une pointure. Capable d'alterner jeu court et long, des deux pieds, il a repris confiance après un début de saison en dents de scie. Auteur du 3e but, son tout premier sous le maillot strasbourgeois, Pontus est à nouveau dans le coup. Une bonne nouvelle, ça.
HOSNI : « Ma saison commence contre Graz », avait déclaré l'Egyptien en début de semaine. Celui qui avait écopé de trois matches de suspension n'a pas déçu, même si la faiblesse de l'adversité doit relativiser sa performance. Son but, en revanche, ne doit rien à personne. Une certitude, la recrue a un sacré pied droit.
Le bonheur de Le PenLE PEN : Il s'est dépensé sans compter, sur tout le front de l'attaque. Les Autrichiens ne sont jamais parvenus à le contrer et il a pu distribuer de bons ballons à la pelle. Récompensé de ses efforts avec sa réalisation, la 4e de la soirée. Son bonheur retrouvé fait plaisir à voir.
A. FARNERUD : En manque d'efficacité, le cadet des frères Farnerud a rattrapé le temps perdu. C'est lui qui dépose la balle sur la tête de Hagui, sur corner. On le retrouve à la conclusion, d'une petite balle placée de l'extérieur du pied gauche, pour le 2e but. Après la pause, il tente encore une balle piquée et deux frappes enroulées. Remplacé par ARRACHE (75e') dont le centre tendu permet à Le Pen de reprendre en force de la tête. Sans succès.
PAGIS : Le capitaine s'est créé quelques occasions, mais il a toujours trouvé un tibia ou un dos sur son chemin pour contrer le ballon. Impliqué sur le premier but, il a ensuite permis à ses équipiers de briller, en monopolisant les défenseurs autrichiens. Remplacé par GMAMDIA (59e'), à la vitesse intéressante mais au placement encore incertain.
Des frangins à l'unisson Les frères Farnerud ont sorti le grand jeu. Auteurs d'un but chacun, Alex et Pontus ont apporté leur écot au large succès strasbourgeois. Surtout, les duettistes ont retrouvé confiance. De bon augure pour la suite...
L'un traînait sa peine sur les terrains d'entraînement ou sur le banc, affichant un sourire triste mais poli. L'autre commençait à essuyer les critiques en raison de son manque d'efficacité devant le but adverse, tête basse et regard froid.
Pontus et Alex Farnerud, dans cet ordre-là , ont traversé une passe difficile. Hier soir, les Suédois ont retrouvé la lumière qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Face à une équipe autrichienne rapidement à la dérive, les deux frères ont déroulé.
Dans l'entrejeu, Pontus a rappelé qu'il était doté de qualités techniques remarquables. Balle au pied, le blond est capable de tout faire, ou presque. Des longues transversales du pied gauche aux passes courtes, il a donné la bonne orientation au jeu strasbourgeois.
Alex, lui, a mis la défense autrichienne au supplice. Au côté de Pagis, le cadet de la fratrie a rendu chèvre les Sonnleitner et Ehmann, défenseurs devenus lourdauds face à la vitesse du « rouquin ».
« Pontus s'est senti obligé » Mieux, les Farnerud ont fini par trouver le chemin des filets. Alex a ouvert la voie, d'une petite balle bien dosée de l'extérieur du pied. « Ça fait un petit moment que j'attendais ce moment-là , sourit celui qui a inscrit son 8e but sous le maillot alsacien. C'est bien pour moi, pour l'équipe aussi. Et pour Pontus, qui a marqué après moi. Je crois qu'il s'est senti obligé ! Lui qui était en manque de confiance, ça lui a fait le plus grand bien. »
Assis non loin de son frère, devant les vestiaires strasbourgeois, Pontus revient sur sa réalisation personnelle, sa toute première sous le maillot bleu.
« J'ai eu un contrôle un peu hasardeux et j'ai vu la balle partir sur le côté, raconte-t-il. J'ai entendu le public gronder. Je me suis dit que même dans un angle plus fermé, il me fallait la mettre au fond. Comme je ne marque pas souvent, je suis super content. »
Vertus du groupe L'exploit individuel ne vaut rien sans la prestation collective. Et les Farnerud de recentrer le débat sur les vertus du groupe, entretenues depuis le début de semaine en stage à Reiperstwiller.
Les deux frangins s'accordent d'ailleurs à dire que la symphonie autrichienne tomberait à plat si elle était suivie d'un couac, dimanche à Troyes en championnat.
Hier soir, les Farnerud avaient déjà retrouvé le sourire. Le Racing, lui, devrait à nouveau pouvoir compter sur l'efficacité de son duo suédois. Pas la plus mauvaise nouvelle de la soirée, ça...
Et de 20 ! En atomisant les ex-champions d'Autriche hier soir, les hommes de Duguépéroux ont offert au Racing la vingtième victoire européenne (10 nuls et 16 défaites).
C'est la deuxième plus large après le 6-1 réalisé il y a dix ans tout juste contre le Tyrol Innsbruck, d'autres Autrichiens, déjà sous l'ère Duguépéroux.
A l'époque, le club strasbourgeois disputait la coupe Intertoto, qu'il allait remporter au terme d'une « finale » extraordinaire à Metz (2-0).
Marc Keller, l'actuel manager du Racing, avait inscrit un triplé lors de cette victoire.
VIDEO SURVEILLANCE. - Le système de vidéo-surveillance du Racing vient de se moderniser de façon conséquente. Désormais, ce sont 44 caméras, au lieu de 22, qui sont pointées sur toutes les parties du stade, y compris les caisses et les coursives, les soirs de match.
Un système ultra performant et dernier cri capable d'être piloté à distance par les stadiers. En cas d'incident, une télécommande permet en effet de braquer toutes les caméras du secteur sur le lieu du problème. Celles-ci étant reliées au commissariat de la police municipale.
C'est la Communauté urbaine de Strasbourg qui a financé ce système déjà en fonctionnement mais homologué fin octobre. Il en aura coûté près d'1 M€.
OBSERVATEURS. - Outre Alain Afflelou, déjà présent à Graz et qui s'était à nouveau déplacé pour cette rencontre de coupe de l'UEFA, le Racing pouvait compter sur le soutien de Franck Missy.
Grand amateur de foot, le sélectionneur de l'équipe de France de water-polo a apprécié en connaisseur la démonstration strasbourgeoise.
DEMAIN. - Entraînement à 10 h.
PROCHAIN MATCH. - Dimanche à 18 h à Troyes.
SUSPENDU. - Boka (1 match) à Troyes.